N'oublions pas que c'est la priorité numéro 1 de la France.

Je suis en train de lire "L'entreprise barbare". Rien que le nom m'amuse. Cela traite des licenciements abusifs qui sont pratiqués par ces entreprises qui cherchent à satisfaire l'actionnaire en premier lieu.
Bon, les témoignages sont consternants mais partiaux, difficile d'en démêler le vrai du faux. D'autant que je ne crois plus qu'on puisse demander à une entreprise, quelle qu'elle soit, de se préoccuper de la précarité des emplois. L'entreprise se branle du chômage (ou s'en accomode fort bien, d'ailleurs) et se fout de la précarité. C'est de bonne guerre, après tout : ce n'est pas son business. L'entreprise doit faire du pognon, dégager du bénéfice pour les actionnaires, quelles que soient les méthodes.

Conscients de cet état de fait, les politiciens, qui eux se soucient un peu du chômage et de la précarité (du moins on l'espère) pour leur pays, cherchent des solutions. Comme il ne faut pas trop en demander à quelqu'un qui sort de l'ENA, ne cherchons pas les solutions trop loin, il faut rester très premier degré. L'Etat s'attache donc, à travers les gouvernements, à compliquer le licenciement, à le rendre administrativement imbuvable pour dissuader les entreprises de le pratiquer. Cela passe par des indemnités énormes à verser au salarié injustement licencié alors que l'action est au beau fixe (tiens ça me fait penser à Schneider qui licencie plusieurs centaines de personnes, alors que l'action se porte correctement, il me semble).
Effet de bord inévitable, le licenciement "économique" étant rendu difficile, l'entreprise cherche une autre solution plus rentable comme pousser à la faute grave, ou encourager le départ volontaire par différentes méthodes de harcèlement, notamment chez les employés les plus âgés. C'est ce que raconte le bouquin, ça fout un peu la trouille.

Si l'ENArque est resté très primaire dans ses réflexions, j'ai pour ma part un esprit de contradiction à toute épreuve. Y compris, et surtout, lorsqu'il s'agit de raisonner par l'absurde. J'aime bien ça. Quand il s'agit d'être absurde juste pour contredire l'ENArque, j'exulte !
Je me demandais donc hier soir : si au lieu de compliquer le licenciement, il ne faudrait pas le rendre très accessible et gratuit. Je vous vois ouvrir de grands yeux : mais c'est ce que les plus libéraux des libéraux prônent, le modèle anglais et tout ça !
Oui, mais là où l'absurde intervient, c'est au niveau de l'embauche. Il faudrait compliquer l'embauche. De deux façons :
1. En augmentant les délais de la procédure d'embauche, une sorte de "préavis" de quelques semaines.
2. En interdisant l'embauche d'un profil qui a été licencié récemment, pendant deux mois par exemple. En clair : l'entreprise licencie un chef de rayon le 1er Janvier, elle n'a pas le droit d'embaucher quelqu'un du même profil jusqu'au 1er Mars.

Conséquences : L'entreprise réfléchit à deux fois avant de licencier, elle est obligée de pratiquer une vraie GPEC (Gestion Prévisionnelle des Emplois et des Compétences). Sans ça, elle est directement pénalisée par l'impossibilité d'embaucher quand le besoin se fait sentir. Par ailleurs, la pression du licenciement disparaît, pour l'employé comme pour l'entreprise qui y gagne en flexibilité (dans un sens, au moins).

Je précise à nouveau que c'est un raisonnement absurde qui n'a pas d'autres vocations que celle de faire réfléchir. Mes récents billets ont pu faire croire que j'avais un ensemble de solutions toutes faites en lesquelles je croyais dur comme fer, et que j'étais à la veille de changer le monde avec mes petits doigts et mon cerveau atrophié... Ce n'est qu'un délire de plus, une utopie comme il est nécessaire, je crois, d'envisager parfois pour mieux se préparer à la réalité.
Une idée qui ne serait rien sans vos commentaires...

Commentaires

1. Le samedi, 4 juin 2005, 19:54 par Etheriel

Pas mal merome ! tu rends ainsi les delocalisations faciles et gratuites ! Parce que je te rappelle que ton systeme il marcherait *eventuellement* si et seulement si il etait appliqué au niveau mondial...

Ceci dit, le "il ne faut pas trop en demander à quelqu'un qui sort de l'ENA", je trouve ça un peu "beauf" comme remarque. Ca me fait penser aux conducteurs de trains de la SNCF, qui sont tous des brillants economistes (bizarre qu'aucun prix Nobel d'economie ne soit jamais allé à un cheminot), et qui ne manquent pas une occasion d'expliquer devant le premier journaliste de France 3 Picardie venu ce que le gouvernement devrait faire "pour que ca aille mieux" :)

2. Le dimanche, 5 juin 2005, 09:22 par Le Monolecte

Tu as raison sur plusieurs points :
le seul but de l'entreprise, c'est de se faire du pognon
le chômage est une très bonne affaire pour les entreprises

Pour ce qui est de faciliter les licenciements, t'inquiète, c'est au programme de notre "nouveau" gouvernment : on va nous simplifier le droit du travail... grave!

3. Le dimanche, 5 juin 2005, 11:00 par Merome
Etheriel : Malgré les précautions que je prends, tu arrives encore à prendre mes propos pour de l'argent content... J'exposais là une théorie à deux francs qui m'était venue comme ça en quelques secondes à la lecture d'un bouquin fortement orienté. Je n'étais pas en train de refaire le monde sérieusement. Pour ce qui est des énarques, c'était de l'ironie pure. Appuyée par une pensée plus commune qui est de dire que les énarques sont tellement déconnectés de la réalité qu'ils commettent des erreurs de débutants (faudrait que je retrouve le bouquin qui parle de ça).
On peut se poser la question de l'intérêt de dire plus ou moins n'importe quoi sur un ton sarcastique comme je le fais ici. Est-ce que ça fait avancer les choses ? Est-ce que ça sert simplement à quelque chose ? J'espère que oui. En tout cas, ça me divertit grandement, donc je continue :)
4. Le lundi, 6 juin 2005, 05:35 par borneo

je participe de prés ou de loin à la vie de 3 copropriétés qui de part leur nature rassemblent des personnes dont la majorité n'hésitent pas à se dire "libéraux". Mais dans la vie quotidienne, ils défendent bec et ongles les réglements de la copropriété, souhaitent rajouter des clauses contre les "promoteurs véreux" etc..
Il n'y a pas de honte à celà aprés tout. Chaque entreprise devrait être libre de publier son réglement quand à son régime d'embauche ou de licenciement. Ainsi au moment de postuler un emploi, tu verrai si la boite te considére comme un Kleenex ou pas. Les PDG négocient bien à l'avance les conditions de leur éviction éventuelle !

5. Le lundi, 6 juin 2005, 10:30 par Steh

Ca me divertit egalement, continues !!

6. Le lundi, 6 juin 2005, 11:57 par Merome
Steh : tu sais lire, toi ?
7. Le lundi, 6 juin 2005, 13:02 par marzi

Les vrais "plan de licenciement" fonctionnent comme ca: interdiction d'embaucher dans les 6 (?) mois qui suivent. J'ai vécu ca de pret dans deux entreprises, l'une qui a biduiller poru eviter d'en arriver la et tirer cette contrainte, l'auter qui l'a en effet fait (malgré ses profits) en sachant qu'elle se bloquait 6 mois. Bref, il faut que cette loi existe, elle existe, mais elle ne verouille pas (et ne peut pas le faire) le systeme.
Ceci dit, c'est bien beau de s'auto-masturber entre nous : il faudrait un PDG pour avoir son avis... tiens, Nale et son chocolat, peut-etre qu'il est son propre patron, lui, et pourrait donner son avis ?

8. Le lundi, 6 juin 2005, 13:32 par Merome
Permets-moi de ne pas t'automasturber ! Trouver un PDG qui va un poil plus loin qu'une réflexion purement égoïste, ça va pas être très facile.
9. Le lundi, 6 juin 2005, 16:23 par Steh

Merome: je lis juste les grosses lettres. ;)

10. Le mardi, 7 juin 2005, 09:53 par marzi

La question n'est pas de venir juger les PDG : ils ont leur contraintes. C'est un peu facile pour nous, pauvres employés, voir pire, fonctionnaires (la, je vais faire réagir :)), de commenter leur acte.
Le PDG de Schneider a lui aussi ses contraintes : apres tout, il ne tient qu'à nous de créer une société concurrente à Schneider.

11. Le mardi, 7 juin 2005, 13:50 par Merome
Il me semble qu'on voit souvent PDG et autres actionnaires ou politiciens commenter les actes des chômeurs ou de ces sales pauvres qui empêchent de libéraliser en rond.
Seulement, ce sont plus souvent eux qui décident pour nous que l'inverse.
Je m'efforce de ne pas pratiquer le discours de comptoir, mais je crains que l'on soit toujours le pilier de bar de quelqu'un. C'est peut-être encore plus facile de dire qu'il ne faut pas critiquer sans connaître que de formuler la critique elle-même.
12. Le vendredi, 10 juin 2005, 16:25 par Le_capitaine

Même si ton "raisonnement par l'absurde" est surtout fait pour faire réflechir, il me semble tout à fait correct.
J'ai été indépendant, propriétaire et gérant de ma société durant pas mal d'années et je peux t'assurer que la politique qui consiste à accumuler les contraintes dans le chef d'une société ou d'un patron pour licencier du personnel n'amène qu'une seule chose: on n'engage pas ou vraiment le strict minimum.
Bien sur c'est beaucoup plus vrai dans les PME que dans les grosses boites, mais quand même.
J'avais du personnel, tant ouvries,r qu'employés (les statuts sont différents en Belgique)mais je n'ai jamais pris le risque d'engager du personnel supplémentaire (sauf parfois sous CDD) sachant très bien que si par malheur je devais licencier ce serait la catastrophe (financière) pour ma boite et donc aussi pour mon personnel.
Donc ton raisonnement n'est pas si absurde que ça, il faudrait vraiment libéraliser au maximum les conditions de licenciement au moins pour les PME de moins de 50 personnes (par exemple) quitte à conditionner l'embauche ou le remplacement de personnel licencié.
C'est certainement "ultra-libéral" comme propos (on ne se refait pas :) ) mais comme le reste ne fonctionne quand même pas, pourquoi ne pas essayer!!

13. Le vendredi, 9 décembre 2005, 07:50 par jean-luc

Bonjour,

Je suis ok avec certaines idées developpées ce dessus et plus particulièrement avec le commentaire de départ sur SCHNEIDER ELECTRIC, fleuron Francais qui ne s'est jamais aussi bien porté dont l'action atteint des sommets (injustifiés) et qui joue la carte de la rationnalisation des ses effectifs depuis 4 ans (- 3500 collaborateurs) rien qu'en france !!! Une honte lorque l'on entend son "vieux" PDG , très experimenté en matière de restructurations de masse, dire sur les ondes que l'humain est au centre du projet "social" de l'entreprise... Qu'il faut continuer à délocaliser vers Chine et Inde pour être encore plus performant ...

J'ai vu qu'il y avait un "blog" sur lequel il est possible de répondre sur les délocalisations.

fr.groups.yahoo.com/group...

14. Le lundi, 12 décembre 2005, 19:46 par jean-luc

Nouvelle expérimentation sur les chômeurs : Besoin d'aide SVP !!!

J'ai beau être plutôt spécialiste dans le domaine de l'emploi et des mesures associées, mais je me pose ce matin de sérieuses questions sur l'information donnée sur France Inter ce matin et reprise sur Reuters France. Même avec beaucoup de bonne volonté et des efforts d'analyse et de compréhension, là, j'avoue ne plus comprendre le sens de ces annonces ; pire, je crains le pire !!! Il doit y avoir des excès de WE visiblement. Le CTP expérimental est une incohérence totale en ce sens qu'il sous tend que : les nouveaux licencies, et il va y en avoir, pourront « signer » un contrat avec une structure publique régionale pour quasiment le même salaire perdu dans leur précédant emploi. Cette structure publique sera censée apporter une formation (?) et ces mêmes, ex demandeurs d'emploi et ex licenciés seront appelés à exercer leur activité auprès de sociétés privées ou services publics. Cela pose deux questions majeures : 1 – Quelles compétences ont ces administrations en la matière ? Que fait l'ANPE et son lot de 5000 nouvelles recrues ? Qu'entend t-on par « transition » ? 2 – Les ASSEDIC et l'état seront les financeurs : a) voilà qui ne va pas arranger les finances de l'UNEDIC s'il faut payer un ex chômeur au salaire ou il était payé et si dépassement (?) Et l'état (je pense à la région ou au département) devra verser le complément … Bonjour la baisse de l'impôt local ! 3 - Pour la deuxième partie de la dépêche Monsieur SO-CRAZY euh pardon, SARKOZY ministre de l'intérieur et non de l'emploi, lui, se prononce en faveur d'un nouveau contrat unique à durée déterminée : Dites ça n'existe pas déjà le CDI ? 4 - Avec la déclaration de F FILLON de la semaine dernière – il faut indemniser bien plus les chômeurs mais moins longtemps …

En toute honnêteté et sans vouloir faire de polémique, je suis très inquiet face à ces effets d'annonce qui parfois se contredisent et qui laissent fortement à penser « qu'ils » ne savent plus du tout ou ils en sont ! Sur, c'est pas rassurant.

Jean-Luc

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