Le rêve qui m'a tiré du lit à 4h30 ce matin, adapté en nouvelle

Nous étions ensemble depuis plusieurs années. Nous n'avions pas encore d'enfants, mais cela se précisait, petit à petit. Ce matin-là, j'avais rendez-vous quelque part, seul, un entretien d'embauche, je crois. Comme il me restait un peu de temps avant le rendez-vous, ma femme et moi étions sur le canapé, à discuter de choses et d'autres.
J'ignore comment le sujet est arrivé dans la discussion, je crois que c'était en commentant le film que nous avions visionné la veille. Film dont j'ai d'ailleurs oublié le titre.
Nous en sommes donc venus à parler de notre vie antérieure, avant qu'on se rencontre. Bien sûr, comme tous les couples, je pense, nos premières semaines avaient été consacrées à la découverte progressive de l'Autre et de son passé. Et notamment, notre vie sentimentale avant de trouver le grand Amour.

Pour ma part, tout était clair, je n'avais jamais connu qu'elle. J'avais collectionné les échecs, soit parce que je me prenais un râteau, soit parce que je n'osais finalement pas déclarer ma flamme... Le résultat était le même : elle était la seule à qui j'avais tenu la main, la seule que j'avais pu approcher et finalement conquérir.
De son côté, elle avait connu quelques types avant moi, des passades de vacances, ou de soir de bal. Cela n'était jamais allé plus loin. Pour elle aussi, j'étais "le premier".
Cependant, je me souviens avoir eu du mal à accepter ses errements sentimentaux pourtant inoffensifs est tout à fait communs. En réalité, c'était mon cas qui était étrange, voire pathologique. Mais l'idée qu'elle ait pu offrir ses lèvres à un gars abreuvé de bière lors d'une soirée alors que j'avais dû patienter des mois pour le même résultat me rendait fou. En quelque sorte, c'était de la jalousie à retardement.

C'était de l'histoire ancienne, et j'avais réussi à passer outre, heureusement. Et je nous félicitais justement de n'avoir rien à nous cacher à ce sujet, et de se connaître chacun sur le bout des doigts, y compris pour tout ce qui avait pu se passer avant.
Lorsque je prononçai ces paroles, elle esquissa pendant une fraction de seconde un petit sourire gêné que je réussis à capter avant qu'elle ne le contrôle.

- Quoi ? Ce n'est pas le cas ? On ne sait pas tout l'un de l'autre ?
- Si bien sûr, mais...

De nouveau, la gêne était perceptible dans sa voix.

- Je t'écoute, raconte ?

A ce moment de la discussion, mon ton n'était pas du tout agressif, au contraire, j'étais plutôt amusé par sa gêne, m'attendant à un événement tout à fait secondaire de son passé, peut-être honteux, dont elle aurait oublié de me faire part.

- Non, non rien...

Le silence devint pesant, elle baissa les yeux d'une façon que je ne sus pas interpréter.
L'heure tournait et je devais bientôt partir, cela m'ennuyait de le faire dans ces conditions, j'insistai pour qu'elle crache le morceau, toujours sans colère ni violence dans les propos : je tentai de la mettre en confiance en lui rappelant mes épisodes sentimentaux malheureux et l'intérêt que cela pouvait avoir pour elle de les connaître.
Malgré tout, elle resta muette.

Je me levai pour m'apprêter à partir. Devant le miroir de la salle de bain, alors que je me brossais les dents, je sentis les larmes inonder mes yeux, sans que cela ne déborde sur les joues. Je retins un sanglot.

Cette fois, il était l'heure. Ma femme était sur son ordinateur, indifférente, comme si elle souhaitait qu'on oublie rapidement cette discussion et que tout redevienne comme avant.
Je n'étais pas prêt à oublier ça. En colère, cette fois, je lui lançai avant de quitter la pièce :

- Je ne pourrai plus jamais te faire confiance !

