Une vision archi-simplifiée de la société

En fait de boules, c'est de sphères dont je vais vous parler. Les sphères du pouvoir. On a coutume de dire que la presse est le "quatrième pouvoir", c'est semble-t-il Alexis de Tocqueville qui a écrit ça pour la première fois et il collait dans les trois premiers pouvoirs le pouvoir fédéral, le pouvoir local et le pouvoir associatif.

Chez nous, et aujourd'hui, tout est bien différent. A mon sens, il y a trois grandes sphères de pouvoir que voici représentées très schématiquement grâce à une infographie que le monde entier m'envie (j'ai refusé que CNN l'utilise pendant la diffusion de la cérémonie d'investiture d'Obama : c'eût fait de l'ombre à l'évènement) :



Comme vous le voyez, à mon sens, il y a trois sphères principales de pouvoir : le pouvoir politique, le pouvoir médiatique et la puissance industrielle et banquière. Comme le suggère le schéma, ces trois sphères sont de tailles proches et s'entrecroisent pour former des milieux troubles où les genres se mélangent.

Au centre, nous avons évidemment Nicolas Sarkozy, il doit sa place à une intelligente combinaison de toutes les sphères de pouvoir. Tout en draguant les médias pendant de longues années sur le thème de l'insécurité et du volontarisme politique, il s'est attiré les faveurs des plus grands groupes industriels français, jusqu'à passer des vacances ostentatoires sur le yacht privé de Bolloré. Résultat : pouvoir total et indiscutable du bonhomme. C'est lui le patron.

Notons, pour l'anecdote, les places que j'ai données à Royal et Besancenot, et qui montrent à elles seules les difficultés que ceux-ci ont pu rencontrer pour se mesurer au Président.

Quand on appartient à l'une de ces sphères, idéalement, à plusieurs d'entre elles, on a la capacité de faire changer les choses, chacun à la mesure de son talent.
Moi qui place "changer le monde" en bonne place dans mes résolutions 2009, où me situé-je ? En fait, nulle part.
La politique me barbe, et au modeste niveau local auquel je pourrais éventuellement prétendre accéder si j'étais prétentieux, je ne vois pas ce que j'irais faire dans cette sphère, à part tourner en bourrique.
Du point de vue industriel et financier, je n'ai pas dû naître dans la bonne famille pour espérer faire fortune dans la boîte à Papa. Aucun espoir de ce côté là si ce n'est celui de contrarier les plans des grands groupes et faire exprès de ne pas acheter ce qu'ils veulent me vendre.

Restent les médias, et d'une manière plus générale, la communication. Handicapé de naissance pour la communication orale, il m'arrive parfois, sans prétention aucune, d'avoir un éclair de lucidité quand je me mets à écrire. Bien sûr, cela reste tout à fait anodin par rapport au groupe Hachette ou au journal le Monde. Ridicule. Négligeable.
En revanche, nous sommes nombreux, sans fausse modestie cette fois, à pouvoir communiquer autour de nous des valeurs qui nous tiennent à coeur, à savoir écrire des phrases qui parlent à certains lecteurs, à être en mesure de diffuser des idées qui sentent un peu moins mauvais que ce que nous servent les médias traditionnels. En réalité, nous avons tous ce pouvoir là. Et cela ne devient un pouvoir que si nous l'exerçons tous à notre niveau, à la mesure de notre talent.

Internet, miraculeux outil, nous offre la possibilité d'agglomérer la somme de nos pensées les plus subversives au point de dépasser parfois la pertinence d'un Le Monde, ou la légitimité d'un Le Figaro.

C'est pour ces raisons que je vais essayer de consacrer plus de temps encore à rabâcher mon point de vue sur tout et n'importe quoi dans ces colonnes (ok, y a qu'une colonne ici, mais n'empêche). Ainsi, quand je me pencherai le soir au-dessus de mes enfants, pour leur faire le dernier bisou de la journée, alors qu'ils sont déjà profondément et innocemment endormis, je penserai à ce que j'ai fait aujourd'hui pour améliorer le monde dans lequel ils vivront et je pourrai me dire que trois, peut-être quatre lecteurs ont lu ce que j'avais à dire sur ce blog. Et à bien y réfléchir, c'est déjà mieux que rien.

