Les grands chefs n'ont qu'un point commun : ils ne se battent que pour la dignité des faibles.

Ne captant toujours pas M6 dans mon trou perdu, je suis arrivé dans Kaamelott sur le tard, vers le livre III. J'ai rapidement accroché à l'insondable connerie de Perceval et de ses jeux de sociétés débiles. Mais je me rends compte que j'ai déjà parlé de tout ça ici.

Le livre V s'était différencié des précédents par son format (deux longs épisodes, plutôt que des pastilles de quelques minutes) et son style, beaucoup plus sérieux. Il se terminait notamment sur un gros cliffhanger bien dramatique.

Alors que le changement de ton de la série avait déboussolé quelques aficionados qui cherchait une série de remplacement à Caméra Café, que Kaamelott remplaçait, le livre VI s'annonçait encore plus bizarre : 9 épisodes de 45-50 minutes, et se déroulant 15 ans avant la naissance de Kaamelott. Un flashback censé expliquer comment Arthur est arrivé en Bretagne, et comment il s'est entouré des chevaliers au courage chancelant et aux qualités douteuses.

On retrouve donc Arthur, rajeuni de quinze ans, engagé dans la milice romaine, et l'on suit son ascension rapide et tout à fait étrange jusqu'au titre de roi de Bretagne.
Ne connaissant pas la légende du roi Arthur, je ne sais pas à quel point Kaamelott y est fidèle, mais l'intérêt historique de la série est de plus en plus réel.

La plupart des fictions qui relatent ces époques troublées mettent en scène des personnages héroïques, courageux et cultivés, en face de grands méchants qui ont toutes sortes de défauts. On en oublierait presque que la plupart des gens de l'époque ne savaient ni lire ni écrire, encore moins compter. On oublierait aussi leur couardise et leur lâcheté. Alexandre Astier entâche ces héros en montrant une Rome décadente, des généraux simplets, et des méthodes politiques tout à fait humaines, c'est à dire faites d'influences, de bassesses et de tricheries.

César, incarné par un excellent Pierre Mondy, est l'archétype du "héros" écorché par Alexandre Astier. Présenté comme un vieillard plus ou moins sénile, avec toutefois une forme de sagesse et de lucidité sur ses réelles compétences et qualités.

On ne devient pas chef parce qu'on le mérite (andouille), on devient chef par un concours de circonstances, on le mérite après.

Les dialogues sont toujours aussi somptueux et parsemés d'argot tout à fait anachronique mais délicieux. Le roi Loth, incarné par François Rollin, est une mine de citations à lui tout seul, dans le registre de la trahison :

Votre salope de fille m'a renversé une pleine soupière de bouillon sur toute la zone génitale, ça m'a LITTERALEMENT cuit les boules ! Vous remarquerez à quel point il m'est égal de parler de mes noix à ma belle-mère, famille de tarés !

Ecoutez, comme ça a priori ça m'évoque rien, mais honnêtement c'est possible, ce serait assez le genre de la maison en tout cas ! Mais voyez l'ironie, si j'avais pas fomenté une attaque par l'ouest, vous seriez allé vous écraser contre les romains à l'est ! Oui alors pourquoi, pourquoi trahir sans arrêt les gens avec qui je collabore ? Je dirais que c'est une réponse compulsive à une peur de m'attacher, briser une relation plutot que de la cultiver pour ne pas se retrouver démuni face au bonheur ! Oui pour répondre à votre question : j'ai peur d'aimer !

Et puis tous les personnages prennent leur place et tout s'explique enfin. Des fringales de Karadoc au mariage blanc forcé d'Arthur avec Guenièvre, tout prend un sens nouveau et l'attachement aux personnages, qui était déjà solide, devient encore plus puissant. On veut connaître la suite, on veut savoir ce qu'il se passe.

La fin de ce livre ne laisse aucune équivoque sur la possibilité d'une suite qui s'annonce plus héroïque que jamais. Ce ne sera sans doute pas à la télévision mais au cinéma. Alexandre Astier souhaiterait une trilogie. Espérons qu'il parviendra à ses fins.
Mais combien de temps devrons-nous attendre ?

Mais comme on dit dans le royaume de Logres :

Patience est mère de famille

Commentaires

1. Le dimanche, 8 novembre 2009, 23:16 par Calcifer

Un grand merci à toi pour avoir pris le temps de me convertir à cette somptueuse série qui me rebutait au début, je serais passé à côté d'un chef d'oeuvre, oui "tout à fait" !

"On en a gros" que ça soit déjà fini le livre VI et "doublement gros" pour l'attente de la suite mais bon dieu que c'est bon.

AA est un véritable génie !!!

2. Le lundi, 9 novembre 2009, 08:16 par Merome

Pas de quoi, c'était ma croisade à moi :)

3. Le lundi, 9 novembre 2009, 10:19 par mh,

J'adooooooore Kamelott, j'aurais voulu être capable d'écrire un truc pareil. AAstier est... est une grand scénariste réalisateur que sais-je J'avais été moins convaincue par la longue chose du livre V mais avec le VI je me tais et j'attends moi aussi la suite avec impatience.
Je crois que je suis entrain de devenir fan idiote. C'est grave ???

mh, en faneu idiote

4. Le mercredi, 11 novembre 2009, 13:57 par cpolitic

vous aussi vous avez tilté sur le principe des vrais chefs et la dignité des plus faibles
Immédiatement une pensée à sarko. Un argument contre sa politique totalement imparable

Après le coté comique de kaamelott c la cerise sur le gateau ;-)

5. Le mercredi, 11 mai 2011, 19:24 par Alice

Vraiment classe Kaamelott! Trop drôle! Les dialogues, les personnages, les histoires! J'aime trop!
http://alice815.unblog.fr/
Alice

6. Le lundi, 11 mai 2015, 01:45 par Sylvain

Voilà , je suis un grand fan de la série et d'ailleurs j'ai tout les tomes , je les écoutes toute les nuits avant de m'endormir ...
Récemment j'ai remarqué quelques chose qui ma déranger ; ça se passe livre 6 épisode 3 ou 4 il me semble ....
C'est le moment ou Arthur laisse de l'argent a Merlin car il doit se rendre a la villa Aconia , plus tard Arthur reviens après un bon bain et une petite liquette propre ... Et la on entend Merlin complètement bourré qui lui dit que en l'attendant il a picoler , donc pour nous il est saoul , mais deux minutes après , une fois qu'Arthur la bousculer pour pouvoir lui dire qu'il faut organiser une quête , la il est complètement sérieux ...
Alors ma question c,est pourquoi a t'il fait samblant d'être saoul et surtout pourquoi Arthur ne lui a t'il pas fait la remarque ?

7. Le mardi, 12 mai 2015, 08:21 par Merome

@Sylvain : Il me semble que Merlin déssoule quand Arthur lui met la tête dans la fontaine. Mais bon, Kaamelott n'est pas forcément une série hyper réaliste, hein ?

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