Ou plutôt ma première #SoiréeDebout.

Je suis le mouvement #NuitDebout depuis le début, mais je n'avais pas encore pu me rendre à l'un de ces rassemblements qui se multiplient dans toutes les villes de France et d'ailleurs.



Jusqu'à hier soir.
Dans mon coin, ce sont des militants du Front de Gauche qui fournissent et installent le matériel : une paire de table de jardin, une pergola de fortune et une sono. Ils prennent soin, cependant, de ne pas afficher un seul autocollant de leur parti, et s'effacent volontiers dès que quelqu'un souhaite prendre la parole.
Je ne suis resté qu'une heure et n'ai pas pu voir ce qui se passait ensuite, lors des commissions (deux étaient déjà en place depuis la semaine précédente, et une troisième semblait vouloir naître hier soir), mais pour "l'AG", chacun peut s'emparer du micro et dire ce qu'il veut.
Ça n'a l'air de rien, mais libérer la prise de parole en publique est très émancipateur. À quel autre endroit pouvons-nous faire ça ? Dans des cercles fermés, bien sûr c'est déjà possible, dans les réunions syndicales, partisanes, associatives, mais cela reste cantonné à un entre-soi confortable et bien connu, et souvent, soumis à une adhésion, un droit d'entrée, une carte de membre.
J'ai donc écouté des gens de tous âges (de l'étudiant qui a déjà fait 3 ou 4 "nuits debout" dans différentes villes au vieillard qui racontait l'élection de 1936 !) exprimer ce qu'ils souhaitaient, sans filtre, sur la place publique, à une grosse soixantaine de personnes qui n'étaient pas devant la télé.
Je n'étais pas particulièrement à l'aise, car contrairement à l'essentiel de l'assistance, j'ai eu beaucoup de chance et très peu besoin de lutter socialement, pour avoir ma vie peinard d'aujourd'hui. Je suis souvent surpris et déprimé de voir à quel point le sort s'acharne sur certains qui vont cumuler les soucis de santé, les tuiles accidentelles sur leurs bagnoles, leur baraque, enchaîner les boulots de merde, précaires, dangereux et mal payés.
La petite bourgeoisie intellectuelle dont je fais partie (comme Ruffin le dit) ne rencontre pas tous les jours la "classe laborieuse", et c'est précisément ce que permet #NuitDebout et qui menace ou pourrait menacer l'ordre établi. Et donc, en arrivant avec mes idées sur la démocratie réelle, une approche un peu scientifique du problème posé par la croissance économique, la pénurie de pétrole et des matières premières, j'étais pas spécialement dans le ton de la soirée. Je n'ai pas osé intervenir et je me suis contenté d'observer et d'applaudir les interventions des autres, bien plus concrètes et intéressantes que tout ce que j'aurais pu dire.

Alors, on n'a pas changé le monde hier soir, et moi encore moins que les autres en partant avant la fin, mais il y a un frémissement de quelque chose. La suite ne dépend que de nous. Et vous, vous avez déjà participé à NuitDebout ? Racontez !

Commentaires

1. Le mardi, 3 mai 2016, 21:33 par Nath

Pas encore ! Mais nous allons proposer une séance #TheâtreDebout en donnant la pièce féministe que nous jouons actuellement. A suivre...

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