Vos envies prennent vie...

Laissez-moi vous conter l'histoire croustillante de mon dernier achat domestique. Il s'agit de bêtes portes de placard, commandées chez Leroy Merlin au début de cette année.

Il s'agit de portes sur-mesure, un luxe authentique et raisonnable, coulissantes, et de couleur "laqué bronze mat". Cela a son importance, car nous ne tenions pas à avoir un miroir gigantesque dans notre salle à manger.

Le délai habituel pour ce genre de commandes est de cinq semaines. A la sixième semaine, nous nous inquiétons de notre commande, et on nous apprend que malheureusement les portes sont bien arrivées, mais l'une d'elle s'est brisée pendant le transport. Quel dommage. Il faut refaire une commande en SAV, mais ça ne devrait prendre que quelques dizaines de jour cette fois. Soit.
Un mois plus tard, pas de nouvelles. Nous nous inquiétons à nouveau. Cette fois, c'est ballot, la demande en SAV n'a jamais été faite à la fabrique. Erreur informatique, nous dit-on. Ben tiens. Nous sommes donc repartis pour un délai de quelques semaines. Et mes étagères, elles, sont toujours outrageusement visibles dans ma salle à manger, et ça fait pas beau, il faut le dire.

Réussissant tant bien que mal à gratter une ristourne bien méritée, nous attendons à nouveau et aujourd'hui, surprise, les portes sont arrivées. Toutes. Et en un seul morceau. Miracle de la technologie et de la logistique imperturbable des chaines de magasins de bricolage.
Reste à trimballer ces portes qui semblent fragiles, et là, j'avoue que je suis sceptique : est-ce bien raisonnable de mettre tout cela sur le toit de la voiture ? Nous prenons le risque, pour nous éviter les frais d'un véhicule plus adapté.
L'emballage est réduit à son strict minimum, quatre bout de polystyrènes au coin, un plastifiage fin, m'étonne pas que les bourrins du magasin aient tout pété la première fois. Comment faire pour que les portes n'épousent pas les formes arrondies du pavillon de mon Partner ? On a bien amené quelques bouts de bois pour caler ici et là, mais c'est plutôt chancelant. On arrime solidement le truc sur le toit, pas trop non plus parce qu'à trop serré, on peut tout faire péter.
Je vous avoue que trimballer quatre portes fragiles à bout de bras au dessus d'une galerie de voitures, alors que les trois loustics sont dans l'auto en train de faire les zouaves (bilan : une boucle d'oreille en or paumée dans une flaque devant le magasin), c'est un certain sport.
Le truc tient plus ou moins en équilibre, on décolle, à 50 à l'heure pour éviter un trou fatidique qui causerait sept ans de malheur, et d'autres contrariétés diverses.
Les camions nous klaxonnent gentiment, ainsi que quelques automobilistes sans doute très compatissants à notre difficile tâche de faire quinze bornes sans tout exploser. Evidemment, il pleut des sacs d'eau, ce qui réduit la visibilité au bout de son capot. Classique.

Nous arrivons à bon port. Notre arrimage n'a pas bougé d'un poil, les gosses sont juste excédés d'avoir passé deux heures dans la bagnole à observer gentiment l'attache des portes de placards sur le toit, puis le paysage qui défile ... Non à cette vitesse là, il ne défile même plus. Bref, nous les invitons gentiment à aller se restaurer dans le calme puis se coucher sous la menace d'une kalachnikov, modèle 1972, ce qu'ils acceptent de bon gré.

A ce moment là, la pluie redouble, on entend même le tonnerre gronder de tout près. C'est le moment que nous choisissons pour défaire notre attelage. Sous une pluie battante, nous descendons une par une les portes en prenant bien garde de ne pas en laisser échapper une bêtement sur le ciment, ce serait dommage d'en casser une si près du but. Elles sont gavées d'eau de pluie qui se déverse sur nos vêtements dès qu'on les incline, mais c'est si agréable une coulée d'eau dans la manche jusqu'aux chaussettes, par ces chaudes après midi de printemps.

Et voilà, les quatre portes sont stockées en sécurité, ouf, plus de peur que de mal.

Enfin... Y a un truc un peu bizarre. On se rendait pas bien compte avec le plastique autour, mais... Elles brillent quand même drôlement ces portes, pour des portes "mat". On déchire un peu le plastique de l'une d'elles, et paf, ça ne manque pas : c'est pas les bonnes !
Nous voilà avec quatre énormes miroir teintés bronze, pour la modique somme de 2000 euros et des patates, après diverses réductions, soldes et opérations promotionnelles dont nous avons pourtant bénéficiées. Manquerait plus qu'elles soient pas à la bonne taille.
J'aime les plans qui se déroulent sans accrocs...