"Dans une hierarchie, chaque employé tend à s'élever jusqu'à son niveau d'incompétence"

Dans le dernier livre de Bernard Werber, que je n'ai pas aimé, j'ai quand même retenu un passage intéressant de la fameuse "Encyclopédie du Savoir Relatif et Absolu". Il s'agit d'un article sur l'organisation d'une entreprise, quelle qu'elle soit.
Bien que tout soit dit, et bien dit, dans le livre de Werber ainsi que dans cet article, par exemple, je me permets de reformuler avec moins de talent, pour vous éviter un clic ou la lecture rébarbative de "Nous les dieux".

Il s'agit donc de dire que dans une entreprise, si l'on est efficace et que l'on travaille bien, notre hierarchie va être amenée à nous proposer un poste aux responsabilités plus importantes. Logique. Les excellents éléments grimpent les échelons. Mais jusqu'à quand ? Jusqu'à ce que votre hierarchie estime que vous n'êtes plus assez bon pour gravir l'échelle sociale. Vous finirez donc votre carrière à cet échelon, celui où vous êtes finalement... le moins bon.
Bien sûr, tout ne se passe pas exactement de cette façon, mais je suis sûr que vous avez quelques exemples en tête, de chefs qui sont absolument inefficaces ou qui délèguent outrageusement leurs trop lourdes responsabilités sur des employés qui n'ont pas encore atteint leur point d'incompétence.
Car en effet, un des corollaires de cette théorie, c'est que tout le boulot de l'entreprise est finalement abattu par les seuls gens qui n'ont pas encore atteint ce point de non-retour.

En écrivant ça, je me rends compte que cela rejoint (en tout cas dans mon esprit) une autre théorie qui semble avoir de l'avenir. Samedi matin, sur France Inter, j'entendais en effet quelques éminent spécialistes parler de la croissance économique. Serge Latouche, économiste et professeur émérite dit par exemple que la croissance économique n'est pas une solution, c'est LE problème. Cette course à la croissance économique, sans fin, n'a rigoureusement aucun sens dans le monde désespèrément fini qui est le nôtre. On sait déjà que si tout le monde était au rythme de l'Amérique, il nous faudrait cinq planètes pour satisfaire notre consommation, pour les français, c'est seulement trois planètes qui seraient nécessaires (aucun sens du rationnement ces américains !).

Donc, le rapport que je vois entre ces deux théories, c'est que nous sommes tous en recherche de quelque chose de supérieur. On veut plus de richesses, plus de responsabilités, plus de tout, sans se rendre compte que ce niveau supérieur que l'on vise est finalement la cause de notre perte.

Je vous recommande l'écoute de cette émission de France Inter, très intéressant...

Commentaires

1. Le mardi, 1 février 2005, 08:48 par Bob

Ben euh non, on n'est pas tous forcement a la recherche de toujours plus, a mon avis. Par exemple une fois je me suis betement laisse alpaguer, dans une foire expo, par une espece de sangsue vendeuse de plans epargne qui tenait absolument a me faire signer un contrat avec mon sang la tout de suite sur un coin de stand.

Au bout d'une dizaine de minutes d'efforts infructeux, ca a fini par donner ca :
- Mais enfin, je ne vous comprends pas, vous etes ingenieur, en plein coeur de cible, ca devrait forcement vous interesser ?
- Ben non, desole.
- Mais ? Ca ne vous interesse pas de gagner de l'argent ?
- Non, j'en gagne deja suffisamment.
- ??!?!

(Je crois que quand elle m'a traite de coeur de cible ca a acheve de me braquer completement. Je ne dois decidement pas etre un bon sujet d'etude pour le manuel du parfait petit commercial.)

Enfin bon, peut-etre que je parle pour moi et on n'est certainement pas tous dans ce cas, mais quand meme, a mon avis ce n'est pas une fatalite. C'est meme marque en toutes lettres dans - precisement - "Le principe de Peter" (*) : il est parfaitement possible de refuser une promotion et de vivre heureux en restant en-dessous de son niveau d'incompetence.

(*) par Peter, Hull et Watkins, ed. Le livre de poche, c'est moins cher qu'une place de cine, ca vous fera plus longtemps qu'Alexandre et ca vous cultivera certainement plus.

