Episode 15 : Les maths

Faisons un peu le tour des matières, après avoir détaillé la plupart des souvenirs matériels de l'école dans les épisodes précédents.

Je commence par les maths, parce que c'était sans conteste ma matière préférée. Le "calcul", déjà, à l'école primaire, m'intéressait et j'y étais relativement à l'aise. En calcul mental, je griffonnais frénétiquement sur mon ardoise le résultats des calculs énoncés par la maitresse pour être le premier à la lever (l'ardoise, pas la maîtresse) au grand désespoir de mes camarades.

Le calcul était un jeu, les chiffres étaient presque vivants, je m'amusais avec eux. Les chiffres pairs avaient ma préférence. Au point de préférer un 16/20 qu'un 17/20 qui sonnait moins bien à mes oreilles. La douceur du chiffre pair n'avait d'égale que la froideur du chiffre impair. Cela ne s'explique pas.

C'était encore les débuts des maths modernes. La théorie des ensembles, notamment, laissaient mes parents de marbre, dès l'école primaire. A inter B, c'était du chinois pour eux. A union B, c'était presque blasphématoire. Pourtant, tout cela me semblait extrêmement naturel.

En 6ème, j'ai eu une première douche froide, dès le début de l'année, avec une leçon sur la preuve par neuf, pour vérifier le résultat d'une division. Pour la première fois (mais pas la dernière, malheureusement), je n'avais strictement rien capté à la méthode. J'avais levé le doigt pour le signaler à la prof, avec beaucoup d'innocence, je crois : dans ma tête, j'étais encore materné à l'école primaire du petit village où on était 4 ou 5 par cours dans une classe unique.
Après plusieurs explications, et avoir été carrément convoqué au tableau pour faire l'exercice avec la prof, j'avais fini par comprendre, et elle m'a alors dit : "Tu comprends vite, mais il faut t'expliquer longtemps". C'était la première fois que j'entendais cette expression, qui avait sans doute achevé ma crédibilité aux yeux de la classe. Et qui a dû inhiber par la suite bien des prises de paroles, pour éviter la honte de dire une connerie en public.
Le traumatisme était cependant tout relatif, car j'ai survolé le reste des cours de maths du collège sans autre problème (au point d'être qualifié par le principal de "locomotive de la classe", en quatrième, je crois !).
La preuve par neuf me semble d'ailleurs une anomalie des mathématiques qui ne doit plus être enseignée de nos jours. Bien plus compliquée que la division elle-même, elle ne permet même pas de s'assurer de l'exactitude de son résultat, mais met juste en évidence une erreur éventuelle.

Le collège était aussi l'époque de l'apprentissage de l'utilisation de la calculette. Mes parents en avait une très vieille, à cristaux liquide vert, de marque Canon. Fascinante. Avec les frangins on avait trouvé une combinaison de touche qui la faisait s'éteindre, sans toucher l'interrupteur marche/arrêt.
Et puis si on tapait le nombre 35383773 et qu'on regardait la calculette à l'envers, on pouvait lire une grossièreté assez osée pour mon âge de l'époque.

J'aimais autant la géométrie que le reste, mais j'y étais moins bon. D'abord à cause du soin et de mes deux mains gauches qui m'empêchaient d'utiliser un compas sans crever l'œil de mon voisin. Et puis, il y avait de drôles de questions qui me laissaient pantois : après avoir tracé segments, symétries, triangles et cercles, l'énoncé demandait : "Que remarquez-vous ?".
Je ne saisissais pas le sens de cette question. Ce que je remarquais, surtout, c'est que j'avais passé un temps fou pour dessiner ce merdier et qu'il y avait des traces de crayon mal gommé un peu partout, quand la feuille n'était pas toute froissée. Comment savoir si la prof attendait que je découvre un alignement de points, un triangle particulier ou une symétrie à la con ? On peut voir tellement de choses dans ces figures ?
C'est un peu comme ces tests idiots où il faut trouver l'intrus dans une liste de mots. Il y a toujours plusieurs critères qui permettent d'isoler le mot qu'on veut. Le nombre de lettres, le champ lexical, la famille, le genre, le sens...

Au lycée, c'est devenu un peu plus raide, mais je me suis accroché jusqu'au Bac C. Même lorsque les résultats n'étaient plus aussi fameux, c'était toujours un plaisir ludique que de manipuler des nombres, des fonctions, et de résoudre des problèmes. Et puis, on commençait à programmer les machines, à faire des trucs qui se rapprochaient de ma vocation.

