Trois enfants dans la ville (partie 6 - Visite du musée d'art et d'industrie)

Passementerie, cycles et armes à feu.

Ce musée-ci était à deux pas de notre gîte, et nous y sommes allés un matin, nous aurions donc dû être en pleine possession de nos moyens pour le visiter. Il n'en fut rien, mais je pense que l'organisation même du musée était en cause.

Saint Etienne, outre ses mines, était réputé jadis pour sa manufacture d'armes et de cycles, ainsi que pour la passementerie (la fabrication de ruban). Des industries qui ont bien mal vécu la mondialisation et le modernisme et qui ont laissé visiblement des traces dans le bassin d'emploi stéphanois.

Ce musée est le témoin de l'âge d'or de ces industries, et de très belles pièces y sont exposées, à tous les niveaux.

Commençons par la passementerie. Les métiers à tisser gigantesques qui étaient utilisés rivalisent de complexité et nous interrogent encore une fois sur la tournure industrielle qu'a pris le domaine du ruban. Des machines grandes comme ma cuisine (16 m²) ou même plus, et sur une hauteur de trois mètres au moins, avec des fils partout, des engrenages, des bobines... Le tout dans un cadre en bois très travaillé et, cerise sur le gâteau, un "programme" réalisé avec une série de cartes perforées qui indique à la machine le motif à reproduire.



On imagine le nombre de savoir-faire, plus ou moins perdus aujourd'hui, nécessaire à la fabrication et à l'utilisation de telles machines. Dira-t-on un jour la même chose des ordinateurs et des voitures ? Serai-je un jour dans la même position que le passementier qui programmait ses cartes perforées ? On a du mal à l'admettre car on a toujours l'impression que la vie que l'on connait, et le niveau technologique que l'on maitrise durera toujours (comme dit Goldman).

Nous visitons ensuite la partie "armes" du musée. J'avoue ne pas être fan. Il y a des gens qui sont subjugués à la vue d'un couteau ou d'un fusil. Moi, ça m'évoque surtout une forme de violence que je rejette en bloc. Cela dit, on reste scotchés devant un écran qui passe en revue les différentes étapes de fabrication d'un fusil de chasse sur mesure. Et toujours les savoir-faire impressionnants qui s'enchainent, une précision d'orfèvre obtenue avec des outils basiques (quand je pense à ce que je suis capable de faire avec une scie sauteuse, mon Dieu !).
Plein de fusils, d'épées, d'armes en tout genre, mais on passe relativement vite.

Enfin, nous accédons au niveau des cycles, avec la présentation d'un certain nombre de vélos anciens, bizarres, étonnants. Un vélo à assistance électrique semble être présenté comme de la haute technologie, alors que c'est un vieux modèle tout moche. Idem pour les vélos de course et autres VTT, l'exposition semble dater un peu. On dirait que c'est toujours Bernard Hinault qui domine le tour de France grâce à la technicité de son vélo.

D'une manière générale, la visite de ce musée a été une énorme déception. Déjà, c'est un véritable labyrinthe de salles sans aucun fléchage. Ou plutôt si, il y a un fléchage, mais il est parfaitement incompréhensible. Des autocollants par terre indiquent des chiffres, qu'on essaie de suivre dans l'ordre ascendant, mais très vite, on s'y perd. Il en manque. Certaines indications représentent un escalier avec l'annotation "3+", impossible de savoir ce que ça veut dire. Ils ont cru bon de nommer un niveau "2 bis", pour une raison qui m'est totalement étrangère.
Mais surtout, il n'y a aucune réflexion pédagogique autour des pièces qui sont exposées. Les métiers à tisser sont posés dans n'importe quel ordre, avec très peu d'explication. Le contexte historique n'est jamais rappelé ou très peu mis en valeur. On ne comprend pas pourquoi Saint Etienne est devenu un haut lieu de la passementerie, ni pourquoi on expose ici des armes et des vélos. Aucun lien n'est fait entre les expositions, ni entre les modèles exposés.
Au niveau des cycles, le vélo qui a battu le record de l'heure en 1954 est à côté du premier VTT fabriqué par Peugeot ou d'un tandem à trois places (ça doit porter un nom). Pourquoi ces vélos sont ici ? Pourquoi comme ça ?

Peut-être une visite guidée nous aurait apporté plus d'enseignements, mais c'est sans nul doute l'un des plus mauvais musée que j'ai pu visiter. Et je ne vous parle pas de l'exposition du moment intitulée "Qu'est-ce que tu fabriques au musée ?". Le descriptif est lui-même assez "spécial" :

Qu’est-ce que tu fabriques au musée ? est une exposition offrant un parcours d’échange et de redécouverte au fil des salles d’exposition permanente.
Elle est à la fois ludique et interactive, basée sur des activités de découverte, des ateliers de pratique autour de la gravure ou du marquage, des jeux d’observation afin de faire mieux connaître le musée et ses métiers aux visiteurs.
Tout un programme d’activités et de « performances » pour passer un bel été au musée, en famille ou entre amis.

Moi, à part des trucs pendus au plafond où l'on peut lire des citations du personnel du musée, je n'ai rien vu d'interactif ni de ludique. Et si au moins les citations en question avaient un intérêt. J'ai lu par exemple : "Les gens veulent revoir le métier à tisser qu'ils ont vu quand ils étaient gosses - Ginette, hôtesse d'accueil du musée".
Ludique et interactif, n'est-ce pas ?

Il me semble qu'avec la quantité et la qualité du matériel exposé, il y avait moyen de faire quelque chose de beaucoup plus vivant et pédagogique. Quelque chose de chronologique, peut-être, avec un fléchage digne de ce nom. Et des panneaux explicatifs qui introduisent correctement les domaines que l'on visite.

En un mot comme en cent, si vous n'avez pas beaucoup de temps à passer à Saint Etienne, faites l'impasse sur ce musée-là. Sauf si vous tenez absolument à voir le vélo de Bernard Hinault ou le métier à tisser de votre grand-père, comme Ginette le dit si bien.

Commentaires

1. Le vendredi, 7 août 2009, 09:42 par Stef

Triplette. (un tandem a 3 places)

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