Après l'homo-erectus et l'homo consumens, voici le règne de l'Homo-conscientia

Je pensais avoir trouvé un sous titre original, mais je me rends compte que l'expression et sans doute pour partie ce que je mets derrière a déjà été évoquée ailleurs.

Cet article va tenter de faire le point sur mes dernières pensées philosophiques en matière de changement de monde. C'est emmerdant pour vous comme pour moi de toujours devoir résumer les épisodes précédents, mais j'ai peur que cela soit nécessaire à la bonne compréhension.
Je suis parti de loin, dans un état d'inconscience totale proche du coma, quand j'ai ouvert ce blog. L'internet aidant, j'ai passé plusieurs levels plus ou moins difficiles avec des boss de fins de niveau qui répondaient aux noms de TCE, élections présidentielles, décroissance, ...

Chaque progression résolvait un certain nombre de problème, m'apportant de la cohérence globale, mais me mettant devant de nouvelles difficultés inconnues jusqu'alors.
J'en suis arrivé (et je vous prierai de bien relire l'intégralité de tous mes articles pour vous rendre compte comment, si cela vous a échappé) à la conclusion que le salut ne pouvait venir que de l'individu lui-même.

L'homme, en effet, est individualiste par nature et l'on considère généralement cela comme un défaut. L'individualisme est proche de l'égoïsme ; ce qui sépare les deux notions est à mon sens une question de niveau de conscience. Si je n'ai pas conscience de manger la part écologique de mes voisins, voire si la conscience collective (la recherche de croissance) m'encourage à le faire, je suis un égoïste qui s'ignore. Je m'accapare, sans m'en rendre compte, un morceau du gâteau qui n'est pas à moi, car on me laisse croire que ce gâteau est infini.

À partir du moment où je sais ce qu'impliquent mes actes, et notamment en tant que consommateur, soit je deviens un vrai égoïste (conscient de l'être), soit j'adapte mon attitude pour ne plus l'être.

Lorsque je présente la décroissance, ou la simplicité volontaire comme une solution à la crise écologique et économique, on me rétorque souvent que la nature individualiste des Hommes empêchera le système de fonctionner.
Ce n'est vrai que si le virage est forcé. Si l'Homme ne perçoit pas l'intérêt commun, et s'il ne retire pas lui-même un avantage de ces actes, il aura l'impression de se sacrifier pour les autres.
Si je roule moins avec ma voiture pendant que dix chinois en achètent une, à quoi bon ?

C'est pour ça que je consacre aujourd'hui bien plus de temps à essayer de faire prendre conscience aux autres, qu'à modifier mon propre comportement. Mes actes n'ont d'intérêt que s'ils sont compris par les autres et il faut pour cela que nous soyons tous au même niveau d'information.

Je garde espoir que cette prise de conscience massive ait lieu et qu'elle nous permette de corriger la trajectoire de l'humanité à temps.
Sortir du coma du consommateur est déjà en soi une récompense pour l'individu. Le monde se dessine soudain différemment et la cohérence entre nos actes et notre environnement apparait d'un coup comme une évidence. Les gains directs, en matière de santé, de qualité de vie et d'estime de soi sont autant de moteurs qui permettent de visualiser les gains indirects, sociaux, organisationnels et intellectuels.

Je vais prendre un exemple simplifié pour illustrer mon propos qui est tout sauf clair :
Lorsque je me décide à acheter des légumes bio, locaux et de saison, j'ai un premier retour positif qui est d'ordre déontologique : j'ai pris cette décision avec le sentiment de "bien faire".
J'ai ensuite des gains directs : les légumes ont meilleur goût, ils sont meilleurs à la santé, nutritivement plus riches et plus sains.
Puis je me rends compte des gains indirects : je fais vivre mon voisin qui cultive ces légumes, j'ai un contact avec lui. Tout d'un coup, j'existe socialement, j'influence le producteur,...

Ma démarche, individualiste dans le sens où j'en profite au premier chef, n'est plus égoïste, elle est celle d'un individu conscient de ses actes. Un homo-conscientia.

Commentaires

1. Le samedi, 21 mars 2009, 18:16 par Agaagla

vouay

bien d'ac, mais pas toujours facile à faire entendre (ainsi au sujet de produits bio non alimentaires, arguant de leur utilité écologique : en les choisissant bio, ce n'est pas tellement ma santé directe qui m'intéresse (encore que) mais leur mode de production davantage compatible avec la préservation des ressources naturelles... je me suis entendu dire que c'était de l'hypocrisie !!!)

2. Le jeudi, 2 avril 2009, 09:43 par labuscasse

La limite du raisonnement est le problème de la croissance démographique.
On peut raisonner à croissance 0 si on accepte une limitation du nombre d'individus en fonction des ressources écologiquement disponibles, comme le font toutes les espèces vivantes autres que l'homme.

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