L'effondrement, c'est maintenant

En 2018, Pablo Servigne a fait le tour des plateaux à la sortie de son bouquin "Comment tout peut s'effondrer" et son pronostic à l'époque, c'était que l'effondrement était « très probable avant 2020, et sûr avant 2030 ».

Alors bien sûr, c'est facile de prédire un truc qui est aussi mal défini que l'effondrement, parce qu'il y aura toujours un con pour vous dire que non, on n'est pas vraiment entré dans l'effondrement parce qu'il y a encore des gens qui achètent des voitures, partent en vacances, et font des barbecues, mais c'est oublier que l'effondrement est un processus, pas un événement ponctuel. Et ce processus, tout porte à croire qu'il a effectivement commencé.

C'était déjà pas brillant point de vue climat depuis des années, mais on a enchaîné là-dessus le Covid, la guerre en Ukraine, les canicules et maintenant l'inflation galopante. Si vous vous chauffez aux granulés de bois, vous savez sans doute de quoi je parle. Au début de l'été, j'ai consulté mon fournisseur habituel de granulés de bois en palette qui me proposait la tonne autour de 600€, soit le double de l'année passée. J'ai temporisé et chercher en vain d'autres fournisseurs pendant l'été et j'ai été contraint de revenir sur ce premier fournisseur qui entre temps avait gonflé son prix à 700€ la tonne. Quelques jours plus tard juste avant d'écrire cet article je vois que c'est encore monté de 100€.

Dans le même temps, l'électricité au prix de gros est passée de 85€/MWh à.... 1000€/MWh et on nous annonce (comme chaque année, mais cette fois c'est plus pressant) des coupures d'électricité pour l'hiver. Les carburants ont également augmenté, ainsi que le gaz, bref toutes les énergies, qu'elles soient fossiles ou non, subissent des hausses spectaculaires et le gouvernement donne des chèques pour que ça ne dégénère pas en gilets jaunes puissance 1000.

Personnellement, je ne vois pas comment ça pourrait tenir longtemps comme ça. On ajoute de nouveaux problèmes, de nouvelles crises à d'anciennes encore non résolues et les rancoeurs sont tenaces. L'assemblée nationale éclatée après des élections désavouées, les élus sourds aux demandes incessantes d'une démocratie plus directe, d'une prise en compte réelle des enjeux climatiques, tout cela participe et amplifie la défiance généralisée envers les élus et les élites qui risquent de se prendre une baffe magistrale quand cela va se soulever.

L'effondrement est là, tant pis ou tant mieux, il était inévitable alors n'est-ce pas plus mal de le voir arriver vite pour prendre enfin la mesure du problème ? En tout cas, il faudra s'accrocher à notre fauteuil, ça risque de tanguer dans les prochains mois.