On a tous cette impression de maitriser totalement notre environnement et de ne pas céder aux sirènes consuméristes. On a tort.

Je parle souvent, ici et ailleurs, de l'influence néfaste de la publicité sur nos comportements. Et souvent, ici et ailleurs, je tombe en face de gens qui disent n'être pas influencés, en aucune façon, par la publicité. Soit parce qu'ils ne la regardent pas, soit parce qu'ils s'estiment suffisamment intelligents et fort pour décider d'eux-mêmes ce qu'ils consomment.

À mon avis, ils ont tort. Eux, comme moi, sommes totalement conditionnés pour ressembler à l'image que nous renvoie la société, et particulièrement à travers la publicité, de l'homme/la femme parfait(e).

À ceux qui "ne regardent jamais la pub". Quelques petits tests :



Ceux qui ne reconnaissent pas un seul de ces logos, ok, je veux bien croire qu'ils ne sont pas influencés. Et si je vous dit 118 218, ou même 118 712, je suis sûr que vous chantonnez dans votre tête. Et pourtant vous ne regardez pas la pub ? Mince alors.

Ce n'est pas un hasard si les casseurs de pub sont de fervents décroissants, à l'origine de la publication du journal "La décroissance", et un peu trop radicaux à mon goût, je l'ai déjà dit.
Par exemple, ils n'arrêtent pas de casser du sucre sur le dos de Nicolas Hulot. Ce dernier n'est certes pas exempt de tout reproche, mais ces dernières années, il a quand même beaucoup fait pour défendre la même cause, au point de commencer à gêner ses sponsors qui sont, eux, pour le coup, tout sauf décroissants.

La publicité est partout, et pas que dans la publicité. C'est bien là le piège. Les annonceurs sont partout, dans les films, dans les écoles, dans les clips, de façon plus ou moins ostentatoire... Google se cache derrière Firefox, Windows se vend tout seul avec les PC de toutes marques ou presque, les journaux appartiennent aux industriels, Bouygues est derrière TF1, Leroy Merlin derrière D&Co et Williams Saurin derrière Koh Lanta...

Et puis, nous sommes peut-être encore plus influencés par nos voisins, nos amis, notre famille. Ce que j'appelle "les codes sociaux" (sans rien y connaître en sociologie). La marginalité nous effraie. La différence nous fait peur. Du choix de sa destination de vacances, jusqu'à son mode de transport quotidien, que choisissons-nous vraiment, en pesant avec NOS critères le pour et le contre ?

Si j'avais, si j'avais ça, je serais ceci, je serais cela, sans chose je n'existe pas, les regards glissent sur moi.

Il est difficile d'avouer ne pas être totalement responsable de ses actes. On niera toujours l'évidence, comme quelqu'un en état d'ébriété manifeste mais qui veut quand même prendre sa voiture.
Pire : la première cigarette fait toujours tousser, elle n'est jamais agréable, et tout le monde connaît aujourd'hui sa nocivité. Cela n'empêche pas de milliers de jeunes de se mettre à fumer pour ressembler à un "idéal" très conformiste.

D'une manière générale, en matière d'écologie, on cherchera toujours une excuse pour ne rien faire.
Soit les solutions sont trop radicales, soit elles sont trop chères, soit le messager n'est pas cohérent (Nicolas Hulot, Arthus Bertrand), soit on peste contre le manque de solutions alternatives, soit au contraire on fait confiance au progrès pour régler ça ... plus tard.

C'est ici et maintenant qu'il faut regarder les choses en face : nous sommes et avons été mauvais gestionnaires des ressources de notre planète, et nous sommes aujourd'hui incapables de l'admettre suffisamment pour que ça change vraiment. Une attitude que l'on critique souvent chez les politiciens, ou nos supérieurs hiérarchiques, qui n'admettent jamais leurs erreurs et réécrivent l'Histoire pour se convaincre une nouvelle fois des choix pertinents qu'ils ont fait.

Commentaires

1. Le jeudi, 8 octobre 2009, 22:42 par Agase

5/6. Je ne vois pas ce que peut être le logo rouge.

