Mystérieuse Aphrodys (7)

C'était un fichier journal de connexions web. Dans notre jargon : un log d'Apache. Difficile d'en retirer quelque chose, à part des statistiques de consultations et des adresses IP de visiteurs, ce dont je n'avais que faire évidemment.

Un collègue est entré dans mon bureau alors que j'étais hypnotisé par les lignes de ce fichier. Il m'a demandé sur quoi je travaillais en ce moment, mais avant que je puisse répondre, il a continué :

- Au fait, tu es au courant ?
- Quoi ?
- Il paraît que le Pentagone a cherché à nous contacter.
- Le Pentagone ?
- Oui, ils ont reçu des connexions de chez nous sur un de leurs serveurs. Une sorte de tentative d'intrusion.
- Sans blague ?
- Je te jure. Ils ont essayé d'appeler le chef, mais comme il est pas là, c'est la secrétaire qui a noté l'appel.
- Et qu'est-ce qu'ils vont faire ?
- Rien, je suppose. C'est un cas isolé, sans doute une erreur ou un spoofing. C'est juste drôle que ça tombe sur nous.
- Très drôle, oui...
- Ça te fait pas rire, toi ?
- Bof...

Il a fait un geste de la main signifiant "laisse tomber", et il est reparti dans son bureau. Je préférais ne pas lui dire ce que je faisais, car cela s'apparentait plus à du piratage qu'à de la défense de la sécurité du réseau. Je me rendais compte que j'étais parti à fond dans cette affaire sans vraiment prendre le temps de la réflexion. Pouvait-il y avoir un lien entre cet appel du Pentagone et Aphrodys ? Ça me semblait impossible. Mais après tout, pourquoi pas ?

Je me suis accordé une pause, en allant chercher une barre chocolatée au distributeur. Mes collègues étaient tous enfermés dans leur bureau, personne ne savait vraiment qui faisait quoi. Sans doute l'un ou l'autre profitait de l'absence du chef pour jouer à un quelconque jeu en ligne, ou faire leurs achats sur internet. J'ai surpris la secrétaire en train de se faire les ongles, son bureau était juste en face du distributeur de boissons.
Après tout, si je n'avais pas réellement été missionné pour résoudre cette affaire, elle me permettait de décrasser un certain nombre de procédures et de connaissances que je n'avais plus appliquées depuis des années.
Je suis retourné à mon bureau, convaincu de la nécessité de résoudre cette énigme, ne serait-ce que pour retrouver un semblant d'équilibre mental.

C'est souvent comme ça que ça se passe : en revenant à mon poste, le fichier ouvert à l'écran, mes yeux sont tombés pile sur la ligne qu'il fallait que je voie. J'ai posé ma barre chocolatée sur mon bureau, après l'avoir à peine entamée, et j'ai exploité immédiatement cette nouvelle piste qui s'offrait à moi.
Grâce à l'adresse IP et au port ouvert que j'avais trouvés l'autre fois, c'était un jeu d'enfant d'arriver sur l'interface d'administration de la webcam.

En quelques minutes à peine, j'ai trouvé la ville où Aphrodys était détenue.

Et vous ?

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