Ma fiche de lecture du bouquin de David Van Reybrouck



Je viens de finir le bouquin de David Van Reybrouck. Je vous avais déjà parlé de cet écrivain belge fondu de démocratie qui est l'un des initiateurs du G1000, ce groupe de 1000 belges tirés au sort qui ont réfléchi à la démocratie de leur pays.

Le livre revient sur ce que je sais maintenant presque par coeur et que je commence à ressasser partout où je passe, dans les bibliothèques où je participe à des comités de lecture, aux anniversaires où je suis invité, dans les projections débat que j'organise, aux repas du dimanche en famille... A savoir : le mot "démocratie" a été dépossédé de son sens au début du XIXème siècle, lorsque les partis politiques se sont mis à se prétendre "démocrate" pour attirer l'électorat populaire. Auparavant, démocratie était synonyme de "pouvoir au peuple", mais en 1789, les nouveaux riches (commerçants, affairistes, banquiers) ont remplacé la monarchie par le gouvernement représentatif car cette idée de pouvoir au peuple les répugnait autant que les effrayait.
C'est une énigme pour moi, ce glissement sémantique, mais aussi pour tous les politologues et autres chercheurs qui semblent le découvrir depuis une vingtaine d'années seulement, alors que le régime du gouvernement représentatif montre des signes de fatigue évident.
Bref, on s'est fait rouler dans la farine pendant 200 ans, et David Van Reybrouck participe à la reprogrammation de notre cerveau pour voir à nouveau dans la démocratie l'espoir d'un système politique idéal que nous n'aurions jamais dû abandonner.

La grosse différence entre Chouard et Reybrouck, c'est la vision du monde politique actuel et des personnes qui le composent. Dans une vidéo débat entre eux, Reybrouck émet l'hypothèse que c'est notre classe politique franco-française, issue des grandes écoles, qui pourrait causer ce pessimisme français quant à la bonne volonté des politiciens.
L'autre hypothèse est que l'auteur belge est quelque peu naïf sur les intentions des animaux politiques qui nous gouvernent, en France et ailleurs. Je ne vois pas bien la différence profonde entre un Sarkozy et un Berlusconi, ni entre la campagne électorale américaine, et le lobbying qui la précède et la suit, et la campagne électorale française dominée par les médias de masse. Partout, ça dysfonctionne, non pas que le politicien soit par nature un mauvais garçon, c'est juste qu'il est en position de conflit d'intérêt permanent. Élisez Chouard président et Van Reybrouck premier ministre, vous aurez les mêmes dérives, les mêmes problèmes.

Le bouquin retrace ensuite toutes les expériences de tirage au sort qui ont vu le jour ces dernières années. Toutes ont, à la fois, réussi et échoué. Réussi car elles ont toutes démontré que l'argument d'incompétence du tiré au sort n'était pas recevable, et échoué parce qu'aucune n'a abouti à un changement concret, le système politique traditionnel-électif reprenant toujours la main au dernier moment.

Une lecture agréable et condensée de l'état de l'art de la démocratie délibérative, un brin naïve sans doute et du coup pas assez radicale, mais rafraîchissante, et parfaite pour commencer à se faire une culture sur le sujet.

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