Comme une bulle de savon.

Contrairement aux apparences, nous ne sommes pas en démocratie, et malgré tout le confort matériel dont nous jouissons, notre système économique est mauvais.

Cette phrase résume à elle seule toute la difficulté que l'on a à critiquer un modèle dans lequel on baigne depuis tout petit, qu'on nous présente certes comme perfectible, mais tout à fait ouvert et légitime.
Il faut sortir de sa zone de confort pour observer tout ce qu'on cache sous le tapis et qu'on préfère ne pas voir.

Je visionnais hier "L'île aux fleurs", un vieux documentaire d'il y a 20 ans qui montrait (déjà) l'absurdité et l'inhumanité d'un système économique inique. J'ai peur que rien n'ait changé depuis 1989, ou alors en pire, mais le commun des mortels et moi-même continuons d'ignorer la chose. Cela ne nous empêche ni de dormir, ni de gaspiller nos ressources car on considère ces effets de bord comme des maux nécessaires, inévitables, tristes mais pour lesquels nous n'avons pas de moyens d'action.

Beaucoup de gens avec qui je discute sont de la même façon toujours convaincus que le système électoral et nos institutions permettent ou permettraient l'émergence d'un meilleur monde, s'il existait. Les quelques blogueurs PS que je suis sur twitter s'extasient ainsi de la primaire PS, défendent tel ou tel candidat sans voir qu'il ne va que perpétrer, avec plus ou moins d'empressement et de talent, un système complètement vérolé.

En apparence, tout semble ouvert : le suffrage est universel (même les femmes votent, vous rendez-vous compte ?), les assemblées élues ont leur lot de trublions qui font entendre des voix dissonantes, les syndicats défendent la veuve et l'orphelin, des comités paritaires de tous poils vérifient que tout se fait dans les règles de l'art, tout le monde peut s'exprimer, se présenter aux élections, ... Et pourtant, l'immobilisme de la classe politique est impressionnant. Aubry, Fabius, Juppé, Sarkozy, j'ai le sentiment de les voir à la télé depuis que je suis né et les plus jeunes sont les "filles de". Comment expliquer, si notre système démocratique est aussi ouvert qu'on le prétend, cette absence de changement ? Est-ce parce que tout va bien et qu'il n'a plus aucun problème grave à régler ?

C'est un fait indéniable : ça dysfonctionne de partout, économie, politique, écologie, social, mais personne ne cherche le fin mot de l'histoire. Personne ne semble se demander pourquoi on en est arrivé là. Et alors que l'on sait pertinemment qui sont les responsables, de gauche et de droite, qui nous ont conduit dans l'impasse, on s'apprête à les réélire avec autant de foi qu'au premier jour.

Ouvrons les yeux une fois pour toutes : le problème est systémique. Le culte de la croissance nous conduit au mur écologique et à la misère sociale. Je n'ose même plus répéter pourquoi tellement cela saute aux yeux. Chaque voiture vendue, chaque téléphone portable acheté creuse un peu plus nos tombes et le fossé entre les pauvres et les riches. N'en prendrons-nous véritablement conscient que lorsque nous serons du mauvais côté de la barrière ?
Cette impasse économique ne peut exister que parce que la démocratie est malade. Pire : ce n'en est pas une, c'est une illusion, une chimère. Notre bulletin dans l'urne, une excuse pour fermer les yeux sur toutes les "îles aux fleurs" du monde.
Je ne côtoie pas de gens mauvais, vils au point de souhaiter la misère de leur prochain, pourtant, la démocratie soi-disant représentative de ces gens-là et de moi-même produit de telles inégalités, met de côté des populations entières sans éveiller nos soupçons plus que ça.

Il faut soulever le tapis, mettre les mains dans le cambouis, et observer le monde de façon objective. Le peuple ne peut pas être à l'origine de toutes ces erreurs et nous ne pouvons donc pas les cautionner. On ne va pas nous tenir la main pour que ça change. Nos enfants vivront dans le monde qu'on leur laisse. Nous en sommes pleinement responsables.

Le nez collé
A la vitre glacée
Contre ta télé
Tu plonges la main dans le bocal
Mais il n'en sort que dalle
Ne sens-tu pas que ce que tu veux
N'est pas à toi
Ce que tu vois
Et ce que tu tiens

C'est juste une illusion

Commentaires

1. Le jeudi, 13 octobre 2011, 12:53 par ®om

Une citation qui correspond bien à ton billet :

« La démocratie ne consiste pas à mettre épisodiquement un bulletin dans une urne, à déléguer les pouvoirs à un ou plusieurs élus puis à se désintéresser, s'abstenir, se taire pendant cinq ans. Elle est action continuelle du citoyen non seulement sur les affaires de l'Etat, mais sur celles de la région, de la commune, de la coopérative, de l'association, de la profession. Si cette présence vigilante ne se fait pas sentir, les gouvernements (quels que soient les principes dont ils se recommandent), les corps organisés, les fonctionnaires, les élus, en butte aux pressions de toute sorte de groupes, sont abandonnés à leur propre faiblesse et cèdent bientôt, soit aux tentations de l'arbitraire, soit à la routine et aux droits acquis ... La démocratie n'est efficace que si elle existe partout et en tout temps. »
(Pierre Mandès-France)

2. Le vendredi, 14 octobre 2011, 01:03 par FilGB

"C'est un fait indéniable : ça dysfonctionne de partout, économie, politique, écologie, social, mais personne ne cherche le fin mot de l'histoire."

