Continuons dans la critique, qu'elle soit positive ou négative.

Les vacances, c'est l'occasion de faire un certain nombre de choses que je n'ai pas le temps de faire par ailleurs. En l'occurrence, hier, j'ai fini un bouquin et visionné un film. J'ai aimé le premier, détesté le second, et je vais expliquer pourquoi.

Puisque la bibliothèque où j'ai mes habitudes est si pauvre que je n'y trouve pas la moitié des livres que les lecteurs du blog m'ont gentiment conseillé, je suis toujours bien en peine de choisir un bouquin parmi les milliers de volumes qui sont à ma disposition. J'erre d'un rayon à l'autre, espérant qu'un bouquin génial me tombe sous le regard, un qui change ma vision de la littérature et transforme ma vie.
Comme cela n'arrive jamais, et aussi parce que je suis un sombre inculte, je suis obligé d'utiliser des stratagèmes idiots pour me décider à chercher quelque chose de précis, l'expérience m'ayant prouvé que le simple examen de la couverture ne suffit pas à détecter le chef d'oeuvre.
Cette fois, c'est idiot, je vous ai prévenus, je me suis dit : qu'est-ce qu'un bobo comme moi peut bien apprécier en matière littéraire ? Et je me suis souvenu de la chanson de Renaud éponyme : Les bobos. Et notamment une phrase : "Ils lisent Houellebecq ou Philippe Djian".
Comme j'ai déjà donné dans Houellebecq (Extension du domaine de la lutte, Les Particules élémentaires, Plateforme) et que j'ai fini par m'en lasser totalement, je me suis dit "Voyons voir ce que nous avons au rayon Philippe Djian".

C'est ainsi que j'ai découvert qu'il était l'auteur de "37.2°C le matin", dont le film aurait pu marquer mon adolescence si c'était une époque où j'allais au cinéma... je ne sais même pas si je l'ai déjà vu en entier, ce film. J'en ai donc que le souvenir d'un truc un peu scandaleux avec Béatrice Dalle. C'est tout.
Pour ne pas paraître pour l'obsédé de service en passant devant le tromblon qui fait office d'agent de la bibliothèque, j'ai choisi un autre titre du même auteur, un peu au hasard : "Lent dehors". Un titre qui, heureusement, n'a rien à voir avec le contenu.

Le roman évoque l'adolescence et les péripéties d'adulte d'un professeur de musique qui traverse une grave crise de couple. Au passage, il décrit d'une certaine façon le rêve américain, du point de vue artistique comme du point de vue géographique. Ce n'est pas ce que j'en ai retenu de plus marquant.
D'un style tout à fait accessible et agréable, l'auteur nous fait vivre la découverte de la sexualité et de l'amour par deux adolescents, un garçon et une fille qui vont devenir mari et femme. Je trouve, malgré quelques vulgarités inutiles dont l'auteur aurait pu se passer, que c'est dans l'ensemble extrêmement bien rendu. La mini-intrigue qui accompagne le roman est cohérente, sans être fabuleusement intéressante, mais là n'est pas l'important, j'ai donc apprécié le bouquin, je le recommande.

En revanche, je n'en dirais pas autant du film "Travaux on sait quand ça commence" sorti en 2005, avec Carole Bouquet. Une comédie. Si j'avais vu dans la distribution qu'il y avait aussi Jean Pierre Castaldi, Adlo Maccionne et Bernard Menez, je me serais peut-être méfié !
Je m'attendais à un film gentillet, mais drôle sur les affres de la construction ou la rénovation des logements. Comme je suis allergique à tout ce qui ressemble de près ou de loin à un outil et que lorsque ma secrétaire me présente un marteau je lui explique que je ne pourrai jamais porter ça tout seul, je pensais que cela pourrait me plaire.
Dans le même style, on avait déjà visionné "La maison du bonheur" de et avec Dany boon, qui sans être un chef d'oeuvre se laissait regarder et provoquait quelques spasmes nerveux sur certaines répliques. En même temps, Daniel Prévost, ce n'est pas Bernard Menez...

Carole Bouquet joue donc le rôle d'une avocate, défenseur du sans-papier, du sans domicile fixe, ce qui n'est pas sans rappeler "Si c'était lui" qui était déjà plus regardable, dans le genre. L'avocate embauche ses clients immigrés pour refaire l'intérieur de son appart', et évidemment, cela ne se passe pas tout seul.

Dès le début, on est mis au parfum, Carole Bouquet plaide devant la cour, et rapidement, sa plaidoirie se transforme en ballet. Elle exécute une chorégraphie à destination du juge, qui tombe sous le charme quand elle vole littéralement jusqu'à son pupitre pour lui caresser le menton. Le ton est donné : ça va être vachement imagé, comme film.