Et pourtant, je ne bois pas d'Evian, je ne m'achète jamais de NIke ni de mercedes. Je ne bois pas d'Heineken et je ne suis plus chez FT. :)

Maintenant, il est vrai que ce sont des choses que l'on peut connaitre mais ce n'est pas pour cela que l'on va les consommer. En revanche, je suis d'accord avec le fait que les "coutumes" sont fortes et que s'en écarter revient presque à se marginaliser. Et cela, on le ressent aussi bien en famille mais surtout je trouve au travail.

Cet aspect me semble encore plus important que la pub commerciale. Mais ca, c'est ce qu'on appelle la société ?

2. Le vendredi, 9 octobre 2009, 11:48 par Merome

Arnaud : Oui, c'est ce qu'on appelle la "société", et c'est important de noter que personne ne dicte clairement ce que la société doit faire (même si la publicité ou les lois, crédits d'impots ... influencent). On est effectivement libre de consommer ou pas tel produit, de suivre telle ou telle tendance ou mode, c'est pour ça que je pense que c'est à nous d'abord d'agir de façon responsable, pour faire que la société elle-même devienne responsable.

3. Le vendredi, 9 octobre 2009, 14:58 par Agase

Je pense que la pub utilise simplement un filon. Et que les grandes tendances, ce n'est pas la pub mais la société, les coutumes qui dictent les choses.

Tu parles de la cigarette : le fait de fumer est dicté plus par les autres que par la pub, comme tu l'indiques. La pub est simplement un outil pour les sociétés qui vendent les cigarettes pour améliorer leur chiffre.
ce n'est pas la pub qui donne envie de fumer.

Autre exemple : la voiture. Si tu n'en a pas, tu es un ringard. Si tu es cadre, il t'en faut une grosse. ensuite seulement la pub est là pour te proposer ce que les coutumes t'imposent.

Maintenant, ce n'est peut être pas aussi simple.

4. Le mardi, 13 octobre 2009, 20:40 par Arkh

6/6
Mais bon, c'est encore léger. Lorsqu'on discute avec les gens, pour savoir s'ils ont été influencés par la pub, il y a plus simple : leur demander d'associer une marque à un type de produit.
C'est à cela que la pub sert, te faire penser "Milka" au lieu de chocolat, "findus" au lieu de poisson surgelé, hansaplast au lieu de pansement. Créer des automatismes donc.
Le plus drôle étant que les mecs sont les premiers à se dire non influencé par la pub alors que lorsqu'on fait nos courses on a tendance à aller très vite et à donc choisir non pas en fonction du prix ou de la composition des produits, mais de la marque associée dans notre tête.
Et comme pour les arnaques : être au courant des méthodes rend plus vulnérable.

5. Le mercredi, 14 octobre 2009, 08:11 par Merome

"Etre au courant des méthodes rend plus vulnérable" ? Il y a une faute de frappe ou j'ai pas compris ?

6. Le mercredi, 14 octobre 2009, 11:08 par Arkh

Non, pas de faute de frappe. Enfin, c'est le cas pour les arnaques donc j'en déduis que ça doit être le cas pour la pub.
Les gens étant "au courant" de comment cela fonctionne, ils ont tendance à moins faire attention et à se faire avoir plus facilement.

http://www.mindhacks.com/blog/2009/...

"Scam victims often have better than average background knowledge in the area of the scam content. For example, it seems that people with experience of playing legitimate prize draws and lotteries are more likely to fall for a scam in this area than people with less knowledge and experience in this field. This also applies to those with some knowledge of investments. Such knowledge can increase rather than decrease the risk of becoming a victim.

Scam victims report that they put more cognitive effort into analysing scam content than non-victims. This contradicts the intuitive suggestion that people fall victim to scams because they invest too little cognitive energy in investigating their content, and thus overlook potential information that might betray the scam."

7. Le mercredi, 28 octobre 2009, 08:53 par Bob

Tiens Merome, un bouquin pour toi : http://www.amazon.fr/Hara-Kiri-Publ...

8. Le vendredi, 6 novembre 2009, 07:27 par Bob

Hop, cadeau :
http://www.youtube.com/watch?v=_zIQ...

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