Pardonnez le jeu de mot foireux, je n'ai pas trouvé mieux.

Nous voici donc arrivés au terme du fameux "Grenelle de l'environnement". Depuis 1968, on utilise le mot Grenelle à toutes les sauces alors que ce n'est jamais que le nom d'une rue où ont été signés les accords de Grenelle. Dès que l'on veut montrer que l'on a de bonnes intentions et que l'on veut tout changer (en bien), on dit qu'on va faire un Grenelle de quelque chose. Grenelle de l'emploi. Grenelle des salaires. Tout à l'heure, je vais faire le Grenelle de la pizza aux anchois, en remplaçant les anchois par câpres. Ou bien encore, ce soir, c'est le Grenelle dans mon slip, surveille tes arrières...

Donc cette année, c'est le Grenelle de l'Environnement, avec en tête de Grenelle, Jean-Louis Borloo, qui mériterait lui-même un Grenelle de la bourde, puisqu'il s'est retrouvé à l'Environnement parce qu'il avait commis l'erreur de parler de TVA sociale avant l'heure. Parachuté dans un ministère pas tout à fait taillé pour lui, il a d'abord montré de sérieux signes de faiblesses. Mais il faut croire que le bougre a un certain talent, car il s'est sorti du sable avec une certaine dextérité en faisant de cette banale table ronde/état des lieux sur l'environnement un véritable évènement national, voire international, qui repeint d'un vert éclatant un Président qui n'avait jusqu'alors montré aucun signe d'écologisme, même modéré.

Force est de le reconnaître, et il ne faut pas le nier sous peine de mauvaise foi caractérisée ou de politique politicienne : ce Grenelle a fait avancer la cause écologique et pas qu'un peu.
Même si nous n'en sommes qu'au stade des promesses qui n'engagent que ceux qui les croient, même si les méthodes d'applications des mesures proposées ne sont pas encore clairement fixées, même si le budget nécessaire n'est ni ficelé, ni même évalué correctement, même si certaines décisions compliquées ont été remises aux calendes grecques, les faits sont là : la France n'a jamais eu autant de bonnes intentions en matière d'environnement.

La culture des OGM a été temporairement gelée, ce qui en soi est une énorme victoire. Même José Bové, qu'on ne peut accuser de Sarkolâtrie, s'en réjouit..
Le principe de la taxe carbone, a été introduit par le Président lui-même.
La croissance elle-même n'est plus tout à fait la même dans la bouche de Sarkozy.
Les bio-carburants, hérésie destinée à subventionner au mieux les agriculteurs français avec des fonds européens, vont connaître un coup d'arrêt.
Les transports ne sont pas en reste, avec des efforts sur le rail, les transports en commun, l'arrêt de la construction sans fin des autoroutes...
Enfin, on envisage de diminuer nos besoins plutôt que de faire confiance au progrès pour les assouvir.

La liste est longue, et tous les acteurs du milieu sont unanimes pour dire que ce fut du bon boulot.
Toutes les fleurs ne reviennent pas directement à ce Borloo et Sarkozy, même s'ils ont rendu la chose possible. Cette prise de conscience n'aurait pas été si claire, si depuis des années, les ONG, les Verts (malgré tous les défauts que je leur trouve), les scientifiques comme Hubert Reeves, les animateurs télé comme Nicolas Hulot, les vulgarisateurs talentueux comme Jean-Marc Jancovici n'avaient pas défriché le terrain.

Ce qu'on fait semblant de découvrir aujourd'hui, c'est ce que disent les Verts depuis 20 ans au moins ! Nicolas Hulot a permis de dépolitiser le débat, d'en enlever les positions de principes politiciens que défendaient les Verts et écolos de tout poil, tout en obtenant des avancées significatives.
Lorsqu'il y a presque un an, Hulot jetait l'éponge pour la présidentielle, je ne donnais pas cher des idées qu'il défendait. Son fameux pacte écologique vaguement signé sur un coin de table par les candidats encore en lice, qui s'en soucierait encore après les élections ?
Pourtant, il a eu raison. Bravo à lui.

Carton jaune par contre aux journalistes et éditorialistes, qui ont tourné en ridicule la cause écologiste sous prétexte que le parti qui la représentait le mieux connaissait des problèmes de jeunesse. Journalistes qui ont suivi bêtement la mode, encensé les bio carburants, par exemple, pour découvrir plusieurs mois plus tard qu'ils ne représentaient en rien une solution. Journalistes qui continuent d'interroger les hommes politiques aux affaires sur la croissance économique, comme si cela était une fin en soi.

Ce Grenelle aura été enfin l'occasion de parler encore et encore des problèmes écologiques qui se dressent devant nous. De convaincre quelques sceptiques qui restaient encore, là, au fond de la classe.

Grenelle d'applaudissements, donc.

Commentaires

1. Le dimanche, 28 octobre 2007, 08:16 par 100

Bonjour Merome,

As tu participer à une des réunions qui ont eu lieu à Besancon ou Mulhouse?

2. Le dimanche, 28 octobre 2007, 10:08 par Merome
100 : non, par contre j'ai laissé un ou deux messages sur le forum officiel du Grenelle.
3. Le dimanche, 23 décembre 2007, 23:00 par bilan du grenelle

Le Grenelle tombait à point .. De toute façon la France est tellement en retard qu'il fallait faire un quelque chose ..

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