Dans le doute reboote !

Osons une métaphore d'informaticien de bas étage, je l'ai peut-être déjà utilisée d'ailleurs, mais bon : "on dirait que la société serait un ordinateur".

Quand l'ordinateur arrive au bout de ses ressources système, mémoire, disque, temps CPU, il buggue et plante.
Quand la société épuise ses ressources naturelles, énergie fossile, métaux, biodiversité, elle dysfonctionne.

Quand l'ordinateur n'est plus correctement ventilé et qu'il surchauffe, le processeur se met en rideau.
Quand la société rejette tant de CO2 dans l'atmosphère que le climat se réchauffe de façon irréversible, les espèces vivantes s'éteignent une à une.

Si le programmeur a fait une boucle infinie, le logiciel plante immanquablement.
La société est truffée de boucles infinies, citons-en quelques unes :
- On n'arrive plus à trouver de professeur des écoles dignes de ce nom, on en prend des indignes, le niveau général baisse, ce qui rend d'autant plus difficile le recrutement de bons profs.
- Quand il y a du chômage, les gens consomment moins, ce qui produit du chômage.
- En temps de crise, on préconise l'austérité pour équilibrer les budgets. L'austérité provoque la crise.
- Si l'on fait des efforts pour être compétitif par rapport aux pays émergents, un jour ou l'autre, ils réduiront eux aussi leur coût du travail, et nos efforts seront réduits à néant.
- La croissance économique est rendue obligatoire par notre système monétaire. Mais la croissance augmente la quantité de monnaie en circulation et donc le besoin de croissance future.

Dans un ordinateur, le système d'exploitation doit s'assurer que tout fonctionne correctement, que tel programme qui part en boucle infinie n'empêche pas tout le reste de fonctionner et ne mette pas en péril le système complet.
Le système politique le plus courant s'appelle le gouvernement représentatif. Il comporte lui-même ses propres boucles infinies : pour être réélu, un homme politique doit mettre de côté l'intérêt général pour son intérêt propre. Il comporte aussi des failles de sécurité : la corruption qui gangrène tous les niveaux de gouvernements.
Le gouvernement représentatif est à la démocratie ce que Windows 3.1 est à l'expérience utilisateur, un premier pas insuffisant. Le monde d'aujourd'hui, sa complexité, ne sont plus compatibles avec un système aussi vulnérable. Windows 3.1 ne savait pas correctement gérer les périphériques USB.

Sur un ordinateur, des versions de logiciels ne sont pas compatibles entre elles, ou pas compatibles avec un matériel obsolète. Des logiciels fantastiques des années 80 ne peuvent plus tourner sur aucune machine aujourd'hui, et ont été remplacées par des outils encore plus géniaux.
S'il était vraiment appréciable d'avoir une encyclopédie sur CD ROM dans les années 80, qui apportait un vrai plus par rapport à sa version papier, cela n'avait rien à voir avec l'expérience Wikipédia, constamment mise à jour, et indépendante des éditeurs.
Ainsi l'industrie automobile ou l'industrie du disque, florissantes dans les années 80, n'ont aucun avenir dans un monde moderne. Polluantes, peu pratiques, fermées sur elles-mêmes, elles ne pourront pas résister à la dématérialisation ambiante.

Quand un ordinateur plante, on le redémarre. Si les plantages persistent et se multiplient, on le réinstalle, si besoin on change d'OS.
Quand la société traverse crise sur crise, qu'elles deviennent mondiales et durables, on trouve un autre système politique, et on remet à jour certains dogmes, on abandonne des industries désuètes.

Qui va appuyer sur le bouton ?

Commentaires

1. Le dimanche, 18 mai 2014, 22:08 par Calcoran

Hum ... et comme chacun le sait, le soucis avec une réinstallation ou un changement d'OS, c'est le risque non négligeable de perdre des données en route :/ .

(ce n'est pas pour dire qu'il ne faut pas le faire, hein, juste que je ne suis pas hyper serein).

Ajouter un commentaire

Les commentaires peuvent être formatés en utilisant une syntaxe wiki simplifiée.

La discussion continue ailleurs

URL de rétrolien : https://merome.net/blog/index.php?trackback/1020