Entre le besoin et l'envie.

Je suis certain que vous avez déjà vécu ça : le cadeau tant espéré, le jouet dont on a rêvé en feuilletant les catalogues de Noël, une fois entre vos mains s'avère être totalement décevant. L'idée qu'on s'en faisait était idéalisée, faussée par notre imagination.

D'irrépressibles envies nous poussent à consommer, à envier ce qu'on n'a pas. C'est dans la nature humaine, mais c'est en plus exacerbé par une certaine "pression" sociale, et des tonnes de publicités agressives.
Je me souviens en 2000/2001, alors que j'étais encore loin d'être préoccupé par les choses écologiques, je devais m'acheter une seconde voiture. Le critère qui me paraissait essentiel à l'époque, allez savoir pourquoi, c'était d'avoir un auto radio avec un chargeur de CD. Capital. Indispensable.Si bien que lorsque mon père m'a proposé de me vendre sa 306, qui était sans nul doute une affaire, j'ai longtemps tiqué et refusé sa proposition en bloc.
L'envie de posséder nous éblouit. Au point qu'en croyant choisir ce qui est le mieux, nous ne choisissons plus, nous nous laissons porter par le marché et la mode.

Combien de machines à pain dans les greniers, de vélos elliptiques remisés au sous-sol, d'appareils à la con dans les vides greniers, qui vont passer dans les mains de nouveaux imbéciles qui ne savent pas encore l'inutilité de tous ces gadgets ?

Finalement, après quoi courons-nous tous ? Comment optimiser notre recherche éternellement insatisfaite de bonheur ?
Est-ce qu'une belle voiture ou une belle maison nous rapproche de ceux qu'on aime ? Qu'est ce qui fait ou fera que notre vie est ou sera réussie ?
À l'heure du bilan, que penserons-nous de ces objets entassés sur nos étagères ?

Cette semaine, dans un reportage qui parlait de je ne sais quoi, je voyais un groupe de retraités qui habitaient un même quartier. Certains d'entre eux avaient des difficultés financières, car leur pension était dérisoire. Une femme était interviewée, plus aisée, elle disait avoir de la chance par rapport à ses voisines car elle n'avait pas trop de problème d'argent, elle voyageait beaucoup.

Depuis quand le fait de voyager est le signe extérieur d'une vie réussie ? Est-ce une chance de voyager ? Le voyageur de commerce, le travailleur itinérant, le nomade, le chef d'entreprise qui passe la moitié de sa vie outre atlantique loin de sa famille nagent donc dans le bonheur ?
Voyager pour quoi faire ? Pour suivre le circuit attrape-touristes et visiter au pas de course un pays dont on ne sait rien de plus après ? Pour être au soleil et confier ses enfants au club Mickey local pour être tranquille ? Pour le plaisir de larguer quelques tonnes de CO2 en espérant trouver le même confort qu'on a à la maison ?

(edit : voir la discussion en commentaires pour avoir plus de précision sur ce paragraphe apparemment mal formulé).

Les idéaux qu'on nous inculque, à grand renfort de publicité et de promotion, sont surfaits. Interrogeons-nous une bonne foi sur les buts qu'on se donne dans la vie, sur notre rôle ici-bas, et sur nos responsabilités, vis-à-vis de nos enfants et ceux des autres. Etes-vous bien conscients des conséquences de vos actes ? De l'énergie qu'il a fallu pour construire et acheminer votre écran plat jusque dans votre salon ? Pour quel gain ? Vous voyez d'autres images ? Vous êtes moins cons devant la télé ? Et ça vous a coûté combien ? Ah ouais quand même...

Tout moralisateur que je semble être, je déplore être le premier à céder aux sirènes de l'envie et à oublier le besoin. En écrivant cet article, je ne cherche pas à culpabiliser ou donner des leçons. Je nous invite juste à réfléchir un peu plus à ce qu'on fait, et à le replacer dans un contexte global.

Commentaires

1. Le samedi, 26 septembre 2009, 15:40 par Merome

Ah tiens, c'est plus ou moins lié :

Depuis 1950, la consommation des Français a triplé
2. Le lundi, 28 septembre 2009, 08:56 par Marzi

"Depuis quand le fait de voyager est le signe extérieur d'une vie réussie ?"=> je vois pas trop le rapport. Si cette brave dame répondait en disant qu'elle avait la chance d'avoir assez pour vivre au point qu'elle peut se permettre de voyager, ce qui peut etre son loisir favori, je vois pas en quoi tu rebondis sur "signe extérieur de richesse".

