Les voies de la Culture sont impénétrables

N'y allons pas par quatre chemins : je suis inculte. Nul en histoire-géo, je ne connais pas mes classiques littéraires, j'écoute de la variété, voire de la soupe et j'adore ça, je n'aime pas le cinéma d'auteur... La liste de mes tares est longue et leur énumération fastidieuse.

Depuis un moment, j'essaie, autant que faire se peut, de rattraper un retard accumulé depuis tant d'années. Me servant massivement d'internet pour débroussailler le terrain, j'y cotoie virtuellement nombre de passionnés qui savent donner envie de pénétrer leur domaine rien qu'en postant quelques mots sur un forum, ou dans un mail bien tourné.

Vous avez déjà pu suivre ici certaines de mes pérégrinations dans les domaines de la littérature, la musique classique, le cinéma et à chaque fois, cette impression de ne pas savoir apprécier ce que les autres adulent, malgré toute la bonne volonté dont je puis faire preuve.

J'ai deux nouveaux exemples récents de ces totales incompréhensions qui me plongent dans le plus profond désarroi. Au point que je doute de mes propres capacités à comprendre des choses que d'autres, visiblement, apprécient à un niveau qui dépasse l'entendement.

Commençons par le voyage de Chihiro que j'ai visionné hier avec toute ma meute. Allociné dit "Film pour enfants", quatre étoiles de moyenne pour la presse comme pour les spectateurs, je me dis que je ne risque pas grand chose, d'autant que j'avais plutôt apprécié "Mon voisin Totoro", du même auteur, malgré un scénario un peu faiblard à mon goût.

Donc voilà, comment dire... : c'est une pure merde. Deux heures de perdues. D'abord, ça fait peur aux gosses, voire pas qu'à eux. C'est absolument pas joli à voir à plusieurs moments, ça vomit de partout, ça se transforme, ça saigne et c'est gluant. Il n'y a pas de scénario qui tienne debout, pas de morale, pas de valeurs véhiculées. On dirait une suite de rêves bizarres que le réalisateur s'est amusé à mettre bout à bout. L'univers n'est pas consistant, ou s'il l'est, on ne peut s'en rendre compte tant le scénario est absent. Les personnages secondaires ne sont ni bons, ni méchants, ils ne sont rien. On se demande à quoi ils servent.
Je veux bien croire que techniquement, l'animation soit irréprochable, que les graphismes soient chiadés, et que le style de l'auteur soit celui-là que ça me plaise ou non, mais d'où viennent les quatre étoiles d'allociné ?

Dans le même genre, ma dernière acquisition ludique est "Amyitis". C'est un jeu de la gamme Ystari, réputée pour faire des jeux costauds qui ne passent pas sous la barre des 4/5 de moyenne sur Tric Trac. J'avais déjà eu l'occasion d'essayer Caylus, puis Mykerinos, et de dire mes impressions à ce sujet. Néanmoins, n'écoutant que mon bon sens et les commentaires passionnés des Tric-Traciens, j'ai franchit le pas et acheté le jeu pour voir.

Mon impression est plutôt mitigée. Je ne vais clairement pas mettre la boite au feu, et je prends même un certain plaisir à y jouer, mais au prix d'effort d'abstraction que je trouve indigne du succès de l'éditeur (ou l'inverse). On dirait que ces jeux sont faits pour être inaccessibles, tant la mécanique y est mise en avant par rapport au thème et surtout à la jouabilité.
N'écoutant que mon courage, j'ai ouvert un topic sur le forum Tric Trac qui s'est un peu enflammé (déjà 15 pages !). Il faut dire que Tric Trac rassemble des joueurs passionnés qui attendent des gros jeux de ce type. Leur dire qu'on aurait pu peut-être faire mieux sans changer la profondeur du jeu leur a un peu déplu. L'auteur du jeu lui-même et l'incontournable et barbu webmaster du site Tric Trac sont intervenus sur le sujet. Augmentant encore s'il en était besoin le malaise que je peux ressentir en pareil cas.

L'enseignement que je retire de ces deux expériences malheureuses, c'est qu'à la différence de la plupart de mes contemporains, semble-t-il, j'estime que la technique n'apporte que si elle sait se masquer derrière l'œuvre elle-même. Des assemblages de solos virtuoses ne me font rien ressentir musicalement. Des proses au style impressionnant ne m'apportent rien si le fond n'a rien à dire. Des films de réalisateurs prestigieux restent des navets si le scénario ne tient pas debout. Des jeux aux mécaniques parfaites sont décevants quand on ne peut se plonger dans leur univers.

Lorsque j'exprime ce ressenti, je m'attire généralement des volées de bois vert, de la part des inconditionnels du domaine, ceux qui savent et qui comprennent mieux que moi les tréfonds de l'œuvre. Le véritable talent, à mon sens, c'est de réussir à rester accessible malgré la maîtrise technique indéniable.

Commentaires

1. Le mercredi, 20 février 2008, 16:58 par Bob

À ce tarif-là, c'est pas la peine de demander des conseils :)

2. Le mercredi, 20 février 2008, 17:02 par Bagheera

oulàlà. Chihiro de la merde? Sache d'abord que dans la japanim il n'y a pas toujours des bons et des méchants! Dans ce film il y a l'idée du changement. Chihiro qui grandit et s'assume, Yubaba qui se laisse attendrir, le dragon qui s'affranchit du piège où il est tombé... Il y a le thème du passage du réel à l'imaginaire (cf lewis carroll), le "sans visage" est tel celui qui n'a pas de personnalité, de place, qui s'identifie en volant l'image des autres... j'en rajoute encore? Miyazaki a toujours un message à apporter, il faut réfléchir un peu!
Ensuite Totoro s'adresse à un public familial, tandis que Chihiro s'adresse à un public plus mature...

Enfin, pour conclure, ma môme de 4 ans a adoré, alors que mon aîné de 6 en a peur...

3. Le mercredi, 20 février 2008, 17:02 par Merome
Je suis curieux de savoir ce que tu as pu trouver à Chihiro, tiens...
4. Le mercredi, 20 février 2008, 17:32 par Bob

Il y a beaucoup de choses abordées dans Chihiro. Outre ce que Bagheera mentionne, on peut ajouter le passage de l'enfance à l'âge adulte (ou à l'adolescence) avec tout ce que ça implique, la recherche de l'identité...

