Les cowboys sont-ils aussi fringants qu'on le dit ?

Il y a un an et demi, je découvrais un groupe québecois avec un nom qui sonne très "tabernacle" : les cowboys fringants. L'ami Bob m'en avait, parait-il, déjà fait l'éloge préalablement, mais j'avais, semble-t-il, ignoré son commentaire. Toujours est-il qu'au-delà de la chanson "Plus rien" qui fut une grosse claque pour ma gueule, j'ai découvert quelques autres chansons qui accrochent bien l'oreille, aussi bien au niveau des paroles que des musiques.

Lorsque j'ai vu tout à fait par hasard une affiche des cowboys dans le bled où je travaille, j'ai immédiatement cherché sur leur site où diable pouvaient-ils se produire dans le coin et à quelle date. Et voilà, c'était hier, à Luxueil-lès-bains, dans le cadre des pluralies, le festival local, soit à 35 minutes de chez moi, pour 15 euros, dans le cloître d'une abbaye. Rater ça eût été une faute de gout manifeste, j'ai donc acheté deux billets pour voir ce que tout cela donne sur scène. Et c'est non sans plaisir que j'ai retrouvé l'ami Bob sur place, avec sa dulcinée et un t-shirt de circonstance.

J'ai l'habitude de dire, et de penser, que l'on n'apprécie un concert que si l'on connaît parfaitement les chansons auparavant. Il faut dire que je ne suis pas rompu à l'exercice au point d'avoir vu des centaines de groupes et chanteurs se produire devant mes yeux, et donc, j'ai plutôt l'habitude de découvrir les artistes au fond de mon canapé, ou, plus récemment, à travers ce qu'on trouve sur le web à leur sujet.
J'avais bien révisé les quelques chansons des cowboys que je connaissais, Plus rien, les étoiles filantes, 8 secondes, La manifestation, ... Mais il me manquait un paquet de titres de leur répertoire et j'ai donc loupé pas mal de choses hier soir.

Une chanson pour moi, ce sont d'abord les paroles et si possible soutenues par la musique. Autant vous dire que le québecois scandé à 100 à l'heure à travers des amplis trop forts, c'est tout bonnement impossible d'en saisir les finesses. Donc au-delà des trois-quatre chansons citées ci-dessus, j'ai été un bête spectateur passif. Enfin, autant que l'on puisse rester passif devant cette prestation rythmée. La plupart des chansons des cowboys sont en effet encore plus engageantes qu'engagées, ce qui donne une assez bonne idée du feu qui animent le groupe pendant la plupart de leurs chansons. Je tire d'ailleurs mon chapeau au batteur, pour qui le spectacle doit être sacrément physique.

Si c'est ça le Québec moderne, moi je mets mon drapeau en berne

C'est sur le dos du tshirt de Bob que j'ai lu cette phrase au début du concert, ce qui m'a permis de la répéter à tue-tête le moment venu, au milieu d'autres cinglés qui sautaient partout.
"Et j'emmerde tous les bouffons qui nous gouvernent !", la critique de la société des cowboys est souvent facile mais aussi diablement efficace. Difficile de ne pas être d'accord avec leurs refrains gaulés comme des slogans, qui vomissent sur la surconsommation, qui dénoncent l'exploitation des riches sur les pauvres, des employeurs sur les employés, des pollueurs...
Les esprits chagrins noteront que cela n'empêche pas les cowboys de vendre des produits dérivés à l'entrée du concert et de venir en France en brûlant du kérosène. Je pense que c'est un faux procès et dont les procureurs sont souvent ceux qui nient jusqu'à l'existence d'un quelconque problème de société à ce niveau.

J'ai grandi sans faire de bruit pour pas emmerder mes parents

Ce bout là, j'ai réussi à le saisir dans une chanson que je ne connaissais pas, Ruelle Laurier, et je me suis dit qu'il fallait que je retienne ça pour le Googler, ce que je viens de faire. Comme je le pressentais, c'est encore du lourd et du sérieux. Les cowboys savent aussi faire dans la chanson sentimentale et nostalgique, comme dans les Etoiles filantes, la chanson sur le temps qui passe servie par une musique juste parfaite pour la circonstance, de mon point de vue au moins.

Ca me désole un peu de n'avoir pu mieux profiter du reste des chansons qui nous ont été servies avec énergie hier soir, faute d'avoir pu assimiler les paroles avant. L'expérience me conforte toutefois dans l'idée que les cousins québecois sont des gens bien. Je n'ai d'ailleurs pu m'empêcher de penser à notre bon vieux stagiaire Caribou qui a partagé nos bureaux il y a maintenant quelques années, Eric, si tu continues de lire le blog, n'hésite pas à nous ramener des nouvelles du front, et vive le Québec libre !