Un beau principe qui n'est plus la règle aujourd'hui.

Lorsque je plaide pour la décroissance, ou critique trop vertement le fonctionnement actuel de notre économie, on pourrait croire que je remets en cause l'économie de marché, basée sur la loi de l'offre et de demande. Que nenni ! Je trouve que le principe de l'offre et de la demande est une très bonne base pour arriver à un modèle économique idéal et viable.

Seulement voilà, il y a belle lurette que l'offre et la demande ne régissent plus les humeurs de l'économie des pays développés comme les nôtres. Aujourd'hui, l'offre crée la demande. Et les différents intermédiaires, grossistes, centrales d'achats distordent le concept jusqu'à le rendre inepte.

À la base, la régulation de l'offre et la demande devrait garantir au consommateur un prix directement lié aux coûts de production et à la concurrence dans le secteur. Si je suis seul à produire et vendre des stylos verts, aucun doute que je peux les vendre avec une marge de 200%. Si au contraire, nous sommes des dizaines à se partager le marché, le prix va tendre vers un minimum, pour le grand plaisir du consommateur.
Malheureusement, pour beaucoup de produits manufacturés, et encore plus, pour les services, on est loin de ce schéma. Les prix sont fixés par entente entre les acteurs principaux du marchés, qui à grands renforts de publicité vendent parfois l'invendable au prix fort.

On peut citer par exemple le secteur des télécommunications. En 2004, les opérateurs principaux étaient soupçonnés d'entente illicite sur les paliers de facturation. Quatre ans plus tard, je n'ai pas l'impression que beaucoup de choses ont changé. Les SMS, ces mini messages qui transitent sur la bande passante non utilisée des réseaux des opérateurs (en quelque sorte, les déchets des communications synchrones) sont vendus bien au-delà de leur coût réel d'exploitation.
Les abonnements ADSL eux, ne bougent plus depuis des mois, et sont quasiment partout au même prix.

Lorsque le pétrole montait en flèche, il y a quelques semaines, les pêcheurs se plaignaient de ne pouvoir répercuter cette hausse sur leur prix de vente. Hausse qui était pourtant répercutée pour le consommateur final ! Car entre le consommateur et le producteur, il y a un certain nombre d'acteurs qui se sont affranchis de cette contrainte idiote du jeu de l'offre et de la demande. Ils font une offre plancher, et les crève-la-faim, en face, ont le choix entre accepter ou mettre l'ancre sous le bateau (version maritime de la clef sous la porte).

De la même manière, on peut s'étonner que la loi de l'offre et la demande ne s'applique pas aux métiers qui ne trouvent pas preneurs. On nous dit à longueur d'années que la restauration, le BTP, peinent à recruter, et qu'en face, le chômage reste haut. Le bon sens voudrait que ces postes qui ne trouvent pas preneur soit revalorisés, quitte à répercuter la hausse des salaires sur les prix finaux. Pourquoi continuer de payer les biens et les services en deça de leur prix réel ? Pour soutenir la sacro-sainte consommation ? Tout en soutenant le chômage et les profits des entrepreneurs, alors ?

On pourrait également parler des subventions accordées par l'Etat pour certains produits écologiques, et qui en ont fait grimper le prix de façon substantielle, rendant la subvention inutile pour le consommateur, mais bien pratique pour le vendeur/distributeur qui peut vendre la même camelote 30% plus cher... L'offre et la demande dans tout ça ? Ne les cherchez pas.

La solution ? Rapprocher le producteur du consommateur. Rapprocher physiquement d'abord et réduire le nombre d'intermédiaires ensuite. Acheter ses légumes au paysan/à l'AMAP du village. Acheter au petit commerçant / artisan du coin de la rue plutôt qu'au Géant Casino. C'est loin d'être possible pour tous les produits, et je suis le premier à le regretter. Mais ça limite les dégâts et ça empêche, peut-être, qu'on aille encore plus loin dans le règne de l'offre pléthorique et forcée. Deux presse-purée pour le prix d'une paire, fabriqués en Chine, et "vus à la télé".

Commentaires

1. Le mardi, 12 août 2008, 18:58 par Agaagla

ouaip.
bien dit, bien d'accord tout ça.
comme souvent quand je viens te lire.

2. Le mercredi, 20 août 2008, 13:54 par Don

Il faut patienter encore quelques années en espérant que le cout des transports devienne trop lourd pour qui désire importer un presse purée de chine ! mais d'ici là...

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