Le JT de France 2 était consternant

Ce midi, j'étais seul, un peu de temps devant moi, j'ai allumé la télé pour briser le silence qui régnait dans la maison. Je suis tombé sur le JT de 13h de France 2, il y avait longtemps que cela ne m'était pas arrivé.

Au menu, le meurtre de la joggeuse, le tremblement de terre à Sumatra, ... rien de tel pour m'ouvrir l'appétit, j'étais encore en train de manger. Mais bon, on ne choisit pas vraiment les sujets d'actualité (sauf au début de l'été où le JT ouvre systématiquement sur des images plages et de soleil, qu'il y ait eu meurtre ou pas, ou une autre catastrophe).

Le traitement de l'information par la rédaction de France 2, et le choix des images m'ont particulièrement choqué. Commençons par la joggeuse. La malheureuse a été tuée par un récidiviste (je crois qu'on a échappé à l'abus de langage "multi-récidiviste" pour une fois), alors qu'elle faisait son jogging en forêt de Fontainebleau. Le meurtrier a avoué, il était en liberté conditionnelle, sorti plus tôt que prévu de la prison où il croupissait.

Ça, c'est l'information brute, à partir de laquelle on peut se poser la question de savoir pourquoi l'homme a été libéré avant la fin de sa peine et voir s'il n'y a pas eu un quelconque dysfonctionnement du système.La rédaction a préféré d'abord donner de nombreux détails sur le faits divers lui-même, afin que chacun puisse bien s'identifier à la victime, et avoir la trouille. Le jogging, auxquels pas mal de gens s'adonnent régulièrement, se prête bien à ce genre de dramatisation, parce qu'on le pratique généralement seul et dans les bois. Et c'est bien ce qui s'est passé cette fois. Attachée à un arbre (zoom sur l'arbre en question, des fois que l'essence du végétal corresponde à ce que vous avez dans votre forêt à vous), puis mise dans un coffre d'où la victime a pu téléphoner (le téléphone portable, tout le monde identifie bien ce truc dans une poche qui peut sauver une vie, c'est bon ça).
Puis, une mini-enquête sur la récidive : les lois sont-elles bien adaptées ? Rétrospective de 4 drames récents qui ont été fortement médiatisés, avec un enfant dans la liste des victimes (vous rendez-vous compte ? Un enfant !). Et à chaque victime, une loi, pondue juste pour répondre à un fait divers particulier, comme une riposte graduée. La loi qui permet aux autorités de garder les criminels supposés encore dangereux en prison. La loi qui oblige les criminels sexuels à suivre une thérapie. etc etc... Et puis, l'analyse s'arrête là. Ces lois sont-elles appliquées ? Pourquoi ce criminel là est sorti de prison plus tôt ? On ne sait pas.
Est-ce vraiment les lois qui manquent ? Ou les moyens pour les appliquer ? Pas un journaliste pour nous le dire. Pour ça, voyez plutôt Eolas.

Puis, interview d'une ex-victime de crime sexuel, devenue présidente d'une association de défense des victimes. Elle explique vaguement les reproches qu'elle a à adresser à la justice, et les raisons de son combat, sans qu'on sache, encore une fois, où se situe vraiment le problème. Puis, on voit cette personne filmée dans la rue en train de marcher, avec un balayage caméra des pieds vers la tête, Un peu comme si France 2 nous invitait à juger du goût du criminel qui avait fait de cette femme une victime. À moins que ce ne soit pour que tout le monde puisse bien s'identifier à elle ?
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J'ai trouvé ça proprement abject. Il faut dire qu'il y avait longtemps que je n'avais pas vu de JT. Je n'étais plus habitué. Rien sur le fond. Aucune réflexion. Aucune enquête. Le fait-divers, les images chocs, d'autres images pour meubler, le commentaire insipide... et rien.

Sujet suivant, je finissais péniblement de manger mes carottes, le tremblement de terre à Sumatra. Commentaire d'introduction du reportage : "Cette mère de famille a survécu car elle était emprisonnée entre deux poutrelles de métal", et l'image qui va avec, une femme en train de se faire sortir des décombres, passablement amochée, totalement incompatible avec la vue de mes carottes.

J'ai éteint la télé et rangé mon assiette. Et puis je me suis dit qu'il fallait que je fasse un article là-dessus. Le voilà.