10 ans de Chiraquisme. L'occasion de faire un bilan avec Reuters.

Reuters est une agence de presse de renommée mondiale. Outre le ton relativement neutre et froid que tiennent généralement les agences de presse, Reuters, spécialisée dans les nouvelles économiques, est encore plus glaciale, voire cynique, quand il s'agit de dépeindre les réalités économiques de notre bas monde.

Dans ce contexte, la lecture de "Le chômage, point noir du bilan de Jacques Chirac" résonne d'une façon particulière.
Entendons-nous bien, il ne s'agit pas là d'enfoncer Notre Président (à lire avec une main sur le coeur, à la Jules-Edouard Moustic), ou de prendre parti d'une façon exagérée. Le bilan du Mitterandisme fut catastrophique, celui de Jospin complètement faussé par la conjoncture économique ultra favorable, celui de Blair imblairable... Ceci étant dit, attardons-nous sur quelques passages de cette dépêche :

"En dix ans, ce n'est pas très glorieux. On reste dans un chômage de masse" : Le titre de la dépêche en dit long, malgré des promesses qui frisaient le ridicule ("La fracture sociale"), Chirac n'a rien pu faire contre cette gangrène qu'est le chômage. Il est facile de critiquer, surtout que le chômage a pris son envol sous l'ère socialiste de Mitterand et qu'il est, au moins en partie, soutenu par la politique d'assistanat chère aux partis de gauche. Néanmoins, il a eu dix ans pour redresser tout ça et ne l'a pas fait. Le constat d'échec est inévitable.

la dette publique est passée de 48,4% du PIB en 1994 à 65,6% en 2004  : Corrigez moi si je me trompe, mais l'une des caractéristiques de la politique de droite, c'est la rigueur budgétaire, la maitrise des dépenses publiques dans le but de réduire la dette. "Qui paie ses dettes s'enrichit", dit-on, et c'est bien vrai que tout bon père de famille gère son budget de cette façon. L'intention est donc louable, si l'on considère qu'un Etat doit être géré comme une famille, ce dont il m'arrive de douter, parfois. M'enfin, en admettant l'intention bonne, force est de constater que les résultats ne sont pas là.

Quant aux réformes des retraites et de l'assurance-maladie, beaucoup - économistes, hommes politiques, syndicalistes - doutent qu'elles suffiront à régler le problème du financement des pensions et de la Sécurité sociale. : Cette phrase semble un peu partisanne. Facile de se cacher derrière "beaucoup doutent"... Mais faisons confiance à Reuters, ils sont tout sauf des gauchistes révolutionnaires. Selon la dépêche, les grandes réformes qui nous ont tant été vantées seraient inefficaces. Ah ben mince alors ...

le taux de prélèvement obligatoire a été supérieur en 2004 (44,1% du PIB) à ce qu'il était en 1995 (43,6%),  : La baisse des impôts, encore un fer de lance de la droite qui en prend un coup derrière les oreilles. On s'était tous aperçu que c'était un simple effet d'annonce, pour ne pas dire un non-sens, que de s'obstiner à baisser les impôts alors que le seuil des 3% de Maastricht était encore bien loin. Reuters le remarque officiellement : il n'y a pas eu de baisse d'impôts...

La balance commerciale française a replongé dans le rouge en 2004 avec un déficit de près de huit milliards d'euros, inégalé depuis 1992. : C'est ballot. La droite nous explique que le salut viendra des entreprises. Pourquoi pas après tout, dans ce genre de cercle vicieux, bien malin qui peut dire par où il faut relancer la machine. Après 10 ans de pouvoir (ou presque), le constat est amer : c'est pire qu'avant, pour les entreprises aussi...

Associée à une politique d'emplois aidés (emplois jeunes, notamment) et de réduction du temps de travail sous le gouvernement Jospin, cette croissance a permis de ramener le taux de chômage à 8,6% au deuxième trimestre 2001. : Décidément, Reuters n'y va pas de main-morte ! Là ils disent carrément que Jospin a fait mieux. C'est oublier le contexte économique ultra favorable, dont Jospin n'était pas responsable. Bon, je vous avoue que ça fait quand même plaisir de voir des journalistes économiques qui ne vomissent pas sur les emplois jeunes et les 35 heures.

Le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, qui accuse de tous les maux la semaine de 35 heures, réforme phare de Lionel Jospin, et a mis fin aux emplois-jeunes, réhabilite aujourd'hui les emplois aidés | l'augmentation du nombre de bénéficiaires du RMI qui est passé de 888.500 en décembre 1994 à plus 1,2 million en décembre 2004. : Qui a parlé d'assistanat et de trop d'Etat ? Oups...


Voilà. Ceci n'a rien à voir, mais sachez que Jean-Pierre Raffarin a été hospitalisé aujourd'hui. L'histoire ne dit pas s'il était en train de parcourir le site de Reuters...

Commentaires

1. Le mardi, 28 mars 2006, 13:13 par Gaël

On s'étonne après des déficits en France.
Regardons aussi les origines des problèmes croissant de financement. Il est important de se poser la question sur le nombre en augmentation du nombre de RMISTES qui ne reflète certainement pas la réalité. Il est en effet arrivé sans bien sûr pouvoir être en mesure d'en chiffrer le nombre qu'un allocataire touche plusieurs fois le RMI en s'inscrivant tout simplement dans plusieurs départements avec des adresses bidons. Il n'y a de recoupement informatique et de vérifications d'état civil approfondies qu'en cas de soupçons précis sur une personne. Tout est fait pour facilité la tâche des escrocs de tous poils. Après les autorités s'étonnent des déficits dans tous les domaines. Si un jour le RMI disparaît, il ne faudra pas s'étonner et ce sera dommage pour les personnes qui sont dans la mouise qui cherchent réellement du boulot. Cela peut certainement expliquer en tous cas partiellement le nombre de RMISTES en augmentation. C'est tellement facile que cette pratique au départ marginale doit s'être très répandue. Un contrôle renforcé ne dérangement certainement pas les personnes honnêtes…
Et c'est peu de chose près pareille avec la carte-verte de la sécurité social qui sert couramment à plusieurs personnes autre que l'assuré. Système bien pratique pour les personnes séjournant irrégulièrement en France….
Si certains politicien gérant l'argent public comme celui de leur compte personnel, les choses iraient certainement beaucoup mieux. C'est trop facile d'être généreux avec l'argent des autres et surtout d'endêter les génétions futur. Beau cadeau pour les enfants et petits enfants...

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