Et je claquai la porte, pour donner à mon propos encore plus de violence.
Je m'enfuis à la cuisine pour lacer mes chaussures et je vis sur la table le portable que j'avais laissé ouvert tout à l'heure - j'avais consulté mes mails au lever pour vérifier l'heure du rendez-vous -. Je voulus m'assurer d'une chose avant de partir : je me connectai sur le blog que tenait ma femme. Il n'y avait aucun nouvel article.

Elle arriva derrière moi, je ne me retournai pas.

- Tu me pardonnes ?
- Non.

Par acquis de conscience, je réactualisai la page.

- Et maintenant ?

Un nouvel article venait en effet d'apparaître. Je le parcourus rapidement.

Nous nous sommes mariés le 17 mai à Vancouver, avec la certitude que c'était pour l'éternité ...

Vancouver ? Au Canada ?! Je n'avais même pas connaissance d'un de ses voyages au Canada ! Avant même de finir la phrase, je m'imaginai les scénarios les plus compliqués. Elle était mariée quand on s'est connus. Son mari est disparu. Ou alors elle s'est enfuie ? Tout cela me semble tellement abracadabrant ! Je relis mieux :

Nous nous sommes mariés le 17 mai à Vancouver, avec la certitude que c'était pour l'éternité. De cette union naquit un enfant dont un fragment d'ADN a été envoyé dans une capsule spatio-temporelle. C'est grâce à cet ADN que je suis ici.

Le message était daté du futur, de l'année 2068.

Commentaires

1. Le mercredi, 13 août 2008, 09:26 par Bob

Pas mal pas mal, je vois que ça fume sévère pendant tes vacances... Note, moi il y a trois semaines j'ai rêvé que Nancy était détruite par un missile nucléaire. Chacun ses délires :)

2. Le mercredi, 13 août 2008, 11:20 par Filou

Si Stef et Tony passent dans le coin : Si moi je suis complètement jobard, Merome est quoi ? ^^

3. Le mercredi, 13 août 2008, 21:04 par Tonytheo

@Filou :
On jurerait qu'il lit ton blog et qu'il est devenu "Filouesque" ! ^^

4. Le mercredi, 13 août 2008, 21:13 par Merome
Eh ! Moi je vous raconte mon rêve tel quel. M'étonnerait que vous rêviez des trucs plus crédibles que ça !
5. Le mercredi, 13 août 2008, 22:36 par Tonytheo

^^
Mes rêves sont sans intérêt, si ce n'est pour moi et pour quelques rêves seulement.
De plus, la crédibilité de ces derniers est largement discutable :D
Je vois mal Melissa Theuriau débouler chez moi nue et totalement soumise... ^^

6. Le jeudi, 14 août 2008, 01:00 par Filou

Merome, je crois qu'il faut que tu te commandes un "Intellecteur"... une invention que j'ai abordé le 6 mai dernier de façon un peu énervante et maladroite mais je crois que le fond de l'article pourrait t'intéresser... j'suis même à deux doigts de foutre un track-back :-D

7. Le jeudi, 14 août 2008, 09:27 par Merome
Filou : J'avais lu ton article sur l'intellecteur. D'une manière générale, je lis maintenant à peu près tout tes articles. Bon, une fois qu'on a viré les jeux google et les classements de gonzesses, y a plus grand chose... C'est un peu comme TF1 avec les "100 plus beaux gadins, fous-rires, ..." :)
8. Le jeudi, 14 août 2008, 11:47 par Filou

Bah si y'a plus grand chose, pourquoi tu lis encore mon blog ? ^^

9. Le jeudi, 14 août 2008, 23:45 par Tonytheo

Question intéressante ^^
Pour Stef et moi, ça se comprend. C'est notre croix.
Mais, pour Merome ? :P

10. Le vendredi, 15 août 2008, 09:21 par Merome
Filou : Si je ne le lisais pas, comment pourrais-je dire qu'il n'y a rien dedans ?

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