Commentaires

1. Le mercredi, 21 janvier 2009, 07:48 par Giantgoab

Je viens de voir qu'on allait limiter les débats au parlement ?
ca c'est la zone sarko qui essaye de s'agrandir non ?

(sans compter l'affront fait au principe même de notre nation
qu'est la démocration)

2. Le mercredi, 21 janvier 2009, 07:49 par Marzi

Sego était aussi à cheval sur les médias.... avant en tout cas: elle a été "monté en flèche" par les médias qu'elle a su utilisé à ce moment là (ca s'est gaté par la suite) pour devenir la vedette des sondages début 2006 et se placer devant les deux éléphants restants.

Mais elle fut visiblement moins abile (manipulatrice ?) que son rival de droite puisqu'elle a eu un méchant retour de baton de ces mêmes médias ensuite. Ou tout simplement aussi moins compétente, au sens communication, ce qui est finalement un critère éliminatoire à juste titre.

3. Le mercredi, 21 janvier 2009, 08:10 par Merome
Marzi : oui, je voulais mettre Ségo vraiment pas loin des médias. Mais ça a été à double tranchant, elle a d'abord été porté aux nues plus ou moins malgré elle, puis descendue en flèche à cause de ses propres conneries. C'est un cas compliqué :)
4. Le mercredi, 21 janvier 2009, 11:46 par Aldo

Comme le disait Gandhi :

Si vous connaissez le problème et que vous ne faites rien, vous faites partie du problème.

Il y a donc ceux qui savent et qui ne font rien, pas bien. Mais il y a pire, ceux qui refusent de s'informer de peur savoir, et alors de devoir agir.

Exemple : "Je préfère lire 'Voici', car ça m'évite de me poser des questions. Et quand tout ira vraiment mal, je pourrai dire que je ne savais pas."

Alors heureusement que certains font quelque chose...

5. Le mercredi, 21 janvier 2009, 12:35 par Bob

Et comme disait le professeur Shadoko : si il n'y a pas de solution, c'est qu'il n'y a pas de problème.

Ce que je veux dire, c'est qu'avec la meilleure volonté du monde je ne vois pas quelle solution on (nous, les gens moyens) peut apporter à ce problème particulier des grandes sphères de pouvoir et de leurs intersections malsaines.

La seule capacité légale d'action dont on dispose pour agir sur ces sphères-là c'est de ne pas voter pour les mêmes la prochaine fois. Sauf que déjà en 2007, la seule alternative au second tour n'avait aucun intérêt à faire bouger les sphères (puisqu'elle en fait partie) ; et aujourd'hui il n'y a tout simplement plus d'alternative vraisemblable du tout...

Donc : pas de solution. Donc : pas de problème. De la manière dont je vois les choses, ces sphères-là sont un état de fait pour lequel le point de non-retour a été dépassé depuis des dizaines d'années. Ça fait partie du décor et on ne peut que faire avec.

Notre capacité d'action se limite à ce qu'on a autour de nous... Mais c'est déjà ça de pris :)

6. Le mercredi, 21 janvier 2009, 13:21 par Merome
Bob : oui, c'est une façon de conclure de façon désespérée. Mais d'infimes indices me laissent penser qu'un retour de bâton est possible. Et autant être du côté de celui qui tient le bâton.
7. Le mercredi, 21 janvier 2009, 19:03 par Etheriel

Le "merome.net", c'est parce que tu gardes quand même espoir que CNN t'empruntes ton infographie ? :)

8. Le jeudi, 22 janvier 2009, 08:07 par Merome
Etheriel : Tout à fait !

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