J'veux pas que tu t'en ailles

Il y a bientôt un an que ce film est sorti dans le salles, mais comme je ne suis pas très cinéphile, je n'en avais pas connaissance jusqu'à hier.

Il s'agit d'un bon petit film français comme je les aime. Avec un peu de comédie et un peu de romance, un soupçon d'observation de l'évolution de la société, mais juste pour faire amorcer au spectateur sa propre réflexion sur le sujet, et se positionner par rapport à lui.
Le thème est celui de l'usure du couple, et de la difficulté de faire tenir l'union dans la durée, et d'en accepter les transformations inévitables.

Richard Berry (qui finit quand même par vieillir, bien fait pour lui !), joue donc le rôle d'un psy marié depuis 7 ans à une prof de français (Judith Godrèche), qui lui a donné un enfant. Par un hasard tout à fait fortuit, il découvre qu'elle le trompe avec un certain Raphaël, qui se trouve être... un de ses patients.
Evidemment, ni sa femme, ni le patient en question ne savent qu'il a découvert le pot aux roses, et de par cette position de force, il use de son talent de manipulateur de conscience, déformation professionnelle, pour tenter de récupérer son épouse.

A noter l'excellente prestation d'un acteur que je ne connaissais pas (je vous ai déjà dit que j'étais inculte ?), Julien Boisselier, qui joue le rôle de l'amant perturbé.

Photo : premiere.fr

Ce qui m'a semblé intéressant dans ce film, c'est la description de cette inévitable usure de l'Amour au fil des années. Usure ou plutôt devrais-je dire "transformation", car le mot usure a un côté péjoratif qui ne reflète pas l'idée que je me fais des choses. Car évidemment que les relations évoluent avec le temps. Heureusement, même. Et je crois qu'il faut savoir l'accepter, comme on accepte, bon gré, mal gré, ses rides, ses cheveux blancs ou une calvitie naissante quand on attrape des âges comme les nôtres. Je ne dis pas qu'il faut considérer comme une fatalité le fait de vieillir et de s'éloigner progressivement de l'idée qu'on se faisait du couple idéal, alors qu'on était encore célibataire. Je dis au contraire que dans les changements qui s'opèrent inévitablement au cours de la vie de couple, il est idiot ou réducteur de considérer que tout est négatif.

Je me souviens de l'entretien d'embauche de ma secrétaire, et des premières heures passées ensemble. C'était fougueux, c'était passionné, c'était insouciant. Mais c'était une fois par semaine.
Aujourd'hui, cela n'a plus rien à voir. C'est beaucoup plus riche, beaucoup plus profond, même si d'apparence, c'est beaucoup plus sage, et surtout c'est tout le temps, depuis ... bon sang, seize ans !
Moi qui me complaît dans la routine, la banalité et le conformisme, cette évolution ne me fait pas peur. Cela ne me met pas à l'abri des intempéries, et je sais qu'à tout moment, ma secrétaire peut trouver un CDD mieux payé ailleurs, le marché du travail est impitoyable.

Aussi, je crois que les remises en question régulières, et une prise de recul constante permet de réajuster le tir. Visionnez ce film avec votre conjoint, et considérez votre situation, exprimez chacun vos ressentis.

Pour la consultation, ça fera cinquante euros.