... Et même ceux qui votent FN.

Prenez cinq minutes pour récapituler ce qui s'est passé ces derniers mois en France et dans le monde et cherchez la racine commune. Je vous aide en sélectionnant un certain nombre d'événements sans ordre particulier :

- Des attentats sanglants ont été commis sous nos fenêtres, les causes sont multiples bien sûr, mais le gouvernement censé assurer notre sécurité a visiblement échoué. Pire : en jouant les va-t-en guerre en Syrie, contre l'avis du peuple français, en fournissant des armes aux rebelles syriens, contre l'avis de tout le monde ou presque, Hollande a soufflé sur les braises.

- Les élections régionales ont montré une nouvelle fois que les citoyens voudraient sortir de ce système électoral à la con :


Les électeurs ont tous perdu, pendant que l'UMP et le PS gardent leurs régions en se gargarisant de barrage républicains après avoir abusé de leur cuisine électorale pitoyable et écœurante entre les deux tours. Le FN progresse en voix mais ne gagne finalement aucune région, savamment instrumentalisé par les partis de gouvernement qui jouent avec les allumettes. On continue de cumuler à tour de bras, Bartolone se fait sécher aux élections mais retrouve sa place au perchoir de l'assemblée sans honte. Le Drian a le droit de cumuler parce que vous comprenez, c'est la guerre c'est l'état d'urgence... Sarkozy continue d'être insupportable en toutes circonstances, Wauquiez traite les écologistes d'Ayatollah, Marine Le Pen retwitte des images de décapitations. Non au niveau politique, tout va bien, vraiment.

- La COP 21 aboutit comme prévu à un accord vide de sens. Mais c'est déjà inespéré de la part de tous ces chefs d'États corrompus jusqu'à la moelle et habitués à rouler en voitures blindées. Le mois de décembre pète tous les records de température, mais discrètement, le gouvernement rabote l'indemnité kilométrique vélo en la rendant facultative et plafonnée, c'est dommage, l'idée avait fait ses preuves.

- Surfant comme des gorets sur la vague d'attentats, les politiciens empilent les projets de lois liberticides. On parle d'interdire le WiFi public, le réseau Tor, on assigne à résidence les écolos, on perquisitionne des activistes en tout genre, profitant des libertés offertes par l'état d'urgence.

- Histoire d'empêcher tout espoir de changement, les règles du jeu changent en faveur des partis bien installés. Aux États-Unis, les démocrates ont écarté Larry Lessig en changeant les règles de participation aux débats télévisés. En France, on cherche à réduire l'égalité des temps de parole pendant les campagnes électorales alors qu'on sait maintenant qu'une corrélation forte existe entre le temps de passage à la télé et les résultats d'une élection.

À part une poignée de militants politiques décérébrés, personne ne peut se satisfaire d'une telle situation, autrement dit, on est des dizaines de millions à s'offusquer de tout ce que je viens d'évoquer, j'irais jusqu'à dire une majorité. Pourtant rien ne change vraiment, et ça dure, ça s'éternise, ça se complique, ça se durcit, ça devient dangereux. La racine commune ne vous saute-t-elle pas aux yeux ? Si nous sommes une majorité à vouloir que ça change et que ça ne change pas ? Nous ne sommes pas en démocratie mais tant que nous ne le clamons pas plus fort que ça, tant que chacun d'entre nous ne prend pas le problème à bras le corps, chacun à son niveau, chacun à la mesure de ses talents, en en parlant, en l'écrivant partout, en en débattant sans discontinuer, rien ne changera.

Voter pour qui que ce soit, et même ne pas voter ou voter blanc en guise de protestation, est insuffisant puisque l'élection EST le problème. Il faut aller plus loin, construire un autre modèle et l'imposer à une classe politique moribonde et meurtrière. À chacun de nous de prendre notre part de responsabilité pour aller dans ce sens. Je compte sur nous.

Et s'ils sont bien conscients de ce non-sens
Bien peu osent déroger à la cadence
Comme un immense ballon qui se dégonfle
On ne réveille pas le confort qui ronfle

Commentaires

1. Le dimanche, 20 décembre 2015, 10:08 par Krka

Mes félicitations pour ce billet et pour les précédents.
Je dois reconnaitre que ces toi qui m'a ouvert les yeux sur ces problèmes. Je viens de relire un de mes vieux commentaires de "vu à la télé". Il m'a fallu du temps pour comprendre :)

2. Le dimanche, 20 décembre 2015, 10:38 par Merome

@Krka : Merci de ton témoignage. C'est toujours agréable de constater que ses efforts ne sont pas totalement vains.

3. Le vendredi, 1 janvier 2016, 16:46 par agase

C'est marrant comme nous sommes tous pleins de paradoxes !
Tu critiques les politiques dans tous les sens, mais tu continues de les servir au quotidien.
Le changement, c'est difficile, pour tout le monde ! A son niveau !

4. Le samedi, 2 janvier 2016, 12:23 par Merome

@agase : je considère que je sers plutôt les agents. Je n'ai pas de contact direct avec les élus, ni avec les politiques qu'ils mènent...

5. Le lundi, 11 janvier 2016, 22:32 par Lachtite25

Ah bah moi qui me fait un Devoir d'aller voter, et même d'aller chercher ma procuration quand je travaille et braver le commissariat en plein état d'urgence, mais c'est finalement plus pour honorer tous ceux qui se sont battu pour la démocratie et le vote des femmes que par réel espoir de changement..
Tu arrives à me faire douter du bien fondé d'aller aux urnes..
je pense que même si 10% de la population se déplaçait aux bureaux de vote, les politiques se démèneraient pour ces 10% plutôt que se remettre en question...
Donc à part la révolution, que faire ?

6. Le mardi, 12 janvier 2016, 08:16 par Merome

@LaChtite25 : Tu me lis trop, c'est pas bon pour ta santé mentale :) Voter ou pas, à la limite, c'est secondaire. Fais ce qui te semble le mieux pour être en accord avec ta conscience. L'important, quel que soit ton choix, c'est d'avoir conscience qu'il ne sert à rien ! Voter pour changer, il ne faut même pas l'espérer, et ne pas voter en croyant que ça va interpeller les élus, c'est tout aussi impossible. La solution est ailleurs, difficile de la décrire précisément, mais à mon sens, elle commence par le partage unanime de ce constat : nous ne sommes pas en démocratie et nous souhaitons ardamment l'être. Le reste viendra en son temps.

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