#NuitDebout avec ou sans les syndicats ?

Le mouvement peut-il et doit-il s'émanciper des organisations de luttes traditionnels ?

Je suis et soutiens #NuitDebout sans pouvoir y participer activement pour l'instant, et le mouvement me fascine, quelle qu'en soit l'issue, et la réussite ou l'échec qu'il aura, c'est un formidable laboratoire grandeur nature à observer.

Un événement dans l'événement a eu lieu le #51mars (le 20 avril), lorsque les "intellectuels" liés au mouvement depuis ses débuts (François Ruffin, Frédéric Lordon, Serge Halimi...) ont tenu débat à la Bourse du travail, et ont proposé de se rapprocher des syndicats (ou de rapprocher les syndicats de #NuitDebout) pour donner un second souffle au mouvement, par exemple en prévoyant une action commune le 1er mai.
Les gens de #NuitDebout (même si le mouvement n'est pas uniforme et qu'on peut difficilement lui prêter une position unique) y sont fortement hostiles et se sont élevés contre cette proposition, ce qui a fait partir la réunion en vrille (d'autant qu'elle se tenait en même temps que l'Assemblée Générale, ce qui a été vécu comme une concurrence mal à propos).

Voyez le débat du lendemain sur #TVDebout (à partir de 1h21), qui montre bien le hiatus :


Je crois que cette divergence de vue est capitale et cruciale, car elle réapparaît sous différentes formes depuis plusieurs semaines, l'éviction de Finkielkraut étant sa forme la plus spectaculaire dont les médias traditionnels se sont emparés pour décrédibiliser le mouvement.

Cette intervention d'un NuitDeboutiste "historique" (tendance antifa) qui voudrait ancrer le mouvement à gauche me semble aussi caractéristique :

Il me semble pourtant simple et évident de comprendre qu'on se heurte à un paradoxe insoluble dès lors qu'on :
- se revendique démocrate et qu'on essaie d'imposer son seul point de vue à tous.
- se bat pour avoir la parole publique qui nous a été confisquée pour mieux la confisquer à d'autres selon d'autres critères.
- croit détenir la vérité face aux vieux cons qui nous gouvernent, en oubliant qu'on sera nous-mêmes les vieux cons de quelqu'un d'autre.

À mon sens, il n'y a rien à craindre des idées nauséabondes qui sont ultra minoritaires dans la population, et qui ne s'expriment dans les urnes, confortablement derrière le rideau de l'isoloir, que lorsqu'on essaie de les museler. Il n'y a donc pas à faire de NuitDebout un mouvement "de gauche" (si tant est que ça veuille encore dire quelque chose). Il le sera naturellement, dans le sens où il sera populaire et rassemblera par construction les 99% contre l'oligarchie.
Je pense même que NuitDebout échouera, comme les syndicats ont toujours échoué à changer le monde, se contentant de négocier la longueur des chaînes, enfermés dans le productivisme et la croissance, NuitDebout échouera si elle adopte les recettes d'hier pour régler les problèmes d'aujourd'hui.

Si j'étais #NuitDebout, mais j'ai plaisir à voir que pas mal de participants semblent prêts à ça, je me concentrerais sur la mise en place d'un Constituante tirée au sort. La Constitution n'est ni de droite ni de gauche, elle est au-dessus de ça, elle règle le problème essentiel de partage des pouvoirs. On peut TOUS (les 99%) s'entendre sur la rédaction d'une Constitution.

Et vous, qu'en pensez-vous ?

A lire sur le sujet :
À la place de la république (Jean Zin)
Un processus constituant digne de ce nom ne devrait être confisqué par aucun groupe (Étienne Chouard)

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