3. Le lundi, 28 septembre 2009, 09:26 par Merome

Je ne veux pas de mal à la brave dame. Je voulais souligner par son témoignage l'ancrage profond dans notre inconscient de valeurs insignifiantes. Combien d'entre nous voyagent parce que c'est dans l'air du temps ? Combien se sont posés la question de savoir si c'était la meilleure chose à faire, si c'était durable, si c'était déontologiquement correct ?
Je suis le premier à faire/acheter des choses qui me sont plus ou moins dictées par la mode ambiante. Parce que ça "fait" bien ou pour ne pas me marginaliser ou marginaliser mes gosses.

4. Le lundi, 28 septembre 2009, 10:01 par marzi

Je vois toujours pas le rapport. Pension non dérisoire = possibilité d'avoir du loisir en plus des besoins primaires, et voyager est un loisir et un plaisir, je doute que ça soit pour "faire bien".

Ca m'échappe, ce raisonnement : "est-ce une chance de voyager". Chacun d'entre nous a les loisirs qui lui plaisent : certains courrent 100km par semaine, d'autres partent sans cesse en vacances, d'autres encore jouent à des jeux de société ou parcourent des forums internet à longueur de journée, bref, chacun a le loisir qui lui plait. Je suis, une fois encore, surpris de voir ta facon de juger ceux des autres.

5. Le lundi, 28 septembre 2009, 10:13 par Calcifer

J'aurais pas répondu mieux Marzi, j'allais justement rebondir sur ce même "exemple" qui m'interpelle autant que toi.

6. Le lundi, 28 septembre 2009, 12:59 par Merome

Je vais tenter de clarifier à nouveau mon propos : Nous obéissons malgré nous à des codes sociaux, qui influencent nos vies de manière non négligeables. Certains de ces codes sont inoffensifs et ne touchent que les personnes elles-mêmes. La "pression" sociale du mariage, par exemple, moins présente aujourd'hui, mais réelle il y a seulement une génération, faisait que les gens se mariaient, sans se demander si cela avait un sens, ou si ça convenait à leur mode de vie, à leur éthique personnelle. Ils se mariaient parce qu'il "fallait" se marier.

J'ai déjà entendu plusieurs personnes avouer à demi-mot choisir une voiture qui "correspond à leur rang", ou qui correspond à une certaine éthique. Le personnel de Peugeot, qui achète Peugeot, par exemple, même s'il préfère VW ou Audi, intrinsèquement. Ou celui qui prend une grosse berline, là où une petite citadine suffirait.

Parmi ces codes sociaux, certains sont "nocifs". Le culte de la croissance, du travail,... font des dégâts, y compris chez moi. Le fait de voyager me parait, mais je peux me tromper, ce n'est qu'un avis, me parait donc faire partie de ces choses que certaines personnes font pour obéir à un code social. Pas toutes.

Et si on fait un raccourci audacieux (et je ne manque pas d'audace), ça participe au réchauffement climatique. Pour la dame du reportage, je ne sais pas. Peut-être que voyager la rend vraiment heureuse, j'arriverais à le comprendre, si si, je vous jure. Mais comme cela été présenté dans le reportage, cela laissait entendre que ses voyages étaient une façon de montrer qu'elle était heureuse. Je voyage, donc je suis.

Je sais qu'il plait de croire à certains des lecteurs du blog que j'ai l'esprit étroit qui m'empêche de bien considérer toute activité à laquelle je ne m'adonne pas moi-même. Je ne les ferai pas changer d'avis avec cette précision. Tant pis pour eux.

7. Le lundi, 28 septembre 2009, 13:57 par Pierre

Salut,

J'avais prévu une longue réponse avant ta dernière intervention qui me laisse carrément sur les fesses (je reste poli).

Il me semble que tu as besoin de prendre l'air...

8. Le lundi, 28 septembre 2009, 14:07 par marzi

Ah ben mieux vaut dire "tant-pis pour eux" plutot que se remettre en cause.

L'exemple du mariage me plait mieux, mais forcément, je l'avais pris avant toi... via un autre moyen de communication. Pour celui du voyage, clairement, tu es à coté de la plaque et tu n'as convaincu personne. Celui du personnel d'une boite automobile ne colle pas là encore : oui, c'est un choix ethique, mais donc, aucun rapport avec le sujet initial, je vois pas en quoi ce choix "ethique" va nuire à la planete : que je sache, une peugeot pollue autant qu'une renault.

La voiture qui colle au "rang" de la personne, je veux bien comprendre cet exemple. Celui

9. Le lundi, 28 septembre 2009, 14:13 par marzi

(mauvaise mise en page: il fallait comprendre que je suis ok avec l'exemple "voiture en phase avec le rang de la personne", qui suit en effet notre société de consommation et va "niquer la planete", mais pas d'accord avec l'exemple "choix de la marque par ethique". D'ailleurs, c'est pire : l'éthique a plus de chance de tirer une voiture fabriqué localement, même s'il peut y avoir des contre-exemples, quoi que, rien n'empeche de preferer une toyota made in france face à une peugeot made in Turquie).