L'histoire est assez basique, c'est vrai : on passe dans le monde d'à côté, il y a un prince quelconque à délivrer d'une malédiction et ainsi se sauver soi-même et/ou ses proches, et revenir chez soi un peu différent de ce qu'on était en partant. C'est un scenario de conte assez standard. Pas transcendant sans doute, mais on ne peut objectivement pas dire qu'il n'y a pas d'histoire ni que c'est vide de sens.

Après, ça reste une œuvre comme une autre : chacun y voit ce qu'il veut bien y voir. Il y a des gens qui voient des trucs super profonds dans des toiles de Pollock, moi j'y vois un type qui fait le con avec de la peinture.

Au-delà du scenario, la réalisation et la "Miyazaki touch" font aussi partie des raisons pour lesquelles j'aime ce film.

5. Le mercredi, 20 février 2008, 17:59 par Merome
C'est bien ce que je dis : je suis un crétin. Si je vois à peu près à quelles scènes du film vous faites allusion, je trouve ça tellement noyé dans un océan de choses inutiles et moches que je ne peux décemment pas apprécier la chose. A ce compte là, on peut trouver une violente critique du racisme dans Benny Hill, ou bien une réflexion profonde sur l'argent dans Santa Barbara... Si si, à un moment on voit un noir dans Benny Hill, et Jenny qui est pétée de tunes dans Santa Barbara, ben elle est méchante.
6. Le mercredi, 20 février 2008, 18:16 par F.MYKIETA

Salut,

essaye d'écouter du jazz, c'est hermétique non?
Quand tu vas à une soirée "jazz", c'est dingue le nombre de gars qui trouvent ça bien.
Mais si t'es a coté, que tu trouve ça pas terrible, oh la la, c'est limite si on te casse pas la gueule.

Il est assez interessant de constater qu'une critique subjective, certe, mais argumentée, peut faire naitre autant de propos parmi ces gens, qui, visiblement, apprécient très fortement les jeux de cet éditeur...
Je me suis essayé à ces jeux, une fois ou deux. Sans succès, si je dois jouer, c'est au Tarot. point.

J'ai moi aussi vu (en partie car j'ai abandonné en cours) chihiro. Je confirme ton impression: Moi non plus, je n'ai pas aimé.

Big fish, mais pas Chihiro;
Georges Lucas mais pas Tolkien;
Tarot, mais pas Ystari;
Pink Floyd, mais pas Supertramps;
Dires straits mais ni Rolling Stones ni Beatles;
Hugues Aufray ou Nino Ferrer mais pas Moulouji;
Pop Rock mais pas Jazz;
Arthur C Clark mais pas Victor Hugo;
Umberto Eco mais pas Soljenitsyne;
Programmation Assembleur sur Siemens S7 mais pas de C++;

Je suis inculte moi aussi alors?

7. Le mercredi, 20 février 2008, 19:16 par Bob

Ben, personne ici à part vous n'a dit que vous étiez incultes, hein :)

Pour ma part, je comprends parfaitement qu'on puisse ne pas apprécier X ou Y, simple question de goûts. Parfois, c'est même simplement qu'on n'est juste pas dans le bon état d'esprit pour apprécier le truc le jour où on tombe dessus. Parfois, c'est l'inverse, on y retouche un peu plus tard et on se demande comment on a pu trouver ça bien la première fois.

C'est juste comme ça que les gens sont faits.

8. Le mercredi, 20 février 2008, 19:27 par Filou

C'est dommage en voyant le début de l'article, j'espérais que tu aborderais la musique.
En commençant par donner des exemple d'artistes que tu apprécies... hormis Jean-Jacques.

9. Le jeudi, 21 février 2008, 09:22 par Loïc F

On ne dit pas c'est "une pure merde", on dit je n'aime pas. :D
Personnellement, j'ai adoré Chihiro, et je ne saurais pas exactement te dire pourquoi. Si peut-être parce qu'il m'a transporté...
Et je ne suis pas forcement fan de japanim.
C'est marrant, parcqu'il me semblait pas avoir vu ce coté "j'ai des œillères"(c'est pas un insulte;))dans les précédents articles que j'ai lu de toi.Cet fois, ça manque d'arguments: ou plutôt, les arguments ne sont pas terribles(sauf peut-être sur le fait que ça fait peur au enfants, perso, ces espèces de monstres gerbant, je considère que c'est pour public averti).
Tu parles d'utilité (enfin, tu dis inutilité c'est pareil). Est ce qu'un flim(attention ce flim n'est pas un flim sur le cyclimsme:D) ne peut être réussi que si il est utile?
"pas de morale, pas de valeurs véhiculées"...
Après, c'est chacun son avis. Si tu es passé à coté, c'est pas ce qui fait de toi un "crétin" non plus.

Tu as aimé quoi comme film animé par exemple?

10. Le jeudi, 21 février 2008, 10:42 par Merome
Que le film ait son public, je ne le nie pas. Qu'il ait 4 étoiles sur allociné, ça signifie que ceux qui l'ont vu étaient déjà convaincus avant, à mon sens. Les animés américains, notamment les pixar, offrent généralement un scénario bien plus étoffé, diffusent des valeurs intéressantes (ratatouille contre la malbouffe, Les indéstructibles sur la famille...).
Concernant les oeillères, je les aurais si je n'avais pas pris la peine de regarder pour critiquer. Or je suis précisément dans une démarche d'ouverture. En général, quand on me conseille, je lis, je regarde, j'écoute pour me faire une opinion. Ensuite, je donne mon ressenti. Et en l'occurrence, là, il est mauvais.

Pour revenir à Chihiro, je lui reproche une certaine facilité. Techniquement, le réalisateur peut tout se permettre, et comme il a du talent, ce que je ne nie pas, il peut même faire en sorte que ça soit joli. Encore faut-il que cela ait un sens. Je me souviens d'un moment où le jeune garçon/dragon ordonne à Chihiro "Ventre à terre", suite à quoi ils plongent effectivement à plat ventre pour voler à ras de terre. Clap clap. Il sait voler. Ça arrive comme un cheveu sur la soupe, on ne sait pas pourquoi il sait faire ça, ni quelles sont les limites de ce pouvoir et pourquoi il ne l'utilise pas dans d'autres circonstances. C'est juste un truc que l'auteur a mis là, comme ça, pour se faire plaisir. Il aurait bien pu le faire métamorphoser en presse-purée, ou bien volatiliser ses ennemis sous forme de carottes rapées que c'était pareil. Pourvu que ça fasse de belles images et que techniquement ce soit irréprochable. Le sens donné à tout ça n'est que secondaire.
Donc moi, je n'adhère pas à ça.
11. Le jeudi, 21 février 2008, 10:44 par NXT

