Attention, ceci est la suite d'une histoire commencée ici.

J'avais réussi à entrer en contact avec Aphrodys, même si rapidement elle avait dû mettre fin à la conversation.

J'ai attendu plusieurs heures devant mon écran, espérant qu'elle puisse à nouveau m'envoyer un message. J'ai quitté le bureau assez tard, sans voir de réponse de sa part apparaître.

Quand je suis arrivé chez moi, il faisait nuit. En cette belle journée du mois d'Août, cela signifiait sûrement qu'il était plus de vingt-et-une heures, je n'avais pas regarder ma montre depuis le matin.
Ma femme m'attendait, inquiète ; je rentrais très peu souvent en retard, et quand c'était le cas, je téléphonais pour la prévenir. Accaparé par cette histoire, je n'avais rien fait de tel aujourd'hui.

- Bonsoir, ça va ?
- Oui, ne t'inquiète pas. Juste du boulot.
- Rien de grave ?
- Non, un gros truc qui m'est tombé dessus à l'improviste. Le chef pas là...
- Tu es bizarre, non ?
- Bizarre ? Non, encore l'esprit confus de ma journée, mais rien de grave, je t'assure...

Je ressentais étrangement un sentiment de culpabilité à son égard. Déjà parce qu'elle s'était inquiétée pour rien, alors que j'aurais pu la rassurer simplement en passant un coup de fil, mais aussi parce qu'il se passait quelque chose dans ma relation virtuelle avec Aphrodys. Quelque chose que je n'arrivais pas bien à définir.
La partie bêtement technique de mon métier avait quelque chose d'abrutissant. Il n'était pas rare que j'oublie de manger le midi, ou que j'aie l'air d'un véritable zombie en société, quand j'étais préoccupé par un problème techniquement très pointu. Je ne pouvais partager et évacuer les frustrations que je vivais dans mon métier avec personne. Nous étions une poignée en France à exercer une telle activité, et tenu au secret professionnel, nous échangions très peu. Par ailleurs, le commun des mortels ne pouvait pas comprendre le dixième des difficultés auxquelles nous étions confrontés chaque jour.
Je sentais, dans les réponses d'Aphrodys, dans la façon qu'elle avait eue de m'aborder, une certaine complicité. Comme si, à sa place, je m'y serais pris de la même manière pour trouver de l'aide. C'était idiot de voir les choses sous cet angle après avoir échangé deux mails et quelques mots seulement. Mais c'est sans doute cette gêne que je ressentais devant ma femme, et qu'elle a bien sûr détecté immédiatement, avec son instinct féminin sur-développé qui m'avait d'ailleurs fait tomber amoureux d'elle et l'épouser.

J'ai pris une longue douche pour revenir les pieds sur terre et reconnecter avec la réalité de ma vie civile et nous avons passé une fin de soirée normale. J'ai quand même eu un peu de mal à m'endormir, et je me suis réveillé tôt pour partir au bureau.

J'avais laissé tourner sur mon ordinateur l'application de conversation instantanée que j'avais réussi à installer sur la machine d'Aphrodys. Pendant la nuit, elle m'avait laissé quelques messages :

>J'ai attendu la nuit pour vous répondre.
>Je crois qu'il y a moins de monde pour surveiller la nuit.
>J'ai bien reçu vos message, tout à l'heure.
>Même si je les ai pas tous compris.
>Au début, j'ai cru que c'étaient eux qui essayaient de me piéger.
>Pourquoi avez-vous prétendu vous appeler tour à tour Bob, Smooth, Monsieur Propre, Looping
>Et comment interpréter certaines de vos phrases : "Enleve le haut stp ! ^^", ou "un peu de synthol et nous pourrons tous rentrer" ??
>C'est aussi pour ça que je n'ai pas répondu immédiatement, cela ne vous ressemblait pas.
>Ou alors, c'était un code ?
>Evidemment, la nuit, vous n'êtes pas là pour me répondre...
>Et moi, la journée, je peux être interrompue à tout moment
>J'ai peur.
>Ça fait des jours que je suis ici. Des semaines peut-être. J'ai perdu la notion du temps.
>Les volets sont fermés, je ne vois pas la lumière du jour
>J'ai fouillé tout ce que je pouvais dans ce PC
>Mais dès que je touche à quelque chose de sensible, des gens interviennent
>Maintenant ils ont blindé le truc et je suis coincé
>Chaque fois que j'entends quelqu'un, j'ai peur qu'ils soient allés plus loin
>Et de voir arriver un homme qui a payé pour me...
>Il faut me retrouver... Je vous en supplie.
>J'ai trouvé un fichier sur mon PC qui pourrait vous aider. On dirait un fichier de log ou quelque chose comme ça.
>Je l'ai mis dans un .ZIP, avec un mot de passe, sur MU
>La référence : ZMSTHL19
>Le mot de passe est

