Pourquoi on ne se rend compte de rien ?

Il est parfois difficile d'expliquer à Monsieur tout le monde à quel point l'urgence se fait de plus en plus pressante en ce qui concerne les problèmes écologiques, énergétiques et climatiques. Jusqu'ici, en effet, tout va à peu près bien. Le réchauffement à peine perceptible sous nos latitudes est plutôt agréable pour l'instant, le pétrole ne manque toujours pas malgré ce qu'on nous dit depuis 40 ans, et le plastique qui flotte dans les océans, loin de nos yeux parait bien inoffensif. Pour ce qui concerne les pays développés, nous sommes de plus en plus riches et vivons très confortablement. Pourquoi changer et de quoi se plaindre dans ce contexte ?

Faisons donc une analogie, j'aime bien les analogies. Imaginons que nous avons gagné à la loterie, une grosse somme. Mettons 100.000 euros, pour fixer un chiffre arbitraire et symbolique. C'est une belle somme qui permet de voir venir, de se loger, se vêtir et se nourrir pendant un bout de temps. La première année, nous dépensons 10.000 euros pour subvenir à nos besoins sans trop se vautrer dans le luxe. Puis voyant qu'il nous reste encore 90.000 euros, et qu'il y a cette belle voiture, ou ce grand appartement qui nous fait envie, on se permet la deuxième année de dépenser le double, soit 20.000 euros. Il reste encore 70.000 euros de notre pactole, plus du double de ce qu'on a déjà dépensé alors qu'on vit maintenant relativement bien. On se permet alors d'augmenter encore nos dépenses et rien ne nous permet de croire que quelque chose va mal : notre confort ne cesse de progresser, tous les voyants sont au vert, on n'a jamais été aussi bien, en fait.

Vous voyez bien sûr où je veux en venir. Il est tout à fait possible d'être endettés jusqu'au cou et de dépenser encore plus tant qu'on n'a pas touché le fond de la tirelire. C'est très exactement ce qu'on fait depuis des décennies avec notre gros lot commun qui s'appelle la Terre. Le jour du dépassement arrivant chaque année plus tôt nous rappelle que nous vivons à crédit. Dès le mois d'août maintenant, nous creusons notre fosse commune en prélevant toujours plus de matières premières non renouvelables. Globalement, tout se passe comme si tout allait mieux. On se rafraichit en été et on se chauffe en hiver, on mange de la viande à tous les repas et on prend des vacances à l'autre bout du monde.

Tout ça parce que nous vivons insouciants du lendemain, comme le plus impécunieux des interdits bancaires.

À ceux qui pensent que "le progrès va tout résoudre" ou "qu'on trouvera une solution" voire qu'"il n'y a même pas de problème", renseignez-vous !

À ceux qui sont déjà bien conscients de tout ça, faites du bruit et réveillez vos voisins. Ça urge.

Commentaires

1. Le mercredi, 27 juin 2018, 13:42 par Un collègue du 3ème

Bonjour cher collègue,
Je ne suis pas tout à fait d'accord avec cette analogie. Ce qui lui manque selon moi c'est que :

1-On ne connait pas précisément la somme de la cagnotte "Nature". Il est donc difficile de savoir quand ni comment on touchera le fond même si aujourd’hui on est sûr qu'on le touchera...en fermant un peu les yeux on peut vivre heureux sans se soucier de demain. Peut-être que ça changera quand ça commencera vraiment à partir en coui**** ???

2-On partage cette cagnotte avec tous les êtres humains. Et là on tombe dans les pires travers de l'être humain "c'est pas moi c'est l'autre', "pourquoi lui il peut et pas moi", "c'est pas ma faute à moi", "c'est lui qui a commencé d'abord!"

Moi-même j'ai du mal à ne pas tomber dans ce piège...je me fais chié à ramer contre-courant alors qu'il est si facile, déstressant, reposant et socialement acceptable de se laisser flotter dans le courant de la consommation déraisonné de la nature.

Reste ma conscience...celle qui me dit que vivre comme un crado anti-écolo c'est signer la mort ou la souffrance de mes enfants. Alors c'est simple : pas d'enfant. Et après...je reste quand même coupable de n'avoir rien fait...ou pas assez...en tout cas jamais assez pour contrebalancer les dégâts que causent mes voisins...

Tout ça parfois ça me gonfle et je me dit que je suis entouré d'idiots ou d’égoïstes. Le mieux que je puisse faire c'est d'éclairer les premiers et chier dans les bottes des seconds, en tout cas c'est mon leitmotiv depuis un certains temps...

Pardon pour les gros mots, je suis manifestement de mauvaise humeur aujourd'hui ;-)

2. Le samedi, 30 juin 2018, 11:48 par Merome

Comme toute analogie, elle a ses limites que tu soulignes fort justement.

Pour moi nous ne sommes entourés ni d'idiots, ni d'égoïstes, mais d'inconscients. Et donc ma stratégie c'est de tout tenter pour accélérer et favoriser les prises de conscience.

(Et les gros mots passent très bien ici.)

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