Les japanims sont de mon point de vue toujours un peu hermétiques, ce qui ne m'empêche pas d'en adorer plusieurs... Je m'explique :
Dans le cas particulier de Chihiro, ça apparait immédiatement : ce n'est pas un film pour occidentaux non avertis. Je ressens dès le début que je vais forcément louper un grand nombre de choses possiblement importantes pour apprécier le film.
Il s'agit de toutes ces allusions à l'imaginaire japonais... Souvenez-vous, au début du film, le père prend un "raccourci" à l'entrée duquel se trouvent des sortes de statues arrondies qui semblent faire office de bornes. Le fait que Chihiro les regarde avec insistance m'amène à penser que ça a une certaine importance, or, je n'y vois qu'une bête statue. Pourtant, je suis certain que ça doit avoir une valeur d'introduction au récit.
Mais voilà, moi aussi, je suis un inculte :-(

Du reste, dans Totoro non plus je ne suis pas certain d'avoir bien saisi toutes les allusions à d'éventuelles légendes dont je ne sais rien...

Le seul japanim accessible directement pour moi (à ce qu'il m'a semblé, mais un spécialiste me contredirait sans doute) est Porco Rosso : l'action se déroule volontairement en Italie (ou Sicile ?) et ne fait pas appel aux légendes Japonaises.

Autre sujet : la musique. Je ne parle pas un mot d'allemand, je suis plutôt athée et je n'y connait RIEN en musique classique (même pas été foutu d'apprendre le solfège), et pourtant j'adore "La passion selon St Mathieu" de Bach... ça me prend aux tripes, tout simplement...

En conclusion, je dirai que le fait d'être inculte ne nuit pas nécessairement lorsqu'il s'agit d'apprécier une œuvre ; Par contre, s'il s'agit de la comprendre intégralement, cela va vraiment poser problème ;-)

12. Le jeudi, 21 février 2008, 10:49 par NXT

Pour répondre à ton dernier post, Merome : Le dragon est la représentation de l'esprit de la rivière asséchée dans laquelle Chihiro petite a failli se noyer ; Esprit qui l'avait d'ailleurs sauvée à ce moment là.
La sorcière l'avait capturé et utilisé, bla bla bla.

Globalement, outre le passage à l'age adulte pour la petite, le film est nettement orienté sur l'écologie (j'espère quand même que ça, ça ne t'a pas échappé) avec notamment les esprits des éléments qui viennent aux bains pour se faire épurer (d'où les trucs dégoulinants et sales)...

13. Le jeudi, 21 février 2008, 11:27 par Merome
NXT : j'avais compris le coup de l'esprit de la rivière, et la noyade évitée. Cela n'explique pas pourquoi il vole, et pourquoi il ne sait pas danser la macarena sur les mains, par exemple.
Pour l'écologie, j'avoue que ça m'a plus ou moins échappé. Si l'on exclut l'espèce de dépotoir qui sort du corps d'un esprit dégoûtant, je n'ai pas vu de véritable vision écologique...
14. Le jeudi, 21 février 2008, 12:06 par NXT

Merome : c'est ce que j'essaye d'expliquer : dans l'imaginaire japonais, il est sans doute évident qu'un dragon vole. Et je doute sincèrement que dans leur référentiel, il soit censé savoir danser la macarena sur les mains ;-)
De ce fait, si un spécialiste du genre se voyait poser ta question, je suis certain qu'il te regarderait avec de gros yeux, en n'imaginant même pas que tu puisse te la poser (Hé, Merome, pourquoi mon antivirus ne supprime pas AUTOMATIQUEMENT TOUS les malwares sur mon poste ? Allez, avoue que tu as fait les gros yeux...).

Or, tu ne le sais pas parce que tu n'es pas un spectateur averti, mais néophyte complet. CQFD.

15. Le jeudi, 21 février 2008, 13:35 par Bob

Ben... c'est un dragon, donc il vole... qu'est-ce qu'on peut dire de plus ?

Tu prends un film dont le postulat de base est qu'on change d'univers, qu'on se place d'emblée dans des règles qui ne sont plus les nôtres, et malgré ça on dirait que tu t'attends à ce que tout trouve quand même une place bien faite dans tes propres références ou, à défaut, qu'on t'explique chaque chose par le menu. Dans ce cas, ça ne m'étonne pas que tu trouves des trucs qui clochent partout dans le film :)

Pour moi, c'est un film qui fait largement appel à l'imaginaire. Il contient pas mal de choses qui sont à prendre comme elles sont, sans justification, sans explication : c'est juste comme ça que les choses sont dans cet univers-là. Ce n'est pas plus idiot que d'admettre comme une évidence que le carrosse redevienne citrouille à minuit. Après, soit on entre dans le jeu et on se laisse porter, soit la sauce ne prend pas et on passe le film à se poser plein de questions qui n'auront pas de réponses.

Que dire d'autre ? Il n'y a rien dans le film qui le rende fondamentalement différent de n'importe quel autre film, ou plus inaccessible. On arrive à entrer dedans ou pas, et des fois il n'y a même pas forcément de vraie raison dans un sens ou dans l'autre.

Pour les jeux, c'est la même chose. Il y a plein de gens qui arrivent très bien à entrer dans les univers que les concepteurs ont mis en place, malgré les approximations plus ou moins évitables. Toi pas : ben c'est que tu es plus exigeant que la moyenne, ou que tu as des exigences qui ne sont pas celles pour lesquelles les concepteurs ont taillé le jeu.

C'est pas de bol mais c'est comme ça. Je ne crois pas que ça relève d'une volonté délibérée et systématique des auteurs à succès de privilégier la forme sur le fond, ni d'un aveuglement de ces cochons de consommateurs de masse qui ne sont pas foutus de voir tous les défauts qui te sautent aux yeux et qui portent aux nues des trucs qui te semblent être des bouses infâmes.

À mon avis c'est uniquement un bête histoire de goûts et de couleurs, ni plus ni moins.

16. Le jeudi, 21 février 2008, 15:28 par Bob

Ah oui, je voulais ajouter, pour les trucs zarbis qui font peur aux gosses : en quoi est-ce spécialement pire que, par exemple, des contes dans lesquels on va trouver à la fois la violence de l'ogre qui mange les enfants et celle des parents qui abandonnent leurs gosses dans la forêt ?

