La démocratie à trois euros

Vous le savez si vous lisez ce blog régulièrement ou si vous avez un peu plus de culture que je n'en avais il y a quelques années, notre régime politique, en France, se nomme le gouvernement représentatif. Depuis la révolution, nous confondons cette expression avec la notion de démocratie, ce qui nous empêche de formuler une solution aux nombreux problèmes qui se posent à nous.

Pour parler clairement, si aujourd'hui je considère que l'élection n'est pas démocratique, comment puis-je le faire savoir ?
Soit je n'ai aucun moyen de contester l'élection comme mode de sélection des représentants et dans ce cas, nous ne sommes manifestement pas en démocratie, contrairement à ce qu'on essaie de me faire croire.
Soit mon seul moyen de contester l'élection de façon démocratique est de ... voter pour quelqu'un qui conteste l'élection ?

Vous voyez comme moi le paradoxe, la limite de notre "démocratie" c'est de ne pas pouvoir, de n'avoir aucun moyen de contester que nous y sommes (en démocratie). Je dois l'admettre ou utiliser les outils du gouvernement représentatif pour le faire s'auto-détruire.

Si j'étais le seul hurluberlu à me poser cette question, je vous autoriserais à me railler et à ignorer ma requête paradoxale. Seulement, de nombreux chercheurs, philosophes, penseurs, écrivains ou simple citoyens ont travaillé sur le sujet et sont arrivés à la même conclusion : l'élection n'est pas démocratique, elle est aristocratique. Aristote, Rousseau, mais aussi plus récemment Tolmère, Manin, Sintomer, Rancières, Testart, Badiou, Delannoi ... ont tous écrit des choses sur le sujet et une partie grandissante de la population ne peut que constater et déplorer cet état de fait.

Alors comme je ne suis plus à un coup d'épée dans l'eau près, je me lance dans une nouvelle quête sans doute perdue d'avance, mais une démarche d'honnête homme : je vais essayer de faire comprendre au "système" que je ne me reconnais pas dans ses valeurs démocratiques. En tant que citoyen légalement résidant en France et payant ses impôts, le minimum serait que l'on prenne acte de mon avis, non ?
Après avoir tenté d'attirer l'attention des médias pendant la campagne électorale, et essayé une fois ou deux d'envoyer des mails à nos représentants, je pense que je vais passer à la lettre papier recommandée, un peu plus formelle et donc plus difficile à ignorer.
Rassurez-vous, je ne pense pas être le premier à avoir eu cette idée géniale et j'imagine que les ministères et le gouvernement croulent sous les lettres de mecs qui se plaignent de la clôture de leur voisin et demandent une aide pour monter le spectacle de fin d'année de leur club de tricot. Mais la démarche me paraît logique et légitime : je suis capable de formuler un problème qui ne trouve pas de solution dans le gouvernement représentatif et je crois que nous sommes un certain nombre dans ce cas.

J'ai l'intention de répéter cet acte désespéré aussi longtemps qu'il le faudra, car je pense que la démocratie vaut bien la peine de dépenser 3 euros par mois, même si ma lettre part au broyeur sitôt arrivée. Cela me fera toujours une jolie collection d'accusé de réception à exhiber sur le blog. Et puis je soutiendrai ce qui reste de service public à la Poste (ou pas ?)
Et bien sûr, si j'ai des réponses, je ne manquerai pas de vous les mettre en ligne.

Si cela vous amuse et que vous avez un peu d'argent à perdre (un courrier au président ne nécessite pas d'affranchissement, cela dit), je vous invite à faire de même et à me faire part des retours que vous avez.
Pour faciliter la chose, je vous mets en ligne quelques modèles de lettres à partir desquels vous pourrez composer vous-même le texte de votre choix, en supprimant ou ajoutant des paragraphes.

Lettre médiateur 1 (ODT) Lettre médiateur 1 (PDF)
Lettre médiateur 2 (ODT) Lettre médiateur 2 (PDF)
Lettre médiateur 3 (ODT) Lettre médiateur 3 (PDF)

Votre avis sur ces courriers ? Et selon vous à qui faut-il envoyer ça ? (les modèles sont adressés par défaut au "défenseur des droits", mais on peut changer, je n'ai encore rien envoyé).