2. Le mercredi, 2 février 2005, 07:39 par 100

Le principe est interressant, et permet d'expliquer pourquoi nos "chefs" ont du mal à comprendre que l'on soit heureux de faire le travail que l'on fait, d'etre heureux d'avoir une famille, heureux de faire autre chose que de travailler.
Ils ne comprennent pas cela, c'est trop loin ce temps pour eux, ils ont choisi le coté obscur... :)
Bon aller au boulot :(

3. Le jeudi, 9 février 2006, 21:18 par Emma

Même sans aller trop loin, je pense que quand on quitte sa position actuelle pour une promotion, on est forcément moins à l'aise à son nouveau poste, il y a un temps d'adaptation plus ou moins long, on ne connait pas toutes les "ficelles" du métier, comparé à son ancien poste. On n'a pas la même expérience.
Merci pour cet article
PS dommage que vous n'ayez pas aimé le livre de Weber, j'ai adoré, j'aime voyager grâce à la lecture !

4. Le mercredi, 13 septembre 2006, 17:42 par Nath

@Bob : Comment peut-on savoir à l'avance si l'on sera compétent ou pas ? Une évolution doit être accompagnée et on pense bien trop souvent à tord qu'avoir de bons résultats dans son job signifie qu'on sera capable d'amener une équipe à avoir de bons résultats... N'est pas manager qui veut et il existe des formations pour cela, ça peut aider

5. Le jeudi, 14 septembre 2006, 09:06 par Bob

Ah mais je suis entièrement d'accord avec toi. C'est d'ailleurs mon gros souci, professionnellement parlant : à 30 ans, je sais que si je devais changer d'employeur je serais déjà bien trop vieux pour le type de poste que j'occupe actuellement, qui me convient très bien, mais que la plupart des entreprises de mon secteur réservent à de jeunes diplômés.

L'évolution logique de ma carrière serait de diriger une équipe, or je sais d'expérience que je ne suis pas un bon dirigeant, et ce type de travail ne m'intéresse tout simplement pas...

6. Le jeudi, 14 septembre 2006, 12:02 par Nath

@Bob : Alors tu n'as plus qu'une solution : devenir ton propre employeur et te mettre en indépendant, consultant peut-être ? (ouh la la qu'ai-je écrit... je sais que c'est un gros mot sur ce blog ;op)

7. Le samedi, 28 juin 2008, 13:53 par mika

franchement ,j'en veux à mes parents de m'avoir obligé à faire des etudes tres poussés car je suis passé à coté de pas mal de choses de la vie les bouquins ,les théories tout ça je me débrouille mais ma vie privéeb est un fiasco

8. Le mercredi, 25 mars 2009, 10:32 par Marc C, Montreal

OK les gars, faut pas prendre les termes de façon péjorative. Il faut prendre la théorie de Peter sur un autre plan que la simple lecture non réfléchie. Elle a été écrire avec réflexion, faut faire la même chose à la lecture.

Primo, incompétence n'est pas un terme négatif. Il signifie ne pas être en mesure de remplir complètement les tâches assignées. Ça veux tu dire qu'on est incapable ? Non juste que la barre est un peu trop haute c'est tout. Chaque personne a sa propre limite qui lui est donnée. Prenez la corrélation des vases. Y'en a des plus hauts et plus minces, plus bas et plus larges et y'en a qui mixent les deux (désolé pour les anglicisme, je suis canadien alors... pas d'offense ici). Idem pour les capacités de chacun. On a tous des domaines de compétence et des domaines d'incompétence. Je suis incapable de lever le capot de ma voiture et de comprendre quoi que ce soit, même avec un bouquin et un spécialiste à mes côtés. Mon frère qui a 30 ans est pourri en informatique, et moi je suis un spécialiste là dedans.
Ce sont des compétences en horizontal : la compétence dans un domaine particulier qui nous est propre et avec lequel on est à l'aise.

La théorie de Peter explique l'autre axe de la compétence, celui de la compétense verticule. Dans le même chapitre, on ne dit pas que plus on est haut plus on est bon, on dit que plus on s'en va vers le haut, plus on s'approche de notre limite. Tout à une limite, et cette théorie ne fait que constater un mode de fonctionnement dans notre société.

Essayez juste de détacher votre vécu personnel et d'avoir une vision neutre, objective, sans compassion, et observez.
Vous allez vous rendre compte tout d'abord que cette théorie n'est pas systématique mais une tendance générale. C'est pour ça qu'elle s'appelle théorie et non Loi...

Relisez maintenant la théorie avec un oeil, plus pragmatique...

Marc.

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