17. Le jeudi, 21 février 2008, 16:06 par Merome
Sous le prétexte de l'imaginaire, on peut faire absolument tout et n'importe quoi. J'accepte volontiers le tout, mais pas le n'importe quoi. A un moment, il faut que ça corresponde à une certaine logique, que cela soit agréable à voir ou à entendre. On peut parler de la peinture aussi, et du fameux "Carré blanc sur fond blanc", ou bien d'autres artistes qui peignent avec des leurs excréments ou les ordures... Foutage de gueule... Admets que c'est facile de s'extraire de l'ensemble des règles connues pour construire un monde imaginaire. Si encore il présentait un semblant de cohérence, pourquoi pas, une idée directrice, je veux bien.
L'esprit qui vomit une décharge, parce qu'il y avait un guidon de bicyclette qui dépasse, ça s'approche du n'importe quoi. Imagine les gens qui n'ont pas vu l'animé en train de lire ça !

Ensuite, pour ce qui est des ogres, des choses qui font peur, ou pas, tout est dans la suggestion. Que l'on ait peur d'un monstre invisible ou d'une situation, cela me semble sain et nécessaire pour la construction de l'enfant. Qu'on mette une image sanglante, ou dégueulasse là-dessus, n'apporte strictement rien. On peut aussi bien abonner les gosses à rotten.com, ça ne va pas leur faire affronter mieux la maladie ou les accidents. Ce sera une peur inutile, contreproductive. Leur suggérer au contraire les difficultés de la vie, sa fin inéluctable, les sentiments négatifs qui peuvent exister entre les hommes, c'est les préparer à affronter leur existence telle qu'elle est, et à se forger leur propre image du bien et du mal.
18. Le jeudi, 21 février 2008, 16:08 par Calcoran

Ah là là, l'agitateur Merome a encore frappé, il essaye de se faire lyncher en clamant qu'il n'aime pas Myazaki. ;)

Plus sérieusement, et en essayant de ne pas trop répéter ce qu'ont déjà évoqué les commentaires avant moi, je pense que les films de Myazaki, et plus généralement les productions du studio Ghibli, ne sont pas forcément ciblés comme il faut en France. Déjà dans le sens où il ne s'adressent pas forcément à un public enfant. En général il faut au minimum être pré-ado pour apprécier. Et idéalement, comme disait NXT, il faut connaitre un minimum le Japon ou à défaut la japanim.

Un exemple: Quand je vois Totoro (film contemplatif s'il en est), ou le Tombeau des Lucioles (film à ne _pas_ montrer à des enfants ... à moins de vouloir leur faire comprendre dès leur plus jeune age les horreurs que sont la guerre, les bombardements, et la famine), je suis instantanément transporté quelques années en arrière, quand j'étais étudiant au Japon. Je retrouve les maison, les couleurs, j'entends le cri des enfants ... C'est une madeleine de Proust à la porté de tous ceux qui connaissent un peu le Japon rural. On retrouve souvent ça dans les films de Myazaki. Mais même dans ses films moins marqués culturellement (Nausicaa, Laputa, Porco Rosso), on retrouve:

- Des moments contemplatifs, où l'idée est plus d'évoquer un sentiment ou une émotion chez l'observateur, plutôt que de titiller son intellect. La beauté de la nature, ou son côté sombre et farouche (Mononoke par exemple), l'effervescence de ruche des organisations humaines, etc.

- Des scènes marquées par l'imaginaire nippon ... il faut voir qu'il n'ont pas eu les mêmes fables, monstres, etc. dans leur imaginaire que nous, quand ils imaginent un chevalier en armure, ça n'a rien à voir avec l'image qui nous vient à nous. Alors forcément, ça entraine des réactions, comportements, etc., qui nous semblent assez inhabituels, voire grotesques. Hum, ce à quoi on peut ajouter parfois des traductions un peu ... euh ... étonnantes, qui n'arrangent rien.

- Un net parti pris écologique, qui souvent oppose les hommes, leur industrie, leur rationalisme, à la nature et à l'imaginaire irrationnel. C'est parfois relativement subtil (Chihiro, Totoro), parfois beaucoup plus explicite, comme dans Mononoke ou Nausicaa (un conseil d'ailleurs: lis Nausicaa, la BD ... c'est beaucoup plus détaillé que le film, et ça amène à des réflexions assez sombres mais assez bien vues sur notre monde industriel, surtout quand on considère que ça a été dessiné/écrit il y a une vingtaine d'années).

Enfin bon, bref, était-il nécessaire de dire que j'étais fan de Myazaki? ;)
Le seul avec lequel j'ai eu un peu de mal, c'est le chateau ambulant, un peu trop onirique à mon gout. Mais faudrait que je le revoie quand même pour le coup.


Cela dit rassure toi, mis à part ma passion pour ce que fait Myazaki, j'ai régulièrement les mêmes problèmes que toi. En particulier pour tout ce qui concerne le cinéma, d'auteur ou pas, dès que ce n'est pas de la science-heroic-space-fantasy-opera-fiction je suis assez inculte ;) .

19. Le jeudi, 21 février 2008, 16:24 par Merome
Que je n'aime pas Miyazaki, ce n'est même pas le problème. Je suis persuadé qu'avec son talent, il aurait pu faire quelque chose de tout à fait accessible, indépendamment des différences de culture. Je le soupçonne de ne pas l'avoir fait, sciemment, sous prétexte d'une pseudo-liberté artistique ou d'une sorte de snobisme intellectuel. Quelque part, il s'est dit "Si Merome comprend pas, je m'en fous, voire, c'est bien fait pour lui, et je vais lui mettre une poignée de vélo qui dépasse de l'esprit gluant juste pour le faire chier".
Admettons qu'un jour je me découvre un talent quelconque, je me vois mal en train de créer à destination d'une sorte d'élite, en négligeant de façon volontaire toute une partie du public. Je trouve ça prétentieux. Un peu comme une réunion de famille ou un diner quelconque où quelques convives partagent le même métier et ne parle que de ça pendant toute la soirée, au grand dam de leur compagne/compagnon qui est de fait exclus des discussions. C'est juste impoli.
20. Le jeudi, 21 février 2008, 16:26 par NXT

Je plusse pour Nausicaa sur papier... En plus, voilà exactement le genre de conclusion qui devrait plaire à Merome !!!

21. Le jeudi, 21 février 2008, 16:36 par Bob

L'esprit qui vomit une décharge, ça symbolise une rivière dont les gens se servent comme poubelle. Je sais pas, moi dans le contexte du film ça m'a semblé clair...

Encore une fois, c'est *toi* et toi seul, avec les attentes spécifiques que tu avais par rapport au film, qui te sens exclu. Je ne remets pas ça en cause, mais de la à te mettre à la place de l'auteur en disant qu'il a fait *exprès*... c'est pas de la prétention, ça ?

Il y a des milliers de personnes ni plus ni moins connes que nous qui ne se sont visiblement pas senties snobées par ce film. Est-ce que ce sont elles qui sont supérieurement intelligentes, ou est-ce que c'est un complot et qu'elles font semblant d'avoir compris ? :)

Enfin bon, tu peux continuer à troller sans fin si ça t'amuse mais à mon avis le fond du problème c'est surtout toi qui rejettes sur l'auteur une incompréhension de l'œuvre qu'en partie tu provoques toi-même parce que tu as des attentes qui ne te permettent pas d'aborder le truc dans un état d'esprit qui te permettrait de l'apprécier.

22. Le jeudi, 21 février 2008, 17:45 par Calcoran

"Je suis persuadé qu'avec son talent, il aurait pu faire quelque chose de tout à fait accessible, indépendamment des différences de culture."

Euh ... pour le coup je ne suis absolument pas d'accord. Si on suit ce raisonnement, on en vient à cautionner certains films de Walt Disney (pas tous, heureusement), qui sont tellement formatés pour plaire au plus grand nombre et pour s'adapter à toutes les cultures plus ou moins occidentales qu'ils en deviennent insipides. On en vient à reprocher à Kirikou de nous montrer des villageoises aux seins nus: j'imagine que ce genre d'image est parfaitement incompatible avec le puritanisme US, ce qui fait que ce film ne pourra jamais envisager d'être projeté là bas.

Alors quoi? On ôte toute référence culturelle, on normalise tout? On crée un "archétype de culture mondial", qui détermine quelles sont les références et comportements que l'ont peut montrer? Franchement, ce n'est pas sérieux. Et si des gens sont trop bêtes pour voir au delà de la nudité des poitrines, tant pis pour eux.

Et à la réflexion, j'allais dire "ton raisonnement pourrait se tenir pour certains auteurs qui s'enferment volontairement dans des formulations ou des scènes absconses" ... mais finalement, même pas. Si ces auteurs veulent vraiment faire un film, un livre, ou une musique que la majorité ne pourra pas apprécier ... grand bien leur fasse! Selon toute probabilité leur oeuvre restera confinée à un petit cercle de fidèles, et c'est très bien ainsi.

Et pour en revenir à Chihiro, personne ne t'oblige à aimer. On essaye de t'expliquer pourquoi on aime, ou quel est l'état d'esprit avec lequel on aborde le film et qui fait qu'on l'apprécie. Libre à toi de dire "eh ben j'aime toujours pas" ou "la culture japonaise, c'est pas franchement ma tasse de ocha" ... par contre, je trouve ça un peu exagéré de dire que l'auteur aurait du faire autrement.

23. Le jeudi, 21 février 2008, 17:51 par Calcoran

"Et si des gens sont trop bêtes pour voir au delà de la nudité des poitrines, tant pis pour eux."

Euh, je devrais peut-être nuancer ça. J'imagine que quand on est baigné dans une certaine culture, on peut trouver ça vraiment choquant, au point que ça dégrade toute la perception qu'on a du film. De la même manière que le fait de ne vraiment pas être réceptif à la culture et à l'imaginaire nippon peut empêcher d'apprécier un film qui y fait sans-cesse référence (ce qui est le cas de Chihiro). Ce n'est pas une question d'intelligence ou de bêtise, juste de capacité à accepter des modes de pensée plus ou moins radicalement différents.

24. Le jeudi, 21 février 2008, 18:00 par Calcoran

Hop, pour faire un peu de HS, un lien vers des critiques de la BD Nausicaa:
www.bdselection.com/php/a...
Si après des critiques aussi dithyrambiques Mérome n'est pas déçu en lisant la série, c'est à n'y rien comprendre ;) .

25. Le jeudi, 21 février 2008, 21:02 par Merome
Je ne trolle pas, mais disons que je suis volontairement provocateur. J'ai du mal à supporter l'élitisme et je trouve que, si c'en est pas tout à fait, ça s'en rapproche. Si Miyazaki avait commencé par Chihiro, est-ce qu'il aurait eu le même succès ? Bon, là j'ai clairement pas assez de référence pour soutenir ce que je dis, mais est-ce qu'on n'aime pas Chihiro seulement si on a apprécié ce qu'il y a avant, qui peut être considéré comme plus accessible ?
26. Le jeudi, 21 février 2008, 23:44 par Calcoran

Ben non ... ou en tout cas non, pas dans mon cas: j'ai beaucoup aimé Chihiro (et toute ma famille aussi), mais j'ai été moins convaincu par le Chateau Ambulant, qui est sorti après Chihiro.

27. Le vendredi, 22 février 2008, 08:20 par Arnaud

Personnellement, je n'accroche pas tellement au style de Miyazaki ni à la culture cinématographique nipponne et pourtant, j'en ai vu plusieurs des films de miyasaki. Mais il en faut pour tout le monde.
Personnellement, quand je regarde un film ou un dessin animé, c'est surtout pour passer un bon moment. Donc, le résultat doit être immédiat ou presque.
Maintenant, sur allociné, quand je vois les commentaires, je trouve cela parfois exagéré aussi bien dans un sens que dans l'autre. J'adore lire les critiques des spectateurs et je me dis parfois que certains ont vraiment perdu leur temps d'aller au ciné et en plus ils en perdent encore à écrire une critique dithyrambique.
Enfin, Miyasaki est un grand réalisateur (je ne remets pas cela du tout en cause, je n'en ai pas les compétences) qui a son public mais je ne pense pas qu'il ai lui aussi envie d'être plébiscité par le monde entier.
Le monde serait triste si nous étions et aimions tous les mêmes choses ;)

28. Le vendredi, 22 février 2008, 08:47 par Merome
J'aimerais être sûr qu'on peut réduire le débat à "Les goûts et les couleurs". Malheureusement, aujourd'hui, je n'en suis pas certain. Dans le domaine de la chanson, c'est encore plus flagrant : ce qui est étiqueté "variétés" est snobé par toute la presse "spécialisée". Je reprends souvent les propos de Goldman, dans les années 80 : jouant à la guitare un bout de "Sister Jane", un slow bien plan plan qui fut un succès alors qu'il était encore membre d'un groupe appelé Taï Phong, il dit qu'à l'époque, on le considérait comme faisant du rock. Il joue ensuite le début de "Quand la musique est bonne", beaucoup plus rythmée, voire violente ("j'ai trop saigné sur les Gibson...", et dit que tout le monde a considéré que c'était de la variété. Entre temps, il était sorti du groupe, et s'était mis en avant, jeune et beau, il plaisait aux adolescentes. Sous-entendu, il ne pouvait faire que de la merde.
29. Le vendredi, 22 février 2008, 09:33 par Bob

Une nouvelle fois, je dois m'avouer vaincu : je ne comprends pas où tu veux en venir.

