Alors que les duels Macron-Lepen au second tour de 2022 commencent à être envisagés, avec tout ce que ça envoie comme rêve, que peut-on bien faire, nous les citoyens atterrés, pour disrupter la cinquième république ?

Depuis 2005, j'écris sur ce blog tout ce qui me semble merdoyer dans notre système représentatif oligarchique basé sur une monnaie-dette privée, où les inégalités perdurent, le climat chancelle et les énergies fossiles règnent en maître sans qu'on sache par quoi les remplacer. Bref, y avait déjà pas grand chose qui tournait rond quand la CoVid-19 est arrivée et a foutu par terre tout ce qui tenait encore miraculeusement debout.

Pourtant, pendant que le bateau coule normalement, l'orchestre joue encore : ni les médias, ni le système politique ne semblent avoir pris conscience des enjeux vitaux qui se bousculent à nos portillons. On va refaire des petites élections pépouze, avec les mêmes qui nous ont précipités dans ce cloaque, sans aucune remise en question.

Puisqu'il semble évident que ceux qui sont aux manettes et profitent de la situation n'ont pas l'intention de lâcher le morceau, se pose la question urgente et vitale de savoir comment les déloger de là pour mettre, non pas quelqu'un d'autres, mais quelque chose d'autre.
Et c'est là que ça se complique, car entre ceux qui sont plutôt scandalisés, ou directement touchés par les problèmes écologiques, ceux qui sont dans la pauvreté, ceux qui aspirent à plus de démocratie... les urgences ne sont pas les mêmes. Comment rassembler tout ce petit monde derrière un seul et même objectif, et comment passer ensuite de la théorie à la pratique.

Le dénominateur commun

Pour rassembler des gens qui ne votent pas de la même couleur, qui ne priorisent pas de la même manière, il faut être radical, c'est à dire agir à la racine du problème qui est notre impuissance politique commune. S'il y a bien un truc qui rassemble des frontistes jusqu'aux insoumis en passant par les abstentionnistes, c'est ce sentiment de n'avoir aucun contrôle sur la chose politique. On vote (ou pas pour ceux qui l'ont compris) tous les cinq ans comme on passe un papier dans une déchiqueteuse, avec le même effet. Une revendication qui offrirait la promesse palpable de permettre aux citoyens d'influencer le cours de la vie démocratique me semble assez universelle et simple à énoncer pour rassembler très largement. Les gilets jaunes ont mis le RIC sur la table des négociations pendant un temps, mais c'est encore plus haut, au niveau de la constitution qu'il faut sans doute frapper.

La convention citoyenne pour le climat a démontré (mais qui en doutait encore ?) que le commun des mortels était tout à fait capable (pour qu'on lui en donne les moyens) de produire des propositions beaucoup plus efficaces et innovantes que les vieux rabougris corrompus des assemblées élues. Les ateliers constituants qui se multiplient partout en France (parfois même en ligne) et les associations qui travaillent sur ce sujet ont préparé le terrain idéologique et les consciences. "On est prêts !" , comme dirait Jean-Michel Blanquer avant d'affronter la crise du CoVid à l'école, sauf que nous, c'est vrai.

Le mot d'ordre serait donc une constitution citoyenne maintenant ou tout autre assemblage de mots qui feraient sens et slogan à la fois. Mais une fois qu'on s'est mis d'accord là-dessus, le plus dur reste à faire.

Le pouvoir et la faiblesse du nombre

On l'a vu et expérimenté à de multiples reprises : les manifestations, les tracts, les pétitions et même les mouvements politiques originaux (Parti pirate, Décroissants, parti du vote blanc ...) ne sont pas de nature à renverser les choses. Souvent même, ils se retournent (ou sont retournés) contre nous. Qu'un mouvement social prenne de l'ampleur et c'est aussitôt les casseurs qui sont pris en photo et exhibés comme des contre exemple. Qu'un courant prenne forme et c'est sa frange la plus crétine qui sera montrée à l'écran pour le décrédibiliser.

Par ailleurs, la répression massive des dernières manifestations a vacciné tous ceux qui n'ont pas envie de perdre un oeil ou une paire de dents pour défendre leur droit. Déjà que la mobilisation, même massive, n'a aucun résultat ou presque tant le pouvoir reste sourd aux revendications, aucune chance de voir une foule marcher sur l'Élysée sauf à ce que tous ces gens qui la composent aient plus à perdre qu'un oeil en restant chez eux.

Le problème, c'est que nous ne savons pas vraiment combien nous sommes. L'idée géniale du gilet jaune placé sous le pare-brise des voitures a permis à tout le monde de constater la popularité du mouvement, ce qui l'a encore amplifié. Il faut donc trouver un truc viral, simple et immédiat qui évoque notre cause commune. Le gilet jaune ayant pâlit (pour les raisons évoquées au paragraphe précédent) ce pourrait être une affichette, un autocollant à coller sur sa voiture, la porte de son bureau, sa boite aux lettres, indiquant sobrement "constitution citoyenne maintenant" (ou mieux, si vous avez, il nous faut des rois de la comm', là !). Et il faudrait acter dès le départ dans un manifeste qu'aucun représentant ne peut parler au nom de ce mouvement. Ainsi, journalistes et politiques ne pourront pas s'appuyer sur les propos délirants d'un hurluberlu se déclarant faire partie de la chose. Il me semble important que le truc échappe totalement aux médias et qu'ils ne puissent que constater qu'il est massif sans même en comprendre la nature.

À partir du moment où le signe distinctif qu'on aura choisi sera dans toutes les rues, sur toutes les voitures et sur toutes les portes, le basculement de la société sera, je crois, inéluctable.

Ce qu'on veut, ce n'est pas plus ou moins de km/h sur les routes ou plus ou moins de néonicotinoides dans les champs. On veut le pouvoir plein et entier d'écrire non pas seulement les lois, bien que ça vienne avec, mais les règles du pouvoir inscrites dans la constitution.

Qui serait partant pour phosphorer avec moi autour de ça ?

Commentaires

1. Le lundi, 12 octobre 2020, 17:37 par Un collègue du 3eme

On doit être 2-3 partant dans le secteur mais franchement je n'y crois plus.
On voit bien l'attachement au pouvoir d'un coté et de l'autre des "citoyens" qui ne bougeront pas tant que ça sera vivable...
Quand ça pétera, il y aura de la haine et des morts. Je sais pas ce qu'il en sortira mais je ne crois pas que ça sera très "réfléchi" ...
Non, je ne vois un avenir dans ce que tu proposes que dans une société parallèle logée au fond d'une ZAD, d'un camp de néo-hippie ou un petit village perdu.
Peut-être qu'une partie de nos concitoyen suivront la mouvement à la lumière de cet exemple? Je ne sais pas, mais par contre je suis à peu près sûr que les décisions qui seront prises dans ce groupe prendront en compte l’intérêt général, chose qui a totalement disparu...

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