10. Le lundi, 28 septembre 2009, 14:59 par Merome

> "Ah ben mieux vaut dire "tant-pis pour eux" plutot que se remettre en cause."

Je me remets en cause sans arrêt, y compris aujourd'hui en lisant les commentaires. Si tout le monde a compris de travers, c'est bien sûr parce que j'ai mal choisi mon exemple. Je le reconnais, je m'en excuse, mais aussi, je m'en explique. Et je sais que plus j'explique, plus certains sont convaincus que je veux toujours avoir raison. Malgré tout, je le fais pour les autres, d'où le "tant pis pour eux". Maladroit même dans mes explications. On ne se refait pas.

Donc, histoire d'enfoncer le clou, je connais des gens qui voyagent (encore un exemple ce week end), non pas pour le plaisir de voyager, non pas parce qu'ils aiment foncièrement ça, mais parce que c'est quelque chose qui se fait. Comme je connais des gens qui ont un 4x4 sans faire de tout-terrain. Des qui achètent une machine à pain (je sais : j'en ai une) sans s'en servir. Parce que le désir de ressembler aux autres est plus fort que la raison. Ça dégage du CO2 à la fabrication, à l'utilisation, ça produit des déchets pour rien. C'est dommage.

Maintenant, si quelqu'un veut voyager, aime ça, en profite, y trouve son bonheur, je n'ai sincèrement absolument rien contre. Et j'ai aussi des exemples de ça. De la même manière, je n'ai rien contre celui qui achète un 4x4 parce qu'il exploite du bois ou est amené à utiliser sa voiture dans des conditions qui le nécessitent.

Voilà. Encore désolé si ma formulation de départ ne laissait pas exactement entendre ça. Je vais faire un renvoi dans l'article.

11. Le lundi, 28 septembre 2009, 15:10 par Stef

"Je vais faire un renvoi dans l'article."
Ton article est critiqué, certes, mais quand même au point qu'il soit a vomir...

Ok, désolé. :)

Stef, en mode "aprem de repos, cerveau OFF"

12. Le lundi, 28 septembre 2009, 15:10 par marzi

Mouais : je suis curieux de voir des gens qui se forcent à voyager "parce que ca se fait". T'en a peut-etre trouver un, mais ca m'étonnerait que leur nb soit significatif.

13. Le lundi, 28 septembre 2009, 17:34 par Merome

Stef : je préfère quand tu travailles.

Marzi : Possible que je surestime l'importance réelle de ce point. On ne se départagera pas sur ce point. J'ai tendance à trouver que l'influence des codes sociaux et de la publicité est déjà beaucoup trop forte dans ma propre vie. J'imagine que quelqu'un qui ne fait pas trop attention à ça doit être encore plus influençable.

14. Le mercredi, 30 septembre 2009, 17:01 par kelux

Bon j'arrive un peu après la bataille mais à ma décharge je viens de découvrir ce blog, via le Standblog.

Pour appuyer ce que dit Merome (il semble un peu seul là !) je vais prendre un exemple sur les voyages.
Cet été avec des copains on est partis en vacances ensemble. Soit, ça se comprend (et je suis d'accord avec), on est en ville toute l'année pendant une semaine ou deux, on a envie d'autre choses.
Mais ce dépaysement ça voulait dire « hors de France » et si possible « loin » (bon tout est relatif : Maroc, Andalousie). Pourquoi ? On peut très bien être dépaysé sans partir particulièrement loin. J'ai l'impression que partir en vacances ça veut dire « partir loin » (dans les limites du budget).
Finalement on n'est parti ni au Maroc ni en Andalousie mais on aurait pu aller deux fois moins loin que notre là où on est allé et passer à peu près les mêmes vacances.
Dans ce sens c'est très similaire à l'achat de voiture en fonction de la classe sociale : on n'achète pas la voiture en fonction des besoins qu'on peut en avoir mais en fonction de notre budget. Pareil pour les vacances.
Pour l'exemple de la p'tite dame qui peut se permettre de partir fréquemment en voyages. Je ne doute pas que ça lui plaise (j'ai même du mal à penser qu'elle puisse se forcer !) mais seulement elle pourrait être probablement aussi heureuse en ayant des activités moins nocives pour l'environnement.

Mais bon à mon avis il est difficile d'en vouloir à ces personnes : elles n'ont probablement pas conscience que ce niveau de vie n'est pas soutenable. Il ne faut pas prendre cette dernière phrase pour une remarque condescentante, j'ai eu une prise de conscience assez récente. Le problème c'est qu'on doit forcément passer par une démarche volontaire et une prise de conscience : on n'est absolument pas éduqués dans ce sens là, au contraire on n'est poussés à consommer (pub) voire « montrés du doigt » si on n'est pas dans le moule (« quoi t'as pas de portable ? »).

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