Tout finit par se savoir.

Permettez-moi de vous livrer une nouvelle fois la synthèse que je fais des dernières actualités que j'ai vu passées : tout se passe comme si les individus, citoyens, employés, ... commençaient à se rendre compte de leur capacité à bousculer l'ordre établi. Ou au moins de leur capacité à essayer de le faire.

La divulgation des câbles diplomatiques par Wikileaks est une illustration parfaite de ce phénomène. Depuis toujours, les modestes exécutants de tous les organismes publics ou privés ont vu passer des choses énormes, choquantes ou illégales sous leurs yeux sans jamais oser les divulguer. Eh bien il semble aujourd'hui qu'ils osent, même si le secret professionnel ou le devoir de réserve les invite à n'en rien faire.

Sur le modèle de Wikileaks, un employé du Conseil Général des Bouches du Rhône a ouvert un site pour diffuser ce qui lui semblait honteux ou malhonnête dans ce qui se passait dans son entreprise publique. Suspendu de ses fonctions, le cadre informatique a maintenu le site en ligne et on peut toujours y lire les écarts de comportements des élus et de la direction de sa collectivité.
Le secret professionnel, petit à petit, disparait. Chez Renault, trois cadres sont suspectés d'avoir transmis des informations au sujet de la voiture électrique à un groupe chinois.
Autour de nous, partout, les langues se délient et les employés se rebellent contre leur hiérarchie ou leur gouvernement. Il y a un aspect revanchard et défiant derrière chacune de ces fuites, un petit côté : "t'as vu, moi aussi je te tiens par les couilles".

La réaction des élites face à la divulgation de ces petits secrets est assez édifiante. Alors qu'ils inspirent ou votent à tour de bras des lois permettant l'espionnage et le flicage de la moindre parcelle de nos vies privées (caméras de surveillance, hadopi, radars automatiques, ...), leur gestion des fonds, pourtant publics, devrait rester parfaitement confidentielle ?

Je ne sais pas si, globalement, nous allons gagner quelque chose à ce grand déballage qui ne fait que commencer. Mais l'absence totale et réciproque de confiance entre les élites et le peuple ne peut que déboucher sur ce genre de choses. La crise économique accélérant le processus.

Commentaires

1. Le vendredi, 7 janvier 2011, 13:58 par Dom

Je tente quelques remarques

1) Quelle est la part due uniquement à l'amélioration de la circulation de l'info (gràce à Internet notamment) qui nuance un peu la question.

2) Une défiance proportionnelle à l'augmentation de la dérive ?

3) Le fait que de nouvelles générations arrivent sur le marché du travail en sachant que fermer sa gueule toute sa vie ne garantie pas la sécurité de l'emploi.

4) Chez ces même nouvelles générations moins de respect au sens condescendant de la hiérarchie et de l'ordre établi. Plus d'aptitudes à changer les choses, habitués qu'ils sont à un monde qui change de plus en plus vite.

5) L'impression que la gratitude de la société a de moins en moins de rapport avec l'implication des gens tant en avantages matériel (argent) qu'en reconnaissance.

2. Le vendredi, 7 janvier 2011, 16:26 par marzi

L'exemple des "cadres Renault" n'est pas bon, pas en rapport avec le reste je trouve. D'autant que là, il s'agit de mec à un niveau "super haut".

3. Le vendredi, 7 janvier 2011, 18:02 par Bob

Mais Merome, au risque de me répéter : personne (sauf peut-être toi) n'a attendu internet pour que tout se sache. Avant internet on avait - et on a toujours - des journalistes d'investigation, le Canard enchaîné etc.

Ça n'a jamais changé grand-chose, les élites fautives sont discrètement relocalisées dans une retraite confortable puis remplacées par un autre exemplaire sorti du même baril... Quand elles ne sont pas carrément remises en selle par les électeurs eux-mêmes (au pif : Juppé, Longuet...)

4. Le samedi, 8 janvier 2011, 11:40 par Merome

@marzi : Tu as peut-être raison.

@bob : Dans cet article-là, je ne parle pas spécifiquement d'internet. Je constate que les sans grades qui, auparavant déjà, savaient les petites combines de leurs chefs ou leurs élites, aujourd'hui se mettent à les divulguer par eux-mêmes, sans avoir besoin de journalistes d'investigation pour ça.

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