Et si le schtroumpf à lunettes était vert ?

Lorsqu'on commence à parler d'écologie, on dérive rapidement vers ce qu'il est bon ou pas bon de faire, sous le prétexte de la protection de l'environnement. Cela fâche naturellement tout bon libéral, qui pense que la liberté d'agir et d'entreprendre doit outrepasser toute règle et toute taxation, je caricature à peine.

Notamment, il s'agit de définir le bon usage, par opposition au mésusage, dans le but, par exemple, de rendre gratuit le bon usage d'une ressource, tout en taxant ou interdisant le mésusage de cette ressource. L'exemple le plus fréquemment utilisé, surtout en période de sécheresse, concerne l'eau : est-il normal que le prix du litre d'eau qui sert à se laver et à boire soit le même que celui qui sert à remplir sa piscine ou laver sa voiture ?

Inévitablement, une société écologique devra affronter ce type de questionnement, au sujet de toutes les ressources finies dont nous disposons, pétrole, gaz, charbon, métaux, eau potable ...

Aussi, on peut se demander s'il est envisageable, un jour, d'avoir un gouvernement ou une autorité capable de décréter que tel acte est "bon" ou au pire neutre pour la planète, et que tel autre est néfaste et donc proscrit, sans être taxé de moralisateur.
On touche là une question difficile, parce que la nature n'appartient à personne et le préjudice pour la société est très difficile à établir. On a pu voir à l'occasion des débats sur la taxe carbone à quel point ce pouvait être ardu de faire accepter une idée pourtant encore bien loin de ce qu'il faudrait pour espérer avoir une influence sur le réchauffement climatique.

En fait, c'est une question de culture et d'évolution de la conscience collective. Les choses peuvent aller beaucoup plus vite qu'on ne croit dans ce domaine. Par exemple, le dernier duel qui a eu lieu en France date de ... 1967. Aujourd'hui, plus personne ne songe à provoquer de son voisin de la sorte, alors qu'à une certaine époque, cela paraissait tout à fait naturel voire légal.
Il n'est pas improbable, à force de marteler partout le danger que représente la consommation effrénée de ressources finies, qu'une masse critique parvienne à faire élire un pouvoir qui aura légitimité à imposer cette sorte de morale écologiste. Dans tous les cas, le préalable essentiel est que chacun se sente concerné par ces problématiques et qu'il les partage autant que possible avec ses connaissances.

Commentaires

1. Le jeudi, 19 mai 2011, 09:45 par Tassin

Courte mais pertinente réflexion.
Pour creuser un peu l'idée je te conseillerai 2 bouquins que j'ai lu récemment : L'oligarchie ça suffit, vive la démocratie de Hervé Kempf (sur les questions de choix démocratiques)
Et Prospérité sans croissance de Tim Jackson, incontournable sur les "solutions" à la crise écologique.

Mais peut-être les as-tu déjà lus?

2. Le jeudi, 19 mai 2011, 13:13 par Merome

@Tassin : pas lu, mais entendu parlé de celui d'Hervé Kempf. Je lis trop peu, j'ai pas le temps et ça me gave. Et comme je me fournis exclusivement à ma bibliothèque et que je n'y trouve jamais les bouquins intéressants comme ça...

3. Le lundi, 23 mai 2011, 11:40 par Tassin

Tu devrais le trouver à la bibliothèque, ce sont des ouvrages assez diffusés. Et sinon demande-leur de les acheter!

4ème de couv du dernier Kempf :

"Sommes-nous en dictature ? Non. Sommes-nous en démocratie ? Non plus. Les puissances d argent ont acquis une influence démesurée, les grands médias sont contrôlés par les intérêts capitalistes, les lobbies décident des lois en coulisses, les libertés sont jour après jour entamées. Dans tous les pays occidentaux, la démocratie est attaquée par une caste. En réalité, nous sommes entrés dans un régime oligarchique, cette forme politique conçue par les Grecs anciens et qu ont oubliée les politologues : la domination d une petite classe de puissants qui discutent entre pairs et imposent ensuite leurs décisions à l ensemble des citoyens.
Si nous voulons répondre aux défis du XXIe siècle, il faut revenir en démocratie : cela suppose de reconnaître l oligarchie pour ce qu elle est, un régime qui vise à maintenir les privilèges des riches au mépris des urgences sociales et écologiques."

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