Ni peste, ni choléra

Quel jeu curieux où pour gagner, il ne faut pas jouer

Voilà ce que m'inspire la situation politique actuelle (un caramel pour celui qui trouve d'où est tirée la citation sans googler). Un bon tiers des électeurs n'a aucune idée de comment faire pour défendre ses idées au deuxième tour, un quart des français qui s'est abstenu dès le premier tour est dans la même situation, mais chacun s'envoie des anathèmes à la figure expliquant qu'il faut voter pour untel ou untel, ou surtout ne pas voter pour untel ou untel pour ne pas se salir les mains.

J'ai beau tourner le truc dans tous les sens, ce système électif et ce mode de scrutin sont des kamoulox géants. On aurait voulu concevoir un truc qui ne permet pas une démocratie apaisée qu'on ne s'y serait pas pris autrement. Comme l'explique bien Frédéric Lordon dans son dernier post, LE moment où l'on s'approche le plus de la politique, on est seul dans son isoloir, alors que la politique est une affaire de groupes sociaux. La politique, c'est vivre ensemble, arbitrer entre les intérêts, les peurs, les ambitions des uns et des autres. C'est bien plus palpable lors d'un dîner en famille, une manifestation, un mouvement social que seul en face de son enveloppe.

À quelques centaines de milliers de voix près, c'était un autre tiers de l'électorat qui se retrouvait Gros-Jean comme devant, pas plus ni moins légitime. Et ce n'était pas mieux ni pire. D'autres gens avec d'autres inquiétudes : l'immigration ou le changement climatique ? La libre entreprise ou la protection sociale ? La propriété ou la solidarité ? Qui a raison ? Ceux qui pensent comme moi ?

Le but-même de la démocratie est de permettre d'identifier le plus petit dénominateur commun pour qu'on arrive à s'entendre sur un minimum. Échec sur toute la ligne puisque de toute évidence, comme je le dis et le répète depuis mille ans ici : NOUS NE SOMMES PAS EN DÉMOCRATIE.

Alors faites bien ce que vous voulez dimanche, avec les meilleurs ou les pires arguments du monde, mais de grâce n'essayez pas de convaincre quiconque que c'est LA chose à faire. Allez plutôt voter aux législatives. Mais surtout, surtout, trouvons ensemble un moyen de balayer ce système électif conçu avec le cul.