Ta fibre ultra utopiste reprend le dessus. Le Monde est un empilement de dysfonctionnements, ça a toujours été le cas et je crois sincèrement que l'Histoire nous montre que les dysfonctionnements se réduisent. Ou si leur nombre ne baisse pas, leur conséquences se réduisent.
Sur les populations, lis des choses sur les guerres puniques, sur les grandes invasions, sur le Moyen-Age et ses paysans esclaves, sur la dynastie Bourbon et ce qu'elle a fait subir au Tiers-Etat, etc... Au fur et à mesure des siècles, la situation globale s'améliore je pense et je crois sincèrement que pour arriver à imposer dans les faits des valeurs comme la parité, l'égalité, la solidarité, ce n'est pas en boudant qu'on peut y arriver.

C'est en utilisant les armes et les moyens surtout de ceux qui sont en haut. Donc ca passe par les élections pseudo-(si tu y tiens)démocratiques des Primaires Ecolo aux Legislatives et celles d'après encore. C'est en favorisant ceux qui se rapprochent le plus de nos idées qu'on peut amener nos idées dans le débat.

Le seule façon d'y arriver c'est d'être plus malin que les autres et d'y aller étape par étape.

3. Le vendredi, 14 octobre 2011, 16:44 par Merome

@FilGB : Le problème écologique est nouveau, même les pires guerres saintes n'avaient pas pour conséquence prévisible l'extinction de l'espèce humaine. Je ne sais pas si on peut considérer que globalement, ça s'est amélioré. On peut difficilement comparer les époques : Louis XIV n'avait pas d'Iphone et Jules César pas de télé à écran plat. Par ailleurs, les choses empirent depuis la fin des trente glorieuses, les inégalités s'accroissent, la planète meure à petit feu, et pourtant on n'a jamais eu autant de (pseudo)démocratie que depuis cette époque. Comment l'expliques-tu ?

4. Le samedi, 15 octobre 2011, 01:15 par agase

@merome : facile a expliquer, le plus gros problème écologique actuel se décompose en deux, voire trois gros postes :
- l'habitation : 43 % de la consommation d'énergie
- le transport (les échanges quoi !) : 28 %
- l'agriculture : 20% environ

Le problème écologique actuel vient de là comme tu dis : la consommation d'une énergie très productive et facile d'emploi.

Maintenant, tu serais très fort si tu pouvais affirmer que ce problème va faire disparaitre l'humanité. Réduire la population peut être et encore, je n'en suis pas sur personnellement. Et d'ailleurs qui en est sur ?
Qui est capable par des modèles basés sur des hypothèses de phénomènes passés (modèles climatologiques actuels) de prévoir le climat de demain. Comment va réagir la terre à tout ce qu'on lui fait subir ? Personnellement, je pense qu'on n'est pas capable de le prévoir, trop de facteurs, trop complexe,... Même si certains veulent nous faire croire que c'est bientôt la fin du monde. La fin du monde de qui ? de l'homme actuel ? occidental ? et alors ?

Ca fait un tas de questions tout cela ! avec très peu de réponses.

Personnellement, je pense qu'il faut revenir au bon sens ! mais qu'est ce que le bon sens ? L'Homme ne l'a-t-il pas perdu ?

5. Le samedi, 15 octobre 2011, 03:04 par FilGB

Non, c'est vrai mais Jules César et Louis XVI avaient des palais quand les esclaves n'avaient juste rien.
On peut divaguer à essayer de faire un rapport patrimoine esclaves/patrimoine empereurs/roi comparé à patrimoine SDF/ patrimoine Bill Gates/émirs/sarkozy/seguéla/Bolloré, j'ignore si les le 1er chiffre sera inférieur ou supérieur,cela a-t-il vraiment de l'importance ?

Même si je pense que c'est la destinée de l'espèce humaine, l'humanité ne va pas disparaitre du jour au lendemain, passer de 7 milliards à 0.
Je pense sincèrement que les 9 milliards de 2050 vont apparaitre comme le maximum et qu'ensuite ça baissera (peut-être "grâce" à des conflits mondiaux et des catastrophes naturelles meurtriers sans précédents) jusqu'à se stabiliser à un niveau où consommation énergétique sera équivalente à une consommation durable.

J'y crois sincèrement mais je crois aussi qu'en amenant des gens proches de nos idées au pouvoir le plus rapidement possible, ça peut permettre d'anticiper quelques guerres ou tsunamis "radioactifs"

6. Le mardi, 18 octobre 2011, 15:35 par Alberic13

A lire absolument : Naomie Klein "La stratégie du choc" !!

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