L'application avait planté. Ou alors, ils avaient découvert mon intrusion et avaient mis fin à la connexion. En analysant le journal d'évènements de l'application, j'ai pu récupéré les derniers bits qui avaient été transférés mais non décodés : 0 101 10 10000 1011 1.
J'utilisais pour crypter les messages un codage simple, dérivé de l'algorithme de Huffman. C'est un codage qui permet de comprimer les données, et qui est utilisé notamment dans la compression .ZIP. Le principe est simple : les lettres qui apparaissent le plus souvent sont codées sur peu de bits, et les lettres rares, au contraire, sont codées sur des chaines plus longues.

Les caractères, en informatique, sont généralement codés sur 7 bits (en code ASCII). Pour un "e" très courant en langue française, ou un "w" beaucoup moins courant, on utilise le même "espace" de 7 bits. Huffman permet d'optimiser cela : à partir du tableau de fréquence des lettres dans les textes en français, la lettre la plus fréquente est codée sur un seul bit ("0"), les lettres les moins fréquentes peuvent être codées sur plus de 10 bits ("10110101111010"). Les gains d'espace réalisés sur les lettres courantes compensent les pertes sur les lettres moins courantes.

Je me souviens que pour ce cas précis, j'avais simplifié l'algorithme en me contentant de numéroter en binaire les lettres dans l'ordre décroissant de leur fréquence d'apparition : 0 pour le 'E', 1 pour le 'A', 10 pour le 'I' ...Il me suffisait d'utiliser ce code pour retrouver le mot de passe du fichier ZIP à partir des derniers bits reçus.

Si vous avez suivi, récupéré le fichier et visualisé son contenu, je vous expliquerai ce qu'on peut en faire bientôt. J'attends bien sûr de vos nouvelles en commentaires.

Commentaires

1. Le samedi, 7 août 2010, 15:37 par Bob

Dis donc, sur quel genre de sites t'es allé surfer pour récupérer des trucs pareils ? :)

2. Le dimanche, 8 août 2010, 11:45 par Lilian

Hop, fichier récupéré, énigme sympathique.

Le fichier log, tu l'as forgé perso ou tu as un cloud de serveurs XXX dans lesquels tu as pris les logs ? :D

3. Le dimanche, 8 août 2010, 12:09 par Merome

C'est un fichier log à moi que j'ai un peu trituré.

4. Le dimanche, 8 août 2010, 13:48 par Smooth

Bande de coquins :)

5. Le dimanche, 8 août 2010, 18:11 par Molmo

Sur MU ils indiquent que le fichier n'est plus dispo :(

6. Le dimanche, 8 août 2010, 20:02 par Merome

Molmo : MU déconne par moment. En rechargeant la page ça remarche au bout d'un moment...

7. Le dimanche, 8 août 2010, 21:30 par ledjay

fichier n'est présentement pas disponible ...

Bonsoir Merome
Apres 15 minutes de tentatives infructueuses, j'abandonne...
je vois la taille du fichier 3.87 Kb mais ne peut rien en faire...

8. Le lundi, 9 août 2010, 08:41 par Merome

Bizarre, ça marche chez moi à l'heure de ce commentaire.

Au cas où, le fichier est téléchargeable aussi ici.

9. Le lundi, 9 août 2010, 09:38 par Carine

Fichier récupéré :)
Mérome, ton lien indique une erreur 404... Sinon MU fonctionne parfaitement chez moi ce matin.

10. Le lundi, 9 août 2010, 10:14 par JP

Check Point

11. Le lundi, 9 août 2010, 11:46 par Merome

Carine : j'ai corrigé mon lien. Merci.

12. Le jeudi, 9 septembre 2010, 00:04 par krka

avec du retard, c'est OK pour moi :)

13. Le jeudi, 21 octobre 2010, 20:59 par IAN

J'ai eu droit à Lara212 sur Megaupload ... moins classe qu'aphrodys :(

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