Critique du spectacle de François Rollin

Hier soir, j'assistais avec 199 autres personnes au one man show de François Rollin, intitulé "Colères".
François Rollin, plus connu sous le nom du "professeur Rollin" s'est notamment fait remarquer lors de ses apparitions dans la série comique "Palace", où ses interventions mêlaient absurde et langage châtié.

Plus récemment, c'est dans Kaamelott que Rollin interprète l'inénarrable roi Loth, traitre de vocation, entouré de crétins comme tous les chefs de guerre de son époque, sanguinaire et sans scrupule.
On lui doit notamment (ou plutôt le doit-on à Alexandre Astier qui le fait parler) cette citation anthologique :

Votre salope de fille m'a renversé une pleine soupière de bouillon sur toute la zone génitale, ça m'a LITTERALEMENT cuit les boules ! Vous remarquerez à quel point il m'est égal de parler de mes noix à ma belle-mère, famille de tarés !

Après une entrée en scène assez fracassante, Martineau (le personnage qu'incarne Rollin pendant tout le spectacle) nous explique pourquoi on ne peut pas rire de tout. Notamment, il expose sa haine des stars du comique qui gagnent leur vie sur le malheur des honnêtes gens.
Et nous sommes partis pour deux heures de digressions autour de ce thème, sans aucune pause, où les démonstrations quasi-mathématiques sur tableau blanc se mélangent avec les récits fantasmagoriques et paranoïaques du personnage qui n'hésite pas à réveiller les gens au milieu de la nuit pour leur expliquer qu'il ne faut pas faire un écart de 40 cm sur la chaussée pour tourner à droite (sauf en Traction avant).

Nous flirtons avec l'absurde et le n'importe-quoi démesuré, dans des scènes parfois cruelles faisant état d'enfants de quatre ans, souvent nus et maltraités, des horreurs racontées avec tellement de décalage qu'on ne peut s'empêcher d'en rire, malgré leur description tragique.

Je m'attendais à voir un spectacle très textuel, presque professoral, mais finalement, c'est bien l'interprétation de l'acteur qui l'emporte. Le texte semble avoir été écrit au bout le bout, sans véritable organisation, au fil des délires de son auteur. D'ailleurs, la fin du spectacle est brutale, et à mon sens, décevante. Comme si l'idée qui aurait permis de donner une cohérence à tout ce qui avait été évoqué n'a jamais été trouvé et que Rollin est obligé de s'en sortir par une pirouette.

Mise à part cette fin ratée, j'ai passé, avec le reste du public, je crois, un agréable moment. Je recommande à tout ceux qui étaient adeptes du professeur Rollin et qui apprécient l'humour décalé et absurde qui va avec.

L'excellente interprétation de l'acteur (j'ai particulièrement apprécié sa façon d'expliquer pourquoi on peut et on doit rire à l'excellente blague : "Il est un peu tard, madame placard") nous permet de nous interroger même sur un message que l'auteur souhaite faire passer. Notre lâcheté quotidienne, notre laxisme parfois, n'est-il pas à l'origine de la plupart des problèmes importants et sérieux de nos sociétés ?
Y a-t-il un sens, par exemple, à supporter financièrement des associations humanitaires qui œuvrent à l'autre bout de la planète si on n'est pas capable de respecter scrupuleusement les règles de bienséance qui s'imposent dans notre immeuble ou par le code de la route ?
La question, certes insensée, prend un peu de relief après avoir assisté à ce spectacle.

Ajouter un commentaire

Les commentaires peuvent être formatés en utilisant une syntaxe wiki simplifiée.

La discussion continue ailleurs

URL de rétrolien : https://merome.net/blog/index.php?trackback/742