Quelle est ton intention dans cet article ? Prouver par a + b qu'il y a des auteurs qui font de l'élitisme, sciemment, exprès, par pure volonté de se rendre inaccessible et de se payer la tête des incultes de l'étage du dessous ? Non seulement je ne vois pas comment ça fera avancer quoi que ce soit, mais en plus tu n'y parviendras pas – note bien, je ne dis pas qu'il n'y en a pas qui font ça.

Quel que soit l'artiste, quelle que soit l'œuvre, il y aura toujours quelqu'un pour te dire que lui il a compris et te justifier son point de vue. Et même si en vérité il n'a rien capté et qu'il dit ça juste pour se donner l'air intelligent, ça non plus tu ne pourras pas le prouver. Au plus, tu pourras prétendre que tu sais mieux que lui ce qu'il a dans la tête, et passer toi-même pour un crétin :)

Et quand bien même, que tu trouves ton plaisir dans le travail d'un élitiste ou d'un faiseur de soupe, qu'est-ce qui est important ? Que toi tu y trouves de la satisfaction ou que tu sois (ou non) conforme à l'avis des magazines ou de contributeurs d'un quelconque site internet que tu ne connais même pas ?

Alors oui, on peut s'étonner sans fin du succès rencontré par tel ou tel truc que nous on trouve complètement merdeux, ou regretter le dédain affiché par les masses à l'encontre d'autre chose qui nous semble être la forme ultime de la perfection, mais à mon avis c'est tout à fait futile parce qu'il n'y a tout simplement rien qui permet d'expliquer objectivement et systématiquement ce phénomène.

30. Le vendredi, 22 février 2008, 10:42 par Filou

Merome, si tu veux un bouquin particulier qui va beaucoup t'enrichir si tu arrives à le lire, je te conseille "Critique de la faculté de juger" de Kant et notamment la 1ère partie sur l'analyse du jugement esthétique.
Je l'ai parcouru rapidement en Terminale y'a... 5 ans déjà :-O et seulement parcouru car j'étais un jeu con lol. Mais faudrait que je m'y replonge un peu. Je pense que ce bouquin peut bien aider pour structurer sa facon de penser ses jugements.

Ouais ça fait un peu élitiste dsl ^^

31. Le vendredi, 22 février 2008, 11:24 par Merome
Bob : Je comprends ton désarroi sur mes motivations. Ça tourne à l'obsession chez moi, j'aime bien comprendre ce que j'aime, n'aime pas, pourquoi, et pour cela confronter mon point de vue avec d'autres radicalement différents. Et je remarque que souvent, ça emmerde les gens de parler de ça, de justifier leurs ressentis, parce que la plupart du temps, ce n'est pas rationnel, ce qui est d'ailleurs logique pour tout ce qui touche à l'artistique.
Je trouve qu'écouter quelqu'un qui essaie de justifier sa passion, quelle qu'elle soit, m'en apprend bien plus sur lui que son CV ou sa carte d'identité. Et pour ma part, j'adore écouter les gens passionnés, même quand je ne partage pas leur passion.
32. Le vendredi, 22 février 2008, 13:04 par Bagheera

Je pense que là tu as été servi! Il faut sûrement comme nous se tarter les 7 samouraïs de Kurosawa, et lire pas mal de Manga (je te recommande Taniguchi pour comprendre la société japonaise), pour saisir le message d'un Miyazaki. Par contre je reste hermétique à l'art pictural contemporain par exemple, tout simplement parce que je ne m'y intéresse pas.

J'en, reviens donc à "on ne dit pas "c'est moche ou c'est nul", on dit "je n'aime pas, ou je n'ai pas compris" ^^

33. Le vendredi, 22 février 2008, 13:08 par Merome
Bagheera : je persiste à ne pas être certain de cette conclusion "goût et couleurs". J'essaierai de trouver un autre angle, un jour, pour appuyer mon impression. Ceci dit, merci pour vos commentaires, et il n'y a pas de jugement de valeur derrière mes propos provocants.
34. Le vendredi, 22 février 2008, 13:51 par Bob

Ce que je voudrais comprendre, c'est sur quoi tu te bases pour douter de l'interprétation subjective "goûts et couleurs". En gros, qu'est-ce que tu vois comme critères objectifs et indiscutables qui te permettraient d'affirmer que si tu n'as pas compris telle ou telle œuvre, c'est le résultat d'une volonté expresse de l'auteur d'exclure un certain public dont tu te trouverais faire partie ?

35. Le vendredi, 22 février 2008, 16:17 par Merome
Bof, d'indiscutable, rien de bien concret. Ce ne sont que des impressions. Basées sur la difficulté qu'ont les gens qui apprécient de l'expliquer de façon rationnelle. Tout en étant conscient que c'est le propre de l'art d'émouvoir de façon irrationnelle. Sur les jeux Ystari, c'est là que c'est peut-être le plus flagrant : je suis, sur le papier, la cible parfaite pour ce type de jeu. En d'autres temps, peut-être, je me serais forcé à aimer, parce que "programmé" pour aimer ça. Le fait que je n'aime pas plus que ça, et que les aficionados refusent de considérer les défauts pourtant réels et objectifs (lisibilité) comme des défauts, me laisse penser qu'il y a, au delà des gouts et des couleurs, un truc à comprendre, du psychologique ou du conditionnement, je sais pas trop.
Par ailleurs, le snobisme existe, je ne l'ai pas inventé. On peut en retrouver une variante aussi chez l'ado qui cherche à s'identifier à un groupe et donc va prendre un malin plaisir à aimer ce que ses parents détestent, le hard rock, le rap ou autre truc qu'il n'appréciera que parce que ça fait chier les autres et ça le conforte dans un groupe.

Plus généralement, je pense que mon détachement progressif et souhaité des choses matérielles, à des fins socio-écologiques, me pousse à identifier clairement ce que j'aime, pourquoi je l'aime et comment m'en passer ! Je suis donc naturellement plus exigeant voire intransigeant avec la Culture qui est a priori inutile à la survie. Notez bien le "a priori", ce n'est pas une affirmation !
36. Le vendredi, 22 février 2008, 21:19 par winrry


Le voyage de chihiro !! commentaire d'une fille de 14ans qui est une grande fan !!

