Qu'en penser ?

Vous en avez forcément entendu parler vu que je suis le dernier à en faire un article. Les médias se sont emparés du sujet comme si c'était une catastrophe naturelle. Pourtant, je n'arrive pas à m'ôter de l'idée que cette nouvelle façon de faire se rassembler les gens est porteuse d'espoir.
Je n'ai pas de compte Facebook, et quand je vois comment ça tourne, je ne le regrette pas et n'en aurai sans doute jamais. Je ne vais donc pas défendre le concept par solidarité avec une communauté que je ne connais pas. Mais l'idée que l'on puisse, au nez et à la barbe des autorités et des médias, monter une manif' géante en quelques jours, me plaît.
Bien sûr, pour l'instant, le mot d'ordre de la réunion publique est assez basique et consensuel. On se donne rendez-vous pour boire un coup. Même moi qui ne boit pas une goutte d'alcool, je pourrais adhérer au concept, pour son côté convivial.
D'un autre côté, les syndicats et autres associations qui revendiquent un certain nombre de choses sérieuses ont toutes les peines du monde à réunir du monde pour faire pression sur le gouvernement. On se rend bien compte avec ces deux exemples de l'importance du mot d'ordre. Il doit être à la fois clair, massivement admis et peu contraignant. Dès que vous entrez dans les profondeurs d'un syndicat ou d'un parti politique, vous mesurez l'étendue des dissensions qui y règnent. Ce n'est pas DSK qui dira le contraire, lui qui eu le malheur de dire des choses d'une autre façon que son parti de prédilection. Si DSK faisait un apéro facebook sur le thème des retraites, peut-être serait-il tout seul dans la rue ?

On peut espérer qu'un jour, quelqu'un d'intelligent saura mettre le doigt sur un dysfonctionnement majeur de la société et le formuler de telle sorte qu'il pourra réunir un paquet de monde derrière ce mot d'ordre. Et, grâce à Facebook, mais plus généralement grâce au web dans toute sa splendeur, il sera capable de lever une "armée" bien plus vite que le gouvernement ne pourra mobiliser un service d'ordre pour le contenir, ou un lobbying médiatique pour le décrédibiliser.

Si un tel mot d'ordre communément admis n'existe pas, car il n'est peut-être pas possible de rassembler une masse critique de gens derrière une seule idée, on peut au moins considérer que cette capacité de mobiliser un grand nombre de personnes en peu de temps est une sorte d'assurance-démocratie, qui nous évitera de subir des assauts dictatoriaux d'un éventuel tyran qui se retrouverait au pouvoir. Admettons qu'un nouvel Hitler se mette en tête d'interdire l'internet, je prédis qu'un paquet de Bastille vont tomber rapidement.

Au-delà du problème de sécurité publique que ces réunions publiques d'un nouveau genre peuvent causer, vous avez compris que je vois plutôt tout cela d'un assez bon œil. C'est une suite logique du web2.0 qui pourra encore évoluer vers une prise de conscience généralisée d'un tas de choses plus profondes et intéressantes. C'est aussi une preuve flagrante du pouvoir que l'individu peut avoir dans la société moderne. À chacun d'en faire bon usage pour faire avancer les choses dans le bon sens.

Commentaires

1. Le lundi, 24 mai 2010, 16:50 par Fil

Ton assurance-démocratie me semble bien légère. Un sénateur ( http://www.pcinpact.com/actu/news/5... ) et plus généralement la classe politique entière a pour objectif principal d'empêcher l'anonymat sur Internet.

Même plus le droit de surfer avec une burka ou une cagoule.

Fini les Maitre Eolas, fini les témoignages d'employés de grandes entreprises, fini les Food'amour et tous les autres profs qui balancent sur les vrais entrailles des services publics.
Fini la liberté d'expression en somme.

Et pour contrer ça j'ai de gros doute que Internet ait la capacité à se faire mobiliser les gens.

2. Le lundi, 24 mai 2010, 19:24 par Merome

@Fil : Selon toi, c'est l'anonymat d'internet qui permet de faire de grandes choses ? Aujourd'hui, est-on véritablement anonyme ? Notre FAI nous a attribué une adresse IP de telle heure à telle heure. Si cette adresse IP a posté sur un forum, un blog, ... Il est facile de retrouver l'auteur.