Après le bac, me spécialisant dans l'informatique, les maths sont devenus un peu secondaires, mais toujours présentes. Bizarrement, tous les profs commençaient chaque année par la fameuse théorie des ensembles. Presque toujours avec un angle différent pour aboutir à la partie des mathématiques qu'ils souhaitaient aborder, la logique booléenne, le calcul matriciel, les statistiques, les probabilités et autres joyeusetés.

Je garde un bon souvenir de la logique et de ses modus ponendo ponens qui permettait de faire des déductions logiques à partir d'affirmations en français dans le texte. C'était d'autant plus agréable que le prof qu'on avait était une quiche en logique, et qu'on comprenait mieux que lui. Un prof détestable qui nous foutait une trouille bleue et piquait des colères fameuses. Il faisait moins le malin à ces moments-là.
J'ai bien aimé aussi le codage en C du crible d'Eratosthène, pour connaître la liste des nombres premiers jusqu'à un entier n.
Les statistiques et les probas, en revanche, m'ont laissé de marbre, car trop irréels. La probabilité de lancer deux dés ensemble ou les mêmes dés l'un après l'autre, ça change tout, figurez-vous. Les tirages avec remise ou sans remise. Bien trop compliqué pour moi.

Une fois arrivé à Bac +2, on nous a dit : attention, pour continuer, il faut être fort en maths. Alors, on a un peu angoissé en reprenant une licence informatique, où on nous a appris... la théorie des ensembles. La même qu'à l'école primaire, toujours. Un peu plus poussée c'est tout.

Au final, j'ai passé beaucoup de bons moments en faisant des maths. Je sais que ce n'est pas le cas de tout le monde, aussi, j'ai pris plaisir à vous faire part de mon expérience, et je serais tout aussi heureux d'entendre la vôtre, bonne ou mauvaise, sur ce sujet...

Commentaires

1. Le mardi, 15 décembre 2009, 23:47 par Flashman1974

Salut Merome pour ma part mon meilleur souvenir de maths provient du premier jour de ma seconde année d'écoles de communication. Après avoir atterri un peu par hasard en bac E alors que je détestais la techno, j'ai avalé comme tout élève de cette série ou de la C environ 8 heures de maths par semaine au bas mot. Indigestion et en débarquant dans les études supérieures je m'étais promis de fuir cette matière.

Bien mauvais hasard car certes ce n'était plus que deux heures par semaine qui ponctuaient notre emploi du temps. Sauf que le prof était également prof' en école d'ingé et en maths sup' et avaient l'ambition affichée de nous caler un programme similaire en deux heures par semaine. Le boycott était complet, les notes de toute la promo évoluaient entre 0 et 4 et le bonhomme a fini par demander un changement de poste lol ...

2. Le mercredi, 16 décembre 2009, 00:56 par Stef

Amusant, j'avais l'impression de lire mon parcours sur la premiere partie, du calcul mental flash (je divise encore les additions de resto entre potes bien plus vite qu'ils ne tapent le calcul sur leurs téléphones :) ), au 1er de classe au collège (en Maths, pas forcément le reste...).
Ca s'est dégradé au Lycée, apres une seconde efficace, je suis tombé sur 2 boulets de profs inefficaces, detestables avec 0 de pédagogie, (comme seule l'éducation nationale peut parfois en fournir) a un âge ou malheureusement je manquais de maturité pour aller chercher ailleurs les informations et surtout me motiver a travailler pour moi et non plus contre eux...
9 au BAC C (= S pour les plus jeunes lecteurs) et un dégout des maths qui m'a orienté vers des études plus biologie/chimie.

Dernier détail nostalgique (puisque c'est le thème) : j'ai toujours ma vieille Casio fx-180p (en gros une Casio college) qui m'a permis d'obtenir tous mes diplomes et avec laquelle je travaille encore. Simple mais efficace.

3. Le mercredi, 16 décembre 2009, 15:43 par Fil

Je me suis retenu d'éclater de rire sur l'épisode du compas ! :-D

Un peu pareil que vous mais en plus feignasse encore.
Idem pour les ardoises.
Idem pour le collège.
Le lycée s'est moins bien passé par contre, continuant sur ma lancée de ne rien branler, j'ai tenu un 10/12 de moyenne sans étincelles. La 1ere S fut un échec cuisant et il y eu réorientation là où il y avait plus de concret : eco-socio et histoire-geo. Les maths alors sont redevenus un bon moyen de gonfler la moyenne.

A tel point que j'ai cru me passionner pour les statistiques et les proba et je suis parti là-dessus dans des études où j'ai lutté pour obtenir un DUT. Depuis j'ai décrété que les études ne m'aimaient pas. NA.

Pour l'anecdote, je me souviens juste d'un 19,5/20 en interro sur les Proba en Terminale qui m'avait un peu vexé. :)

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