Pourquoi c'est beau ça, et ça ça ne l'est pas.

Je reviens avec un autre angle sur un sujet que j'avais déjà abordé en septembre dernier.

La difficulté que nous allons inéluctablement rencontrer dans les années à venir avec la raréfaction des ressources, c'est d'établir ce qu'il est "bon" ou pas de faire avec ce qu'il nous reste.
Jusqu'à maintenant, la limite entre le bien et le mal, pour une société, était assez claire et bien perçue par tout le monde. Il s'agissait de punir ou décourager ce qui pouvait faire du tort à autrui, en gros. On ne tue pas sa femme, même moche. On ne vole pas la voiture du son voisin, même si elle nous plaît. Etc...

Demain, quand l'eau potable se fera rare dans certaines régions, quand le pétrole sera hors de prix, quand le cuivre, le fer, l'argent et la plupart des métaux viendront à manquer, il faudra bien déterminer à quel(s) usage(s) nous pouvons réserver les dernières ressources.
On peut imaginer que la seule augmentation du prix suffira à trier les "bons" usages des "mauvais", mais le risque est d'accentuer fortement les inégalités entre riches et pauvres. Par exemple, si l'eau est hors de prix, cela n'empêchera pas Bill Gates de remplir sa piscine, alors que certains hôpitaux publics n'auront pas les crédits nécessaires pour payer leur facture...

Il faudra donc juger de ce qui est "bon" ou "pas", sans tomber dans le jugement moral des activités de chacun. On a un peu de mal à imaginer aujourd'hui comment on pourrait interdire à certains d'avoir une passion pour les sports mécaniques, par exemple, alors que d'autres loisirs moins énergivores ou polluants seraient encouragés.
Pourtant, aujourd'hui déjà, de tels choix arbitraires sont déjà faits, et acceptés de tous.
Par exemple, l'usage des routes est aujourd'hui parfaitement gratuit. La construction des infrastructures et leur entretien sont assurés par la collectivité. Celui qui ne se déplace qu'à pied, qui n'a pas de voiture, et ne prend même pas les transports en commun parce qu'il travaille chez lui, finance malgré lui les travaux parfois pharaoniques que nécessite la construction des routes.
En revanche, si l'usage de la route est gratuit, il est interdit d'y dépasser une limite arbitraire de vitesse.
Le célibataire sans enfant paye une large part de ses impôts pour assurer la scolarité des gosses des autres.

Ces exemples et de nombreux autres montrent qu'on peut accepter n'importe quelle contrainte pourvu qu'elle corresponde à l'idée qu'on se fait de l'intérêt général. Si demain, tout le monde est enfin conscient des limites de notre planète, il ne sera pas difficile d'imposer, de façon démocratique, des quotas et des limites à l'utilisation des ressources.
La gratuité du bon usage, la taxation, voire l'interdiction du mésusage. La limite entre le bon usage et le mésusage devant être déterminée par un peuple souverain ET correctement informé.

Commentaires

1. Le dimanche, 9 janvier 2011, 03:02 par Stan

bien vu !

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