À mon sens, c'est la décentralisation de l'internet plus que l'anonymat qui est importante. C'est le fait que toi et moi, sans rien demander à personne, on puisse écrire un truc qui, potentiellement, peut être lu par 6 milliards de personnes dans la seconde qui suit. C'est ça la force du Net, bien plus que le relatif anonymat. Faire des lettres anonymes, ça a toujours été possible, et ça n'a jamais été très courageux. Diffuser l'info en s'affranchissant des éditeurs, des censeurs, des relecteurs, des filtreurs, ça c'est puissant. Et je pense que le Net étant construit comme ça par nature, on n'est pas prêt de nous confisquer ce nouveau joujou.

3. Le lundi, 24 mai 2010, 23:18 par Stef

"Qu'en pensez ?"

Que c'est une belle faute. ;p

4. Le mardi, 25 mai 2010, 01:13 par Fil

L'anonymat complet est possible selon moi (cf mon dernier billet)

La force que tu décris est aussi une faiblesse, tes billets peuvent être lus par 6 milliards de gugus mais ca veut dire aussi que 6 milliard de gugus peuvent écrire.
Sans vouloir faire l'élitiste à deux balles, beaucoup de gugus, en France aussi, même peut-être moi selon certains, feraient mieux de ne pas écrire, de ne pas essayer d'influencer quoi que ce soit tant leurs idées sont limitées.

Et quand bien même la masse érigerait certains orateurs de l'internet au rang de guide de la contestation, alors à ce moment là, le pouvoir en place pourrait cibler et intimider "IRL" ces internautes là. Les autres allant dans le sens que veut bien le pouvoir en place étant alors aidés, subventionnés, orientés... tiens ça me fait penser à quelque chose ça... ah oui les journaux, la radio et la télé.

5. Le mardi, 25 mai 2010, 08:51 par Merome

@Stef : oups, merci.

@Fil : Le fait que tout le monde puisse écrire n'est pas, à mon sens, une faiblesse. Parce que la magie du pageranking fait en sorte que ce qui est bon est mieux référencé. Par exemple, je ne crois pas être tombé plus de 10 fois dans ma vie d'internaute, sur un skyblog. Pourtant, ceux-ci ont pullulé à une certaine époque mais le faible intérêt de leur contenu (en général) les a écartés de mon chemin tout seul.

En ce qui concerne ta crainte d'intimidation IRL, pour l'instant, je ne la partage pas. D'ailleurs Eolas parle un peu de ça dans son billet sur le sujet. "Les ex-RG semblaient avoir pour mission d’espionner la France. Voyez qu’un simple apéro Facebook les laisse désarmés. Amis paranos, dormez en paix."

6. Le mardi, 25 mai 2010, 14:53 par Agase

@merome : Crois-tu vraiment que ce qui ressort le plus est toujours bon ? Je ne le pense personnellement pas. C'est simplement ce qui est le plus consulté et je trouve là que la différence est grande.
Maintenant, est-ce bon ou pas d'être surveillé à outrance ? Je ne sais pas ? Quand on n'a rien à cacher ?

7. Le samedi, 29 mai 2010, 11:05 par flashman1974

De ce 'livre de visages' j'en suis revenu, ayant pourtant fait partie assez vite des personnes s'y étant inscrites. Après 3 mois de sevrage, j'ai pu mesurer à quel point la vie sans Facebook est plus saine. Le bilan a dans mon cas a été que j'y ai perdu une amie de 5 ans, très sympathique au demeurant mais d'une jalousie maladive terrible alors que nous étions simplement amis.

Mais par ce système pernicieux où tout le monde partage tout et n'importe quoi, mon amie s'est tout simplement rendu compte que j'avais une vie sociale en dehors notre relation. Et cela a amené la fin de notre relation.

Je ne dis pas que ce cas précis son attitude était justifié ou normale, j'ai juste réalisé que sans Facebook cela ne serait pas arrivé.

Ce qui est dingue est que le jour où j'ai décidé de retirer mon inscription à ce site dont d'ailleurs on ne peut pas se désincrire totalement (incroyable mais vrai !), j'ai ressenti comme une gêne de sevrage avec cette question lancinante : comment vais je faire sans Facebook ?

On se rassure 24h plus tard tout allait bien, j'ai gagné 1 h sur mon emploi du temps personnel, je ne suis plus informé de la de la progression de mes amis sur des jeux débiles, je ne suis plus 'ami' avec des gens que parfois je n'avais vu qu'une fois dans ma vie et au bout du compte cela ne me manque aucunement.

Ce qui me dérange davantage est cette mode tendant à faire de la vie privée une notion has been dont nos enfants n'auraient plus à considérer la nécessité, cela oui ça me fait un peu peur ...

8. Le samedi, 29 mai 2010, 11:50 par Merome

Tiens, ça me fait penser à cet épisode de It Crowd : http://titc-stream.fr/saison3/episode.php?numero=5

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