Alors Cher Monsieur MEROME !!!!

Quand le sans visage"dégueule" c'est qu'en bouffant la grenouille qui est corrompue par l'or, il le devient aussi et dévore d'autres personnes, et Chihiro refuse la corruption de l'or , (bien qu'elle prenne les cartes de bains). A prés il poursuit Chihiro pour la dévorer, on se rend compte plus tard qu'avec tout ces efforts on peut dire qu'il l'a suit sur la voie de la raison , puisque en recrachant ces avidités il redevient gentil........
Donc on peut dire, que ce n'est pas si con que ça !! et à propos du gros tas de boue, c'est L'ESPRIT du DRAGON qui lui offre l'opportunité de sauver ses parents....
Le message est qu'il ne faut pas rester sur une première impression : ex: la soeur de youbaba et l'Esprit du dragon (pas aku).
Alors, moi je dis que chihiro , c'est pas de la merde !!! c'est que peut être il faut regarder au delà des apparences (chrek)pour siter dreamwork's!!! et toc !!
franchement ......pfffff !!! si t'as pas compris parle à ma main !!! voilà c'est comme ça !!!aller fait pas la gueule Mérome !!!

37. Le samedi, 23 février 2008, 00:26 par Torg

Bon, je prends le cheval en route.

Chihiro, puisqu'au début il s'agit bien de cela, j'ai moins aimé que Totoro ou que princesse Mononoke. Porco Rosso, moi, ça m'a fait chier. Il ne se passe pas grand chose, et (il faudrait que je le revoie peut-être ?) ça dure 2 heures.

Mais c'est comme tout. Je peux tenter de dire que ce n'est pas "les goûts et les couleurs", mais ça risque quand même de revenir à ça.
On est comme on est. J'aime Sandra. je sais, elle fait de la soupe, même si, à mon avis, un ou deux albums (Paintings in Yellow, Close to Seven, et peut-être aussi Fading Shades) valent le détour, sinon une écoute. Moi, ça me transporte quand je l'écoute. Bob, et un autre pote se sont bien foutu de ma gueule lorsque je leur ai fait écouté ça. Et alors ? Je les emm... (je me le permets, parce que ce sont des potes, et je crois que concernant Bob, tu le sais :) ) J'aime Elsa aussi. Je leur ai fait écouter "les affaires de Franck", une chanson assez douce chantée par Elsa, à la voix assez douce aussi (les choooooses sont à leur place et je suis dedans, son briquet posé sur le lit, les affaires de Franck accrochées au mur... Je crache dessus).
Je peux te dire qu'ils s'en sont donné à cœur-joie pour me démonter MA zaza :).
Et alors ?
Ils ne pensent pas comme moi ? La Belle Affaire. De même pour Titanic. C'est bien, mais ça ne mérite sûrement pas tout le battage qu'il y a eu en France et ailleurs. Voilà, c'est une histoire pour midinettes pendant une heure trente, et la dernière heure trente c'est le film catastrophe pour les garçons. Bon, moi je serais p-ê plus midinette que catastrophe, mais là, aucun des deux. Côté midinette, je serais plus Pretty Woman, ou Love Actually, ou encore Coup de foudre à Notting Hill. Les gens aiment moins ? Télérama bien pensant (et je suis abonné à leur lettre de diffusion) a dit que c'était une merde (pour reprendre tes mots :) ) ? et alors ? Moi j'aime bien. Point.
Sur un site web, ils faisaient une sorte de sondage sur "votre premier dvd". J'ai failli répondre et ai réfléchi auquel c'était. Je ne m'en souviens plus (c'était il y a 6 ans je crois). Je sais qu'à Paris, une fois le lecteur acheté dans les Vosges (je me suis cogné l'appareil dans son carton dans le train, tout le temps) j'ai acheté qq dvd pour commencer ma collection. Jin-Roh en faisait partie (du même auteur que Ghost in the shell (que je ne te conseille pas, si tu ne l'a pas vu, moi j'adore, donc je vais être de mauvais conseil ;) et si mes souvenirs sont bons, Bob aussi a aimé, donc vraiment ne perds pas ton temps avec cette "merd" :) )). Voilà, le résultat est qu'après six ans, je ne l'ai toujours pas vu. Par contre, j'ai acheté et regardé des fois (je dois en être à 20 avec les visionnages en VHS) de P.R.O.F.S., avec Bruel, et de la 7e compagnie (les 3 !).


Je me suis fait avoir aussi par des films encensés, comme toi. Le dernier doit être "quand j'étais chanteur", avec Depardieu de de France. J'aime bien Depardieu (son charisme, sa manière de jouer, puisqu'il faut te préciser ce qu'on aime quand on aime, plutôt que de laisser aller :) je l'ai adoré dans "le dernier métro", et pour moi il est devenu le plus grand acteur du monde (on dirait que j'ai 15 ans :) lorsque j'ai vu Cyrano de Bergerac). Le film est encensé (je reviens sur "quand j'étais chanteur, si tu arrives toujours à me suivre), ok, je me le fais offrir. On le regarde, et on se dit "ah ? c'est juste "ça" ?" Bon ben voilà. Si je n'ai pas détesté, je n'ai pas non plus adoré au point de le voir 4 fois en deux mois.
Par contre, des films comme

Pour te (me) rassurer, je suis aussi abonné à un journal télé. Ils donnent des "notes" (disons plutôt des appréciations) aux films que les chaînes diffusent. Dès fois ils donnent un 7, et l'année qui suit, ils en donnent 3. Eux aussi changent :) Tu peux te dire ça.
Dès fois aussi c'est l'après qui compte, comme un de tes commentateurs disait à propos de Kant. J'ai lu un roi sans divertissement de Giono. Pour le bac :( J'ai detesté, avec le recul je me rends compte que c'est parce qu'on m'a forcé à le lire. L'année d'après je l'ai relu. J'ai adoré. Certains parlaient d'état d'esprit dans lequel on se trouve lorsqu'on regarde/lit/joue (à) un truc. C'est une bonne illustration il me semble. Pire, comme j'ai bien aimé le bouquin, j'ai été moubourré avec "le hussard sur le toit", de Rappeneau, celui de Cyrano avec Depardieu, et tiré du livre de Giono. Tout ce qu'il faut pour me plaire (spoiler à suivre, sautez deux ou trois lignes si vous n'avez pas vu Le hussard sur le toit). Ben je me suis fait chier comme rarement devant un film. Un homme, Martinez, et une femme, Binoche, traversent la Provence, en regardant les gens mourir (du choléra je crois). Et à la fin, eux ne meurent pas. Voilà, et deux heures pour ça.

