Un jeu d'investissement plus que de conquête

Parmi mes dernières acquisitions ludiques, il y a un jeu dont je me dois de vous parler tant il me fascine : Impérial


Photo éditeur

Dans Impérial, vous incarnez un investisseur à l'époque de l'impérialisme européen. Les guerres sont meurtrières, mais elles profitent à ceux qui ont su investir dans les pays émergents au bon moment, et guider les choix économiques et stratégiques de ces pays pour les mener à la victoire.

La grosse originalité du jeu est que le joueur n'est pas à la tête d'une nation, mais pourra investir dans chacune des 6 nations qui luttent pour étendre leur empire. Le gagnant sera celui qui possédera la plus grande richesse financière, notamment représentée par le nombre d'obligations détenues pour chaque pays.
Au cours du jeu, le joueur qui possède le plus d'obligations d'un pays en prend le contrôle. Autant dire que cela est très fluctuant. Les pays changent régulièrement de main, rendant toute stratégie difficile à mettre en place, et ne permettant en aucun cas à un seul pays de dominer les autres en rasant tout sur son passage.


Photo : Tric Trac

La France, l'Italie, la Grande Bretagne, l'Autriche, la Russie et l'Allemagne se partagent l'Europe et l'Afrique du Nord. Chaque pays joue à son tour (et non pas chaque joueur), et c'est le joueur qui a le plus d'obligations de ce pays qui contrôle le gouvernement. Les actions possibles sont représentées sur une roue (au premier plan sur la photo), sur laquelle le déplacement de 1 à 3 cases est gratuit. Le joueur peut choisir une action au-delà de la troisième case, mais cela lui coûtera de l'argent.
Ce système de roue des actions est une des grandes réussites du jeu. Ce n'est d'ailleurs pas le seul jeu à l'utiliser. Les actions sont diverses et variées :

- Usine : Permet pour la modique somme de $5.000.000 de construire une usine d'armement ou de navire.
- Production : Permet au pays de produire gratuitement une unité (navire ou canon) par usine sur le territoire
- Manœuvre : Autorise le déplacement de chacune des unités militaires et éventuellement le conflit avec l'ennemi (Lorsqu'une unité rencontre une unité ennemie, chacune des unités est retirée du plateau).
- Investissement : Le joueur qui possède la carte "Investor" (la carte passe au voisin à chaque fois que cette action est réalisée) peut investir dans le pays de son choix. Par ailleurs, tous les joueurs qui possèdent des obligations du pays qui s'arrête sur investissement touchent des dividendes à titre personnel.
- Import : Permet d'importer jusqu'à trois unités militaires dans son pays ($1.000.000 par unité), même si les usines correspondantes n'existent pas.
- Taxation : Le pays compte ses territoires et ses usines, en découle un niveau de puissance qui fait avancer le pays sur la piste des scores. Lorsqu'un pays atteint 25, le jeu se termine. Le joueur peut également s'enrichir à titre personnel pendant cette phase.

Un joueur peut très bien contrôler plusieurs pays. Corollaire : un joueur peut se retrouver sans pays du tout ! C'est une des faiblesses du jeu, surtout lorsque le nombre de joueurs est élevé (2 à 6 joueurs peuvent prendre part au conflit) : un joueur qui se retrouve sans pays pendant une durée importante n'a plus beaucoup d'influence sur l'issue du jeu. Néanmoins, il peut encore gagner, s'il a investi dans les pays les plus puissants !

Une grosse erreur stratégique est de s'attacher à un pays en particulier et d'essayer de le développer au maximum. Tous les œufs dans le même panier, ce n'est jamais bon. En revanche, prendre le contrôle d'un pays qui s'apprête à faire une bonne taxation est sans nul doute intéressant.
Le jeu ne serait rien sans les nombreux coups de putes qu'on peut se balancer. Prendre le contrôle d'un pays, juste le temps de le ruiner ou d'expédier ses armées à l'autre bout du monde connu est assez rigolo. Se mettre à deux sur un allemand qui tente de prendre la Manche, c'est un plaisir qui ne se refuse pas.

Le jeu dure deux bonnes heures, parfois trois, quel que soit le nombre de joueurs (ce sont les pays qui jouent chacun leur tour, et ils sont toujours 6). Le temps de mettre en place une tactique à long terme (qui se casse la gueule dès le deuxième tour, généralement, mais bon ...) et de voir évoluer le jeu comme on participerait à une leçon d'histoire. Le debriefing qui suit la partie est généralement aussi intense et intéressant que le jeu lui-même. Ce jeu a une âme.

Voilà qui le propulse au deuxième rang de mon top five, juste derrière Container, dont je vous ai déjà parlé ici.

Commentaires

1. Le jeudi, 28 août 2008, 21:30 par Etheriel

Oui, je confirme: se mettre à deux sur un allemand (ou plutot une allemande :) ) qui tente de prendre la Manche, c'est rigolo !!! Blague à part, c'est un très bon jeu

2. Le jeudi, 28 août 2008, 22:35 par Filou

C'est drôle comme qqun qui semble aussi militant de la décroissance, de l'humanisme, aussi ouvert sur la culture se passionne pour des jeux où on retrouve souvent les thèmes de l'argent, des stratégies économiques, de pouvoir, de guerres, de luttes politique, de coups de putes, etc...
C'est absolument pas un jugement hien, au contraire c'est même la preuve qu'on peut avoir des convictions et profiter de JEUX pour se mettre quelques heures dans la peau d'un pourri ^^
C'était ma minute annuelle psychanalytique, excusez-moi de vous avoir déranger :)

3. Le jeudi, 28 août 2008, 23:53 par Stef

Je suis pacifiste et honnete IRL et je m'amuse sur Wargang :
Casier :
Criminel :201
Stupéfiant :3612
Proxénète :74
Trafiquant :120
Braqueur : 175
C'est surement le plaisir de faire des actions interdites ou qui sortent de ton quotidien qui apporte une partie de l'amusement.

4. Le vendredi, 29 août 2008, 08:11 par Merome
Précisément, le jeu sert à ça. Imaginez un jeu où l'on serait informaticien et blogueur, ce serait ennuyeux à mourir...
Et j'ai toujours trouvé la guerre passionnante quand elle est jouée.
5. Le vendredi, 29 août 2008, 16:07 par Arnaud

Le jeu, la télé (encore que je doute), permettent il parait de faire baisser l'agressivité, même si les thèmes sont la bagarre,...
Je ne suis pas psy mais c'est vrai que le fait de jouer à un bon FPS ou de rentrer en compétition dans un jeu de société ne m'a jamais donné envie de me bagarrer. C'est plutôt le contraire. Ca me détend !

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