Pas moyen de trouver un truc intéressant à dire sur ces élections, alors quelques réflexions pêle-mêle.

Il va bien falloir revoter, puisque nous ne sommes toujours pas en démocratie. Nous allons une nouvelle fois désigner nos maîtres, qui vont gouverner, a priori, pour cinq ans, sans avoir à rendre de compte, sans nous consulter, ou si peu, sans contrôle aucun, avec des risques de corruption et de conflits d'intérêt majeurs.

Amusante schizophrénie : les ministres ne devant pas cumuler, ils devront abandonner à leur suppléant leur siège de député, mais s'ils perdent aux législatives, alors ils devront quitter le gouvernement. Vous y voyez une logique, vous ? C'est à se coincer les parties dans une porte.

Dans mon coin, j'ai la chance d'avoir un candidat communiste ET un candidat Front de Gauche. L'embarras du choix en quelque sorte. A part le sortant (PS), je ne connais aucun des candidats et ne sais pas du tout ce qu'ils valent. Encore eus-je su ce qu'ils valaient que cela ne m'aurait pas plus avancé : le système électif est vérolé au point de corrompre virtuellement le plus innocent des élus. Obligation de loyauté envers son parti, sous peine de non-investiture la prochaine fois, chantage économique et à l'emploi des entreprises du secteur, nécessité de battre la campagne et être bon communicant pour recueillir les suffrages au lieu de travailler les dossiers, ... Prenez le temps de regarder le cirque de l'élection avec un œil objectif, vous arriverez fatalement aux mêmes conclusions : ceci n'a plus aucun sens.

Je me suis regardé deux documentaires sur la campagne présidentielle, celui de Moati et un autre. Je suis surpris de voir à quel point les militants comme les responsables politiques semblent y croire. Sont-ils dupes ou cyniques ? Leur émotion est-elle feinte ou plus liée à leur propre intérêt personnel qu'à l'avancée de la démocratie ?

Bref, je vais voter à nouveau la mort dans l'âme, mais pour ne pas rester les bras croisés, j'envisage d'utiliser le bureau de vote comme outil de diffusion des idées. Je vais m'imprimer un twirl de circonstance et le laisser négligemment traîner dans l'isoloir. Comme par exemple "Ce n'est pas aux hommes au pouvoir d'écrire les règles du pouvoir. POUR UNE ASSEMBLÉE CONSTITUANTE TIRÉE AU SORT !", ou encore : "L'élection est tout sauf démocratique, c'est une justification de façade pour l'oligarchie".
C'est important que chacun de nous soit le vecteur de ces idées, peu importe la forme que cela prend.
Les élections ont pour seul avantage de concentrer l'attention sur un processus citoyen, c'est une fenêtre de tir idéale pour agiter de nouvelles idées, lancer des débats.

Les français semblent chercher un moyen de sortir du cercle vicieux. En 2007, ils plébiscitaient, relativement, Bayrou, après avoir fait accéder Lepen au second tour en 2002, cette année, c'est Mélenchon qui a créé la surprise pendant la campagne. Je n'ai jamais tant vu d'électeurs blasés et de citoyens excédés par ce qui se passe à droite ou à gauche. Les premières mesures gouvernementales tombent et c'en est déjà fini de l'état de grâce présidentiel.
La représentativité théorique de l'assemblée est de plus en plus difficile à soutenir si bien que personne, pas même les membres du parti majoritaire ne se sentent parfaitement représentés.

Un seul mécanisme peut rassembler et fédérer les honnêtes gens, quelles que soient leurs idées : le tirage au sort. Le tirage au sort ne favorise pas la droite ou la gauche, il n'est pas libéral ou communiste, il n'est pas raciste ou permissif, il est juste "nous". Il nous représente dans notre diversité et notre complexité. S'opposer à une représentation par tirage au sort, c'est s'opposer à la démocratie car il n'y a pas de contestation possible de cet outil de sélection.
Cette idée devrait rassembler tous les citoyens frustrés de la politique, de l'extrême droite à l'extrême gauche. Les seuls qui n'ont pas d'intérêt particulier à défendre le tirage au sort, les seuls qui auraient à y perdre, ce sont les élus eux-mêmes. Ils font partie de la matrice et, même de bonne foi, ne peuvent s'en extraire. A l'inverse, personne ne peut s'approprier cette idée et la mettre à son service. C'est l'arme anti-corruption par excellence. On peut gagner une élection dans les médias, sur les marchés, par clientélisme, par une stratégie de parti,... mais aucune de ces facultés particulières ne fait du gagnant un "bon élu".

Instaurer le tirage au sort, c'est mettre en place de façon durable les mécanismes d'une vraie démocratie. Il faut que l'idée fasse son chemin et ce chemin passe par vous et moi, maintenant.

Commentaires

1. Le samedi, 2 juin 2012, 19:08 par vvillenave

On peut partager votre point de vue et se dire que de toute façon tout est pourri... Ou bien, on peut se bouger le cul et réunir des centaines de citoyens motivés pour se réapproprier la vie politique. Ça s'appelle le Parti Pirate, sortie le 10 juin 2012 dans une circonscription près de chez vous : http://legislatives.partipirate.org...

2. Le lundi, 4 juin 2012, 13:50 par Changaco

@vvillenave
Depuis le temps que tu es au PP fr c'est marrant que tu y crois encore. Vous auriez mieux fait de le dissoudre au lieu d'essayer de le faire renaitre régulièrement.

3. Le lundi, 4 juin 2012, 14:46 par Bob

Franchement quand je vois le spot et l'argumentaire "de premiere page" du parti pirate en France, je suis plus que sceptique sur sa capacite a remuer significativement les foules.

L'ouverture des donnees publiques et la securite des donnees privees c'est fort louable mais ce sont un peu des preoccupations de gens qui ont depasse le stade de savoir comment payer les factures a la fin du mois et/ou trouver du boulot, non ?

Est-ce que c'est avec ca que le PP allemand a reussi a motiver assez de monde pour obtenir une quinzaine de sieges ou bien ils ont trouve un moyen plus intelligent de se presenter ?

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