Pareil pour la musique. Outre Elsa et Sandra, j'aime Pink Floyd, Vangelis, Jarre, Oldfiled, Cranberries, et toi Goldman (même si tout n'est pas mauvais chez lui). Chansons pour les pieds, déjà, avec un titre pareil. Bob pourrait te dire comment j'arrive à classer des cd, rien qu'en regardant la pochette. Je dis "non ça c'est pas pour moi". Et ça l'énerve de me voir aussi catégorique dans mes non-choix (le choix de ne pas l'écouter déjà !).

Et si je veux bien reconnaître que les Beattles ont changé la manière de faire la musique à leur époque, moi je n'adhère pas, au risque de passer à côté de qq chose (la légende dit qu'on est soit Beattles, soit Rolling Stones, ben moi je ne suis aucun des deux). Je suis un ignare incroyable en musique classique. Je sais dire si j'aime tel ou tel truc et ça s'arrête là. Un copain avait essayé de m'initier, en me faisant écouter un truc russe, à qui le tsar avait commandé un morceau pour fêter la débâcle napoléonienne. Et il me dit "écoute, là, les cuivres (?) qui font la Marseillaise, en détonant, c'est génial comme idé"
... mais je ne vois rien je m'en fous, ça me fait chier. Je suis hermétique, voilà, je n'essaie plus de comprendre le classique, ce n'est pas pour moi. Un autre avait dit que Yes c'était génial, comme Genesis à leurs débuts (avec Peter le grand :) ) ben je lui ai dit "de toute façon, quand je passe l'aspirateur, ça me fait une belle jambe, les petits effets derrière." Je crois qu'il a mis qq semaines avant de revenir me voir... D'un autre côté, il était tout joyeux d'aller voir Yes en concert (une reformation du groupe ?) je lui ai dit que je comprenais, que si j'allais voir Sandra en concert je serais sûrement dans le même état que lui. Il s'est foutu de moi... Qui est donc le plus ouvert ?
J'avais une banane rare lorsque j'ai acheté les billets du concert à Bercy de Michel, le grand Michel (Polnareff). Voilà, je peux admettre qu'on n'aime pas.

Pour les jeux c'est pareil. J'aime pas jungle speed. Point. J'aime bien les Ystari même si ce ne sont pas mes préférés.
Je crois que tu devrais arrêter de te prendre la tête à expliquer pourquoi tu aimes (ou pas) un truc et que les autres pensent (ou pas) comme toi.
Vis !

38. Le samedi, 23 février 2008, 00:32 par Torg

J'oubliais.

Il ne faut pas non plus voir toujours un message dans toutes les œuvres qu'il y a. Il y a des trucs qui ne sont là que pour "être là", et rien de plus.

J'ai aussi oublié de parler de cet artiste, qui exposait qq semaines à Barcelone lorsque nous y sommes allés. Il faisait des "statues" avec des insectes morts, collés. On est allés voir par curiosité. J'étais outré en sortant pour plusieurs raisons. 1) des gens ont payé, moi le premier, pour le voir.
2) des gens l'ont payé pour réaliser des œuvres de cet acabit.
3) des enfants ont vu, dans le désordre, des têtes de canard morts (enfin, des crânes), des têtes empaillées mises sur des crucifix à l'envers, ou à l'endroit, des boules avec plein de scarabées (puisqu'on parle des Beattles ;) )...
et j'en passe.
Pas possible que des gens l'aient payé (l'artiste) pour faire _ça_. Ben voilà, moi ça ne m'a pas plu (et s'il y a une chose subjective au possible, c'est bien l'art peinture, sculpture). Mais le gars est très célèbre, et c'était presque le musée de Barcelone qui était honoré de sa présence, plutôt que le contraire.

39. Le mercredi, 27 février 2008, 11:55 par Nath

@Merome :
"Basées sur la difficulté qu'ont les gens qui apprécient de l'expliquer de façon rationnelle. Tout en étant conscient que c'est le propre de l'art d'émouvoir de façon irrationnelle." => Tout est dit et tu avoues toi-même que c'est un faux débat.
J'aime Miyazaki quand tout le monde l'enscence = Je fait partie de l'élite ?
J'aime la variété quand tout le monde s'en moque = Je n'en fait plus partie ?...
Le fait de savoir expliquer ou non pourquoi on aime quelque chose (ou quelqu'un) n'est pas à mes yeux un critère suffisant pour ranger les gens dans de telles boites...

L'art, tel que je le perçois, est un acte plutôt égoiste. L'artiste ne crée par pour les autres, il crée pour lui avant tout. Alors qui fait l'élitisme de la chose ? Ceux qui le perçoivent ? Ceux qui le transmettent ?

40. Le jeudi, 7 mai 2009, 17:38 par lyp

Non, non, non ce n'est pas du snobisme : je suis fou de Chihiro et de Totoro, pourquoi ? c'est comme quand on est amoureux : au début on dit "j'aime bien", puis "je le reverrais volontiers", puis on se rend compte qu'on adore à la 5ième vision, mais on ne cherche pas à analyser pourquoi !

Maintenant essayons quand même : je pense que j'adore ces deux films parce que j'y ai vu des choses inhabituelle qui correspondent exactement à mon tempérament : par exemple : ha, l'effervescence de ruche de la boîte ou travaille Chihiro ! ha, la mélancolie du voyage en train ! j'ai trouvé ça sublimement rendu, comme jamais auparavant, et ça ma renvoyé à mes propres expériences sur ces deux sujets.

Pour l'épisode "ventre à terre", oui j'ai trouvé ça con, ou j'ai pas compris, alors j'ai occulté, le reste m'a apporté tellement de bonheur que cette scène là je m'en fiche.

Et ma scène préférée de Totoro : Meï qui va ceuillir des fleurs puis emmerder un peu son père qui s'est mis au travail puis qui va jouer avec les tétards... là aussi c'est tout con, mais ça me renvoie à des moments persos émotionellement très intenses (j'ai aussi une petite fille de 3 ans) que je rends grâce à l'artiste d'avoir su rendre aussi bien.

Donc oui, c'est une question de tempéraments. Un film riche comme Chihiro ou Totoro font beaucoup d'admirateurs parce qu'il y en a pour différents tempéraments.

Ajouter un commentaire

Les commentaires peuvent être formatés en utilisant une syntaxe wiki simplifiée.

La discussion continue ailleurs

URL de rétrolien : https://merome.net/blog/index.php?trackback/411