Des voix contre la dystopie ambiante

Comment croire encore au monde tel que décrit par les médias ?

J'ai déjà eu l'occasion de vous avouer ma sensibilité et notamment aux voix. Mes deux premiers numéros faisaient partie l'année dernière de la chorale de leur collège et nous venons de recevoir le souvenir audio de leur prestation, ce qui m'a donné l'envie d'écrire ce billet. Déjà pour rendre un hommage appuyé à l'homme qui est derrière ce spectacle : Julien Jacquot, professeur de musique au collège qui réussit le tour de force de canaliser 250 adolescents pour trois représentations en fin d'année, et le résultat est juste... incroyable. Digne d'un spectacle professionnel, sans exagérer.
Mais aussi pour souligner l'écart, que dis-je, le fossé entre l'idée qu'on se fait, que la société nous donne, que les médias transmettent, de tout un tas d'individus qui sont nos semblables et en lesquels nous avons si peu confiance.

À commencer par les ados eux-mêmes. "On" les trouve médiocres, fainéants, superficiels, toujours accrochés à leur portable, pas capables d'aligner deux mots dans un français correct, ... Et pourtant ces soirs-là, ils étaient incroyablement talentueux et transmettaient au public une énergie positive peu commune.
Et ce prof, fonctionnaire fainéant, toujours en vacances ou en maladie, incapable de se faire respecter ? Il était là et bien là, et le fruit de son travail de toute une année était devant nos yeux.
Et les parents d'élèves emmerdeurs, aussi bêtes que leur progénitures, toujours à pester contre les profs et l'administration, ... ceux qui n'étaient pas dans la salle, larme à l’œil et applaudissant à tout rompre, étaient en coulisse, bénévoles dévoués pour aider à l'organisation et aux déplacements minutés de 250 choristes et musiciens.

Il n'y avait pas, dans la salle, ces soirs-là, les méchants électeurs FN qui représentent pourtant semble-t-il 20% de la population. Il n'y avait pas davantage de terroristes ou de malfrats qui pourtant paraissent attendre tapis dans l'ombre à chaque coin de rue. Personne n'a hacké la sono pour obtenir un enregistrement pirate du spectacle. Nous étions juste tous unis dans un même but, comme nous le sommes le soir de Noël en famille, comme un jour de bug important dans un service informatique, comme un jour de compétition pour des sportifs d'une même équipe, ...
Les humains sont, la plupart du temps, soudés derrière un même objectif. Simplement, cet objectif varie d'un groupe à l'autre, d'un jour à son lendemain. Si nous prenions conscience, soudain, que nous avons tous cette même volonté de vivre ensemble en harmonie, les choses deviendraient plus simples.

Tout ce qui éloigne les humains nous écarte de cet esprit de concorde. La télévision, je crois, est l'un des premier facteurs d'éloignement. Au lieu d'y voir la vraie vie, nous y trouvons un miroir déformant, agrégation de toutes les angoisses liées à la peur de l'autre. À la télé, les profs font grève et leurs élèves échouent au PISA, les parents les agressent. À la télé, les chanteuses sont botoxées et les spectacles de fin d'année tournent au drame. À la télé, il n'y a pas de bénévoles, que des stars surpayées et des intermittents du spectacle exploités.
Pourtant, tous ces gens, si vous les connaissiez, si vous alliez avec eux au spectacle de la chorale du collège de leur gosse, ils retiendraient leurs larmes tout comme vous et vibreraient au diapason de ces cordes vocales juvéniles qui chantent la paix et l'espoir d'une vie meilleure.

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