Des billets et des bombes

L'anti-macronisme et le giletjaunisme ambiants que je partage très largement ne doivent pas nous faire oublier que le problème démocratique n'est pas nouveau. Il est bien évident que remplacer notre princident actuel par un autre (rand)homme politique ne va pas résoudre quoi que ce soit. S'il n'y a pas d'argent magique, il n'y a pas non plus de président magique dans un système qui n'a clairement plus grand chose à voir avec la démocratie.

Je viens de finir la lecture d'une bande-dessinée qui revient sur l'affaire Sarkozy Kadhafi :

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Cette BD met en images l'enquête réalisée (entre autre) par Fabrice Arfi de Médiapart et synthétise tout ce qu'on sait de cette sombre histoire digne d'un James Bond, la classe des acteurs en moins. On y trouve des valises de billets, du luxe, des cadavres, des notes confidentielles, de la diplomatie comme on l'aime à coup de pots de vins et de vente d'armes... Tout étant parfaitement et méticuleusement sourcé (en annexe de la BD se trouvent les copies des documents officiels de l'enquête). Bref, on a une assez bonne idée de ce qui s'est passé, de qui est impliqué, des mobiles (gagner la présidentielle de 2007), des méthodes... Pour autant, les principaux protagonistes sont  à peine inquiétés. Sarkozy est encore invité un peu partout et a l'oreille du président, Eric Woerth qui a reconnu avoir distribué plusieurs dizaines de milliers d'euros d'agent liquide à des salariés de la campagne préside aujourd'hui encore la commission des finances à l'assemblée nationale ! J'en passe et des plus crapuleux.

Quel que soit le gouvernement, son orientation politique, ses belles paroles, les français ont droit à leur lot d'affaires plus ou moins sulfureuses, des simples coucheries au trafic d'argent public, du copinage au bourrage d'urnes... On finit par ne plus les remarquer tellement c'est commun. Récemment, c'est la femme du chef de file des députés LREM qui a pris le contrôle de la Française des Jeux, peu avant sa privatisation. On a déjà presque oublié les frasques de Benalla qui datent pourtant d'il y a un an à peine. Sous Hollande, c'est Cahuzac et Thevenoud qui fraudaient le fisc tout en se battant soi-disant contre les fraudeurs. Les Balkany, les Tibéri, l'affaire Bettencourt, Tapie, Bygmalion, Fillon, Dassaut, Karachi... La liste est si longue qu'elle fait l'objet d'une page wikipédia dédiée.

Vous pensez que Mélenchon, Lepen, Wauquiez, Asselineau ou je ne ne sais qui ferait mieux ? Vous vous fourrez le doigt dans l'oeil jusqu'au coude. Le problème est systémique. Militants de tous bords, abandonnez vos chapelles et concentrez-vous sur l'essentiel : attaquer le système lui-même. Et pourquoi pas essayer la démocratie, pour changer ?

Commentaires

1. Le lundi, 27 mai 2019, 21:28 par Marti

Entièrement d'accord sur le constat. Du coup, quelle est ta position sur les élections actuelles :
- s'abstenir pour contester le système lui-même, au risque d'être mélangé avec des citoyens pour qui l'abstention n'est autre qu'un désintéressement sans militantisme ?
- voter blanc, pour montrer l'absurdité du système tout en restant concerné ?
- voter pour un parti qui prône un changement de système (RIC, 6ème République) sans considérer les travers mêmes du système de partis ?

Honnêtement personnellement je n'arrive pas à déterminer le meilleur choix... Et j'attends de savoir ce que tu en penses :).

2. Le dimanche, 2 juin 2019, 08:21 par Merome

@Marti, oups, ton commentaire était tombé dans les oubliettes et du coup j'arrive en retard pour donner mon avis sur ces élections. Je ne suis pas allé voter. Mais je n'en fais pas un conseil parce que je pense de plus en plus que les élections sont des non-événements démocratiques. On ne peut juste rien en faire, ni en votant, ni en s'abstenant, rien ne fonctionne. Donc mon conseil, c'est allez voter, n'allez pas voter, mais ne croyez pas que ça va changer quoi que ce soit. On a bien plus de poids en agissant au quotidien, en consommant local, en faisant de l'associatif, en s'informant et informant les autres... qu'en votant.

3. Le dimanche, 9 juin 2019, 10:06 par PRAF

Bonjour Mérôme et merci pour ce blog très intéressant.
Sur ce sujet en particulier, je suis bien d’accord avec toi. Je ne vais pas revenir sur les exemples de "pourris" que tu cites. On en oublie forcément. Il y a tous les cas non révélés. Il y a tous les cas encore non déclarés et il y a les cas "hors de nos frontières qui auront des effets sur notre vie ici en France".
Ça c'est pour le "haut" de la société mondiale mais il y a aussi le "bas" de la société, les petites administrations, les locaux. Là aussi il y a cette gangrène qui touche toutes les couches de notre société jusqu'aux "petits" comme les conseillés municipaux de nos communes qui se laissent prendre par les petits cadeaux ou petits arrangements entre amis.
Ça, c'est le constat, l'analyse des conséquences de notre attentisme, de notre éducation. Oui, je crois que nous sommes mal élevés, élevés dans un système, une société de consommation ou tout nous est donné pré mâché, sans efforts, hormis celui de payer et où on nous souffle à l'oreille des besoins que nous n'avons pas. Le travail lui même est dévalorisé et ne paye plus.
Comme tu le souligne également, nous avons la possibilité, par nos actes de consommation, de dire non. Quand je dis consommation, c'est au sens large du terme. Nous consommons effectivement de denrées nous permettant de nous nourrir mais aussi des produits technologiques et médiatiques. C'est cette consommation globale que nous devons revoir; nous axer sur le local et l'associatif comme tu le préconise. Comme le dit un vieux dicton : "on a la vie qu'on se fait". C'est parce que nous acceptons la vie que le système nous propose que tout va mal car là on entre dans le conflit d’intérêts de ceux au dessus qui veulent toujours d'enrichir plus au détriment des autres et de notre planète et ceux en dessous qui veulent simplement vivre sereinement, en harmonie avec les autres; contrairement à ce que le système nous dit, c'est possible; il suffit simplement d'avoir des règles simples et morales pour régir notre société. Pas besoin de tonnes de lois plus farfelues les unes que les autres, permettant à celui qui les maitrise d'échapper à la sentence mais plutôt une conduite de bon sens, simple et sans entourloupes !!. Ce choix de société, c'est à nous de le faire et nous ne devons surtout pas attendre de l'aide de ceux qui sont assis sur la branche : ils n'en sont pas encore rendu à la scier.

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