Il faut toujours viser la tête (d'impression)

J'ai depuis bientôt un an une imprimante multifonctions Canon MP510 qui me rend bien des services et dont je suis plutôt content. Les cartouches d'encre contenant environ un dé à coudre du précieux liquide se vident à la vitesse de la lumière, et il faut donc les changer souvent.
Une solution écologique et économique, car quoi qu'on en dise, cela va souvent de pair, est de faire remplir ses cartouches par un professionnel (voire même de le faire soi-même quand cela est possible), plutôt que d'en acheter une neuve à chaque fois.

Bien entendu, Canon (comme tous les autres constructeurs) n'a absolument pas prévu la chose ainsi. Une cartouche qu'on recharge ? Quelle drôle d'idée se sont dit vraisemblablement les ingénieurs de Canon. La cartouche est un "consommable", selon l'expression consacrée, donc il faut en consommer. Canon nous sommes de consommer, en somme, c'est con. Mais c'est comme ça.

Comme je suis un rebelle et un pacifiste et que les cartouches et les Canon ne m'inspirent pas plus que ça, j'ai décidé de faire remplir mes cartouches. J'y suis allé jeudi dernier, confiant et bien convaincu que j'oeuvrais pour le bien de la planète.
Le monsieur m'a dit de repasser dans une vingtaine de minutes, mais comme j'étais pressé ce jour-là, j'ai préféré remettre au lendemain, puisque de toute façon je travaille à deux pas et que je suis suffisamment musclé pour transporter 3 cartouches d'encre sur mon vélo à assistance électrique.

Alors, il y a un invariant dans mes relations avec le commerce, c'est que les trucs qui n'arrivent jamais, m'arrivent à moi. Là, le gars, il a filé mes cartouches à un pauvre, ou je ne sais qui, un gars qui passait là, en tout cas, il ne les avait plus. Première fois de sa vie que ça lui arrivait. Bon. Heureusement, il avait des cartouches vides en stock, et m'a proposé d'attendre à nouveau pour m'en remplir un jeu en s'excusant. J'ai décliné, parce qu'une fois encore j'étais pressé et je lui ai dit que je repasserais demain.

Le lendemain, je suis revenu en voiture, parce que je n'avais pas rechargé mon vélo, et accessoirement, il pleuvait des cordes et j'avais un peu autre chose à foutre ce jour-là où tout allait à peu près mal. Il me redonne mes cartouches accompagnées d'un paquet de papier photos en cadeau, pour se faire pardonner de son méfait. Je le remercie vivement en lui disant que ce n'était rien, mais je n'en pensais pas un mot.

Et donc, j'installe les cartouches, fébrile. Et paf, "Erreur U105 : la cartouche Magenta n'est pas reconnue". Elle est bien bonne celle-là. Je la reconnais bien, moi, pourtant, elle est rosâtre et c'est écrit "Magenta" en toutes lettres. Allons bon. Et en surfant un peu, je constate que je ne suis pas seul dans ce cas. Mais aucune solution en vue : la cartouche est affublée d'une puce qui stocke le nombre d'impressions. Lorsque ce nombre dépasse un plafond, l'imprimante refuse d'imprimer, elle boude. Même si la cartouche est pleine jusqu'à ras la gueule que ça n'en clapote même plus à l'intérieur.
Journée de merde. Il pleut. Ma secrétaire a besoin de cette cartouche dans la journée pour travailler. Si je retourne chez mon remplisseur de cartouches, il va me demander de patienter encore un instant, avec des chances de réussites difficiles à évaluer. Je décide d'aller acheter un jeu de cartouches neuves au Leclerc du coin (et hop, un aller retour en bagnole, c'est écologique, je vous dis).
Je claque 15 euros par cartouche (dans le doute, j'ai pris les autres couleurs aussi, parce que je me suis dit "avec la chance que t'as, une autre va te faire des misères et tu vas être tout énervé"), alors que le remplissage coûte moitié moins. Et j'installe ma cartouche Magenta.

Il y a donc un premier emballage qui sert à accrocher le produit en rayon. Dans lequel il y a une boite en carton. Dans laquelle on trouve la cartouche, mais emballée dans un film plastique. Et il y a une petite protection en plastique dure, et puis aussi le petit scotch pour éviter que ça sèche. Bref, j'installe ma cartouche, et je vais à la déchetterie parce que j'en ai plein le coffre... Quelle misère, mais quelle misère...
On vit vraiment dans la société du n'importe quoi écologique. Enfin, ça marche, c'est déjà ça.

Epilogue aujourd'hui, je suis allé raconter ma déconvenue au remplisseur de cartouches, qui m'a réglé ça en trois secondes et demie : "Ah, elle n'a pas bien été réinitialisée ?" (je me suis retenu de lui dire, "c'est toi qui aurais dû le faire mieux, connard"). Et il part dans son arrière boutique pour flashouiller la puce, à la MIB.

J'ai d'autres aberrations de ce style à vous raconter bientôt, ne changer pas de chaîne.

Commentaires

1. Le mardi, 9 septembre 2008, 22:56 par Stef

4 visites chez le mec ! Je pense que j'abandonne avant...

2. Le mercredi, 10 septembre 2008, 08:05 par Merome
Stef : tu n'as aucun courage aussi...
3. Le mercredi, 10 septembre 2008, 08:53 par Bob

Moi je dis que 4 aller-retours plus l'achat des cartouches neuves, le mec qui voulait faire des économies et sauver la planète a bien réussi son coup :)

4. Le mercredi, 10 septembre 2008, 09:13 par Le Monolecte

Je choisis mon imprimante sur 2 facteurs : prix/gestion des consommables et compatibilité Linux.
Du coup, c'est Brother et son super espace pour Linuxiens (en français, ce serait tellement sympa) et ses cartouches proprio pas trop chères avec des génériques encore moins chères, le tout attendant le plus souvent que la cartouche soit bien vide pour couiner!

5. Le mercredi, 10 septembre 2008, 12:38 par Don

Imprime au boulot merome, tu auras moins de soucis avec les cartouches :)

6. Le mercredi, 10 septembre 2008, 14:15 par Stef

J'admet sans probleme que ce genre de courage n'est pas vraiment une de mes qualités.
Ceci dit le moindre commerce qui sort un minimum du quotidien se trouve pour moi a Auxerre, soit a 20Km. 4 aller-retours = 160km, on est pas forcement dans les mêmes conditions.

7. Le jeudi, 2 octobre 2008, 11:41 par Denzel

Excellent le coup du "Ah, elle n'a pas bien été réinitialisée ?" :d j'en ai les larmes aux yeux!!

8. Le jeudi, 23 octobre 2008, 15:08 par Thibaud

Il faut savoir que c'est du matériel informatique fragile.
Le fait de remettre une puce à zéro n'est pas forcement simple.
Dans de rares cas il est indiqué qu'elle est remise à zéro et malheureusement ce n'est pas le cas, aucun moyen de le savoir avant de la réinsérer dans l'imprimante.

J'aime bien les phrases du genre :
"c'est toi qui aurais dû le faire mieux, connard"
Le mec a fait un geste commercial la veille pour le soucis, et bien des commerçants moins scrupuleux n'en auraient pas fait autant ...

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