Il semble que l'on puisse en douter, à la lecture des derniers textes d'Etienne Chouard

Etienne Chouard, c'est l'homme qui a chamboulé le web il y a quelques mois avec son texte contre la Constitution Européenne. Il récidive aujourd'hui avec un journal de bord pour des institutions écrites par et pour les citoyens qui est tout aussi instructif et dont je vous recommande chaudement la lecture.

Je n'ai pas encore terminé de lire le document, mais j'ai déjà un certain nombre d'idées reçues qui ont volé en éclat dès les premières pages. Et je ne suis plus très sûr d'être aujourd'hui dans une démocratie, en France. C'est un ersatz. Une parodie orchestrée par les politiciens eux-mêmes, dans l'unique but de servir leurs intérêts personnels. Non, pas leurs intérêts financiers, je ne suis pas en train de dire "Tous pourris", mais leur intérêt idéologique. En effet, ils défendent avant tout leurs idées, plutôt que de représenter le peuple, ce qui était pourtant le contenu de leur mandat, lorsqu'on leur a confié.

En fait, le système d'élection tel que nous le connaissons est très imparfait et ça ne date pas d'hier. On sait que le vote blanc n'est pas comptabilisé et, par conséquent, qu'il nous oblige à faire des votes stratégiques. La dernière présidentielle était très éloquente, la moitié des français au moins ont été très embêtés pour faire un choix.
En réalité, ce qu'il faudrait, c'est voter pour des idées et non pas pour des hommes. Et régulièrement. Et là, on deviendrait un peu tous députés. J'avais caressé cette idée dans un article précédent, Etienne Chouard va plus loin, et propose même un outil pour y parvenir : DemExp.
Evidemment, cela pose énormément de problèmes et d'interrogations d'envisager la démocratie sous ce jour nouveau. Etienne Chouard répond à une partie d'entre eux, pas tous. Par exemple, comment arriver à faire passer une loi impopulaire mais nécessaire, si c'est le citoyen (qui la subit) qui doit l'entériner ? Augmenter les impôts, reculer l'âge de la retraire, régler un problème écologique urgent par des mesures drastiques... Qui voudra voter pour ça ? Les citoyens ont-ils tous assez de recul sur leur propre vie pour pouvoir faire ce genre de choix ?

Une deuxième idée qui a heurté mon esprit dans le texte de M. Chouard n'est pas vraiment de lui, mais d'un de ses lecteurs, qui nous explique la théorie des jeux, et son application dans l'économie moderne et libérale. Cela se résume ainsi :
A un jeu équitable, c'est toujours le plus riche qui gagne

Et effectivement, l'exemple est probant, et date d'il y a bien longtemps, c'est d'Alembert qui l'a prouvé.
A partir de ce constat purement mathématique et démontrable, on comprend bien vers quel mur économique nous allons, en plus du mur écologique dont j'ai déjà (trop ?) parlé ces derniers temps.

Fort de ces nouvelles billes dans mon sac d'idées et d'arguments, je vais attaquer 2006 avec la ferme intention de diffuser les principes de la décroissance au plus grand nombre aux trois ou quatre lecteurs de ce blog.
C'est ma bonne résolution pour 2006.

Commentaires

1. Le mardi, 27 décembre 2005, 09:58 par Le Monolecte

Il n'y a pas qu'Etienne Chouard. Nous sommes de plus en plus nombreux à douter du caractère démocratique de notre république. De droite comme de gauche, la plupart des hommes politiques sont issus de la même caste, ont fait les mêmes études et fondamentalement, défendent les mêmes intérêts. Du coup, comment s'étonner d'entendre Hollande défendre un certain réalisme économique qui revient à défendre le même modèle de société que celui qui est soutenu par ces prétendus ennemis? Du coup, quel choix, quelle représentativité pour tous ceux, très nombreux, qui subissent violemment la dictature économique et qui souhaitent que les priorités de notre organisation sociale changent?
Quelle signification dans le vote?
Quelle légitimité pour nos institutions?
Quelle représentativité pour les citoyens?
Où sont les centres de décision?
Sont-ils légitimes?

2. Le mercredi, 28 décembre 2005, 00:57 par Little Bighorn

Nous sommes au milieu de l'océan, les paquets d'eau s'abattent sur les hommes d'équipage, contraignant ceux-ci à se dépenser sans compter pour maintenir l'embarcation à flot. Mais viendront des heures plus favorables avec un ciel plus clément pour remettre de l'ordre dans la voilure et fixer un nouveau cap... après avoir fait le point sur la carte pour constater, peut-être, que le capitaine nous a fourvoyés dans une zone réputée dangeureuse pour ces turbulences à seules fins d'accroître ses gains plus rapidemment. Les choses pourront alors revenir à la normale, le capitaine ayant été démis de ses fonctions par un équipage mutin parce que sage. La désobéissance civile en quelque sorte...

3. Le jeudi, 29 décembre 2005, 13:13 par Sylvain

Que trois ou quatres lecteurs ?
Bon, c'est vrai qu'en ce moment on est tous un peu occupés ailleurs, mais perso je suis abonné à ton RSS et je lis tes billets régulièrement... et je crois que je suis pas le seul...
La démocratie en France, c'est un chat qui se mord la queue:
- les gens n'y croient plus, à cause des nombreux dysfonctionnements dûs au système, donc ils vont de moins en moins voter,
- comme ils vont de moins en moins voter, les politiciens les solicitent de moins en moins (sans compter que quand ils les solicitent, les citoyens votent contre leurs directives),
- comme ils les solicitent de moins en moins, ils prennent les décisions (bonnes ou mauvaises) seuls,
- comme ils prennent les décisions seuls, les gens croient de moins en moins à la démocratie.

C'est un cercle vicieux. Que faire pour le rompre ?

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