Rapidement, on se rend compte que la réalisatrice avait une idée derrière la tête, qui n'a rien à voir avec l'objet de cette comédie presque musicale : dénoncer les situations insupportables des clandestins, des logements insalubres occupés par des familles entières de sans papier arrivés par hasard ou par obligation en France. Soit. L'intention est louable. Le moyen utilisé est plus contestable : le film nous présente une bande de maçons, platriers, peintres, architectes ... immigrés, infoutus de faire un travail correct, pique assiettes, profiteurs, inconscients... Les pires lieux communs que l'on puisse imaginer sur les turcs, les maghrébins, les portugais, les italiens ...
TéléCinéObs, qui attribue quatre étoiles à ce... truc, résume la chose ainsi : "Porté par une Carole Bouquet drôle comme jamais, "Travaux..." ne se contente pas d'enchaîner habilement les situations comiques, le film est aussi un habile plaidoyer en faveur de la tolérance."
On n'a pas dû voir le même film.
Bref, si vous aviez l'intention de voir ce film, vous pouvez l'effacer. Enfin, je veux dire, vous pouvez vous abstenir de le louer.

Commentaires

1. Le vendredi, 22 février 2008, 16:10 par Marzi

Pour le film, j'aurais pu te le dire...
Pour le livre : je lis super rarement, 3 ou 4 livres durant les vacances (au sens avec expatriation) exclusivement : je choisi par pur hasard à la bibliotheque, selon les noms qui sonne le mieux à mes oreilles. J'ai pris un livre de Djians, juste parce que je sais qu'il composait pour Eicher du temps où celui la faisait de la musique que j'appréciais (i.e album carcasonne et le live qui a suivi) : ben meme pas réussi à le finir, j'ai trouvé ca à chier.


Mais l'explication doit rejoindre ton post précédent...

2. Le vendredi, 22 février 2008, 17:09 par Merome
Ah ? Je savais pas qu'il écrivait pour Eicher...
3. Le vendredi, 22 février 2008, 20:13 par Etheriel

Pour ainsi dire tous les "tubes" d'Eicher en français ont été écrits par Djian. L'album que je préfère est Engelberg, et sur cet album tu trouveras le titre "Djian's waltz".

4. Le vendredi, 22 février 2008, 23:31 par Torg

Djian est aussi un grand pote de De Caunes.
Du temps de Nulle part ailleurs, il les recevait, avec son acolyte Eicher, à chaque fois qu'il sortait un album ou un livre (suivant le gars :) )

5. Le samedi, 23 février 2008, 23:57 par Filou

Et t'aimes les chaines de blog ? ^^
J'parie que tu connais pas ! Et j'parie même qu'en lisant ces 2 premières lignes de mon comm t'es déjà réticent non ?
L'explication détaillée est sur mon blog mais rapidement, il s'agit de faire à la fois de faire passer des adresses de blogs qu'on aime bien tout en donnant quelques infos marrantes de son choix sur sa propre personnalité.
J'ai trouvé l'idée sympa sur ce blog : loahtess.canalblog.com/ar...

Bon tu vas trouver quoi comme excuse ? Pas le temps ? Pas envie ? C'est d'la merde ? ^^

J'écris ce comm pour te signifier que je t'ai "taggué" (cité pour le vieux Gaulois que je suis) dans mon big article sur le sujet et que t'es censé y répondre d'une manière ou d'une autre...

A la Denisot aux guignols : désolé ^^

PS : Et à ce moment du comme t'es encore plus réticent qu'à la 2ème ligne non ?

PS 2 : Dans ta quête des produits culturels potentiellement assez bien pour te plaire : albums de Kate Nash, BB Brunes et Amélie les crayons.

6. Le dimanche, 24 février 2008, 10:24 par Merome
Filou : "Je parie que tu connais pas"... Tu me prends pour un débutant ? Je connais et je désapprouve, comme tu l'as bien deviné. Je ne plierai donc pas au jeu.

BB Brunes, je connaissais, j'ai mis un nom dessus grâce à ton article où il fallait voter. Merci. J'ai déjà vaguement entendu parlé des deux autres que tu cites, mais je vais y jeter une oreille attentive.
7. Le lundi, 25 février 2008, 09:30 par Marzi

Pour corriger ce que dit Etheriel : sauf "combien de temps". Mais Eicher n'est pas très fier de cette chanson là, qui fut pourtant son premier vrai succès en france.

8. Le mardi, 26 février 2008, 22:20 par Etheriel

J'ai dis "pour ainsi dire" :)
"Combien de temps" a un clip d'anthologie, dans le sens où l'ont voit Eicher se rouler dans l'herbe, et que cette séquence sera "moquée" par les Inconnus dans "Vice et Versa" :)

9. Le mercredi, 27 février 2008, 17:42 par Cottages&Castles

J'aime ou ne aime pas - le sujet, par qui ça fait mille ans que ! Ici можна dire un million de mots et un ne se trouvera pas fidèle, mais on peut dire seulement trois - et le monde sera près de tes pieds. Comment comprendre j'aime ou je n'aime pas ? Je ne connais pas, cela quelque chose au-dedans que nous pousse en avant de plus en plus loin et plus loin, en un clin d'oeil nous aimons, à deuxième nous détestons. Merci

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