Après l'acquis et l'inné, l'éducation parentale versus l'Education Nationale.

L’école primaire française n’est plus à la hauteur. Voilà en substance les conclusions d'un (enième) rapport sur l'Ecole primaire. Les gosses qui arrivent en sixième sans plus savoir lire. Le niveau qui baisse. Les instits qui sont moins bons et ne savent plus se faire respecter. Les départements français que plus personne ne sait, alors qu'on sait tous où est l'Irak. Rien ne va plus ma bonne dame. Y a plus de jeunesse et tout ça. Parait même qu'ils ont remplacé les ardoises noires par des Veleda, c'est dire l'état de délabrement de l'Ecole Primaire.

Je trouve assez navrant que l'on remette l'intégralité du problème sur la faute des professeurs des écoles (je rappelle que les instits n'existent plus depuis belle lurette) ou plus exactement sur l'institution. C'est un peu comme si l'on attribuait la recrudescence des feux de forêt aux pompiers, en oubliant qu'il y a, en amont, mauvais entretien des forêts, recrudescence des actes criminels et sècheresses à répétition. Si les instits sont totalement responsables de ça, alors moi je dis que les chefs d'entreprise sont totalement responsables du chômage, y a pas de raison !

C'est un fait, le professeur des écoles d'aujourd'hui, n'a plus rien à voir avec "Môssieur l'instituteur" d'autrefois. Jadis, l'instituteur était pour ainsi dire la seule personne qui savait lire dans le village, évidemment, il était très respecté pour son érudition relative.
Aujourd'hui, un professeur des écoles n'est, selon les époques, qu'un simple bachelier comme 80% d'une classe d'âge, ou un titulaire d'une licence quelconque ce qui est certes déjà très bien, mais aussi très banal de nos jours. Il y a aujourd'hui un paquet de professeurs des écoles qui sont moins cultivés, moins érudits, moins intelligents peut-être que les parents des élèves auxquels ils enseignent, de la même manière qu'il y a des gens qui bricolent mieux que des professionnels du milieu, ou des particuliers qui savent mieux trifouiller un ordinateur que moi. Aucun doute.
Chacun sa spécialité et celle du professeur des écoles, c'est, normalement, la pédagogie.

Encore faut-il, pour être pédagogue, être en face de mioches d'élèves avec un minimum d'Education. Un minimum qui est à la charge des parents, jusqu'à preuve du contraire. Et c'est ici que se situe le noeud du problème, à mon sens. Aujourd'hui, le leitmotiv étant "travaillons plus pour gagner plus", et "dépensons notre pognon dans les loisirs pour faire péter les objectifs de croissance", l'éducation des enfants est faite comme qui dirait, par-dessus la jambe.
Les gosses arrivent à 3 ou 4 ans dans les maternelles, sans aucune notion du respect d'autrui, avec une attention digne d'un mollusque bivalve, et champion de gymnastique acrobatique.

Un enfant qui ne respecte déjà pas ses parents ne respectera jamais un enseignant, même un sévère avec des moustaches et une règle en fer. Chacun doit être à sa place et l'enfant ne doit jamais empiéter sur la vie de ses parents.

Il n'est pas inutile de se poser quelques questions avant de mettre son enfant à l'école :
Est-il propre ?
Est-il capable de garder son attention pendant une activité imposée ?
Est-il capable de garder les fesses sur une chaise pendant le temps nécessaire à un exercice ? Reste-t-il à table pour manger ?
Est-ce possible de lui parler en le regardant dans les yeux, sans qu'il fuie vers une autre activité ?

Si la réponse est non à l'une de ses questions, l'expérience de l'école sera difficile pour lui et ses parents, mais aussi pour l'enseignant, qui ne fera que ce qu'il peut, car il en aura une vingtaine ou trentaine comme ça en face de lui, 6 heures par jour, et avec des contraintes fortes et de vrais objectifs scolaires, même en maternelle.

Et c'est là qu'on entend : "oui, mais il a les vacances". Sauf que les vacances d'un instit ne sont pas payées.

les commissions interministérielles du 6 janvier 1945 et du 11 avril 1946, ainsi que le décret du 10 juillet 1946 portant sur le traitement des différents fonctionnaires de l'État, ont fixé les traitements des enseignants au 10/12 ième de celui des autres fonctionnaires de grade équivalent afin de tenir compte des vacances alors plus importantes dont ils bénéficiaient.

Bref, l'école primaire qui va moins bien et ce serait de la faute des instits ? Ca reste à prouver, moi je verrais plutôt une dérive générale, la même qui fait monter la délinquance, le chômage voire les inégalités. Une dérive de la société dans son ensemble.

Commentaires

1. Le mardi, 28 août 2007, 00:40 par Stef

Bien que sans enfant -pour l'instant ^^-, c'est tout a fait l'analyse qu'il me semblait faire au vu des différents témoignages de mon entourage. Le perte des valeurs d'éducation, de respect des "autorités" (parents/profs) et des règles me fait parfois me demander si les enfants sont moins bien élevés qu'avant ou si c'est moi qui devient un vieux con... (surement les 2 :) )
Anecdote assez drôle : L'autre jour une cliente de mon âge (donc le tien Merome) m'expliquait comme elle avait dû remettre en place le chauffeur du bus de l'école. Ce malotru avait eu le toupet de prétendre que SON fils était turbulent et dérangeait la tranquilité du véhicule. Alors que -bien sûr- le petit ange était tout a fait incapable de tels actes et qu'il confondait bien sûr avec les -affreux- enfants des voisins... Durant cette argumentation le même petit a juste décidé de remettre de l'ordre (SON ordre bien sur) dans mes rayons de parapharmacie et de visiter l'arriere-boutique d'ou ma collègue l'a ramené par le col. Bien sûr ceci n'a absolument pas modifié le discours de sa maman qui a peut-être depuis demandé le changement du chauufeur...

2. Le mardi, 28 août 2007, 09:02 par Arnaud

Stef, fais gaffe, tu va perdre une cliente ;)

merome, je suis tout à fait d'accord avec ton analyse sauf (sinon ce ne serait pas moi) avec ce point qui me semble un raccourci un peu rapide :
"Aujourd'hui, le leitmotiv étant "travaillons plus pour gagner plus", et "dépensons notre pognon dans les loisirs pour faire péter les objectifs de croissance", l'éducation des enfants est faite comme qui dirait, par-dessus la jambe"
Là tu ne fais plus une analyse objective dont tu as le secret.

3. Le mardi, 28 août 2007, 09:10 par bagheera

je suis prof des écoles et j'ajouterai qu'on a voulu nous faire courir après le sacro-saint programme en éludant, il y a quelques années, l'apprentissage du "vivre ensemble" qui prend du temps mais qui est porteur. Il faut savoir parfois stopper le boulot pour prendre le temps de discuter, d'apprendre aux enfants à se mettre à la place de l'autre, à pardonner et à réparer ses bêtises... et ce n'est pas au programme.

4. Le mardi, 28 août 2007, 09:23 par Marzi

Mince, ca me sidère, mais je suis d'accord avec le commentaire d'Arnaud, c'est la même phrase qui m'a choqué. Justement, le fait qu'on est plus de temps - quoi que t'en dise - que nos parents pour nos loisirs, qu'on les pratique avec nos enfants, c'est justement l'inverse de ton commentaire, et c'est un des faits qui fait qu'on passe plus de temps avec eux et qu'on pourrait donc mieux les éduquer. "pourrait", donc, puisqu'en effet, ca n'est pas ce qui se passe avec les syndromes "enfant roi" et post-68 qui limite la répression.
Mais ne cherche pas la cause dans "travaillons plus pour gagner plus", et "dépensons notre pognon dans les loisirs pour faire péter les objