Du réchauffé

Un mois sans blogguer sur le réchauffement climatique et l'écologie ? Je me devais de réparer cette erreur.
Les choses évoluent, les mentalités aussi, l'étau se resserre sur le consommateur et certains commenceraient même à remettre en cause publiquement l'idée de croissance, même à la télé, et sans être contredits. Tout fout le camp mon pauvre monsieur, on ne va bientôt plus pouvoir saccager la nature en paix.

J'ai regardé la moitié de l'émission "Pour quelques degrés de plus" diffusée mercredi sur France 3 (en face d'un match de foot de la France, l'audience a dû être phénoménale !), en prime time, une émission bien sexy, filmée avec talent : on dirait qu'on se donne (enfin) les moyens de faire avancer le bazar...
C'est amusant de constater que l'on a cherché à faire réagir les derniers sceptiques, en les prenant par les sentiments. C'est ainsi qu'une partie du reportage était consacrée au fait que les vignobles, du fait du réchauffement en cours et plus encore de celui à craindre, vont devoir migrer vers le nord. Et d'expliquer que les vins de Bordeaux devront être produits dans le Calvados, pendant que les vins espagnols seront cultivés en France.
Ne buvant pas une goutte d'alcool, je me sens parfaitement hermétique à ce drame viticole, en d'autre termes, j'en ai plus ou moins rien à secouer que les raisins poussent d'un côté ou de l'autre des Pyrénées si c'est pour donner naissance à de la vinasse à mon sens imbuvable. J'ai néanmoins apprécié l'effort de pédagogie qui consistait à aborder le problème sous un angle original.
Cela dit, la plupart des alcooliques notoires devant être ahuris devant TF1 ce soir là, cela n'a pas dû accélérer la prise des conscience écologique chez nos amis bovins...

L'étau se resserre, disais-je, mais la résistance s'organise. Al Gore se chope un prix Nobel de la paix, on se dépêche de le décrédibiliser avec quelques casseroles. En tête de gondole, notre bien-aimé Claude Allègre, mammouth rescapé de la dernière glaciation et à ce titre bien placé pour causer réchauffement : "La climatologie n'est pas une science, donc un prix Nobel pour ça, c'est vraiment pas du jeu". J'ignorais que le prix Nobel de la paix était décerné d'ordinaire à des scientifiques. Enfin, il y a bien des ministères de l'Education qui sont confiés à des triple-cons, on peut tout voir.

Dans le même temps, on voit fleurir dans les forums mal fréquentés un début d'argumentaire contestataire, qui s'organise en quatre axes :
- Le réchauffement climatique est normal, dû aux éruptions solaires, aux cycles normaux de glaciation, à l'influence de Neptune qui rentre dans le Sagittaire ou autres billevesées
- Le réchauffement climatique est un fait, mais notre levier d'action est nul, on va tous crever, alors autant que cela soit en 4x4 climatisé.
- Le réchauffement est dramatisé volontairement par "le nouvel ordre mondial" pour mieux nous entuber à terme avec des taxes et des mesures liberticides pour éviter que les gros, les riches, les puissants fassent eux-mêmes des efforts. Les patrons sont d'ailleurs tous des salauds, c'est une bonne occasion pour s'en souvenir.
- Le réchauffement climatique est un problème international, tant que le dernier des chinois ne trie pas ses déchets dans douze poubelles différentes, je ne bougerai pas le petit doigt.

C'est la phase du déni, largement documentée et compréhensible de tous : personne n'a vraiment envie de se dire que les temps vont être durs et que rien ne sera plus jamais comme avant, dans le mauvais sens.
Je vois dans cette phase quelque chose de rassurant : la prise de conscience a eu lieu. Rares sont ceux qui aujourd'hui ignorent la chose totalement. Tout le monde a son avis sur la question, et c'est bien.
Il semblerait même que les américains soient bien plus concernés qu'on ne le dit. Quelques nouvelles récentes laissent en effet croire que le seul qui continue de réfuter tout en bloc est bien Georges W Bush, mais comme il parle au nom de tous les américains, ça nous donne une vision bien déformée de la réalité outre-atlantique. Là-bas aussi les gens s'organisent pour faire face, avec leurs méthodes à eux, leur gigantisme habituel, mais ce n'est pas pire que notre immobilisme à la française.

Parmi les nouvelles réjouissantes de la semaine, il y a le prix du baril de pétrole qui dépasse les $90. Serait-ce les signes annonciateurs ou suivants le Peak Oil ? Rien n'est moins sûr. Il est probable que le prix du pétrole va rebaisser tout prochainement. Mais nous sommes clairement dans une tendance à la hausse, ce qui n'exclue pas des baisses temporaires.

Concernant le Grenelle de l'Environnement, mon avis est partagé. D'un côté, on n'a jamais vu ça avant, et cela participe donc de la prise de conscience générale que l'on peut constater. De l'autre, les dés sont pipés dès le début, puisqu'il s'agit de trouver des solutions pour sauver la croissance tout en faisant de l'écologie. Autrement dit, repeignez-moi ces camions en vert, pendant que je continue de désaffecter ces voies de chemin de fer...
Il y a quand même quelques pointures dans la place, des gens qui savent à peu près ce qu'ils disent, j'ai donc espoir qu'on avance d'un micropoil dans les semaines qui viennent.

Bizarrement, les gens commencent seulement à se rendre compte que je roule en VAE. Jusqu'ici, je n'étais pas dérangé par les curieux. Mais maintenant, les regards se détournent, les gens me questionnent ou me double lentement pour observer la chose. Bon, ce n'est pas encore l'attroupement à chaque sortie, mais il y a un vrai changement de ce point de vue.
Les quelques fois où je dois reprendre la voiture, elle tombe en panne (de batterie, faute d'une utilisation régulière). Je ne crois pas que les frimas d'automne vont me résoudre à remonter dans ce tas de ferraille.

Voilà pour l'éco-bilan global du moment. J'y reviendrai, évidemment. Vous ne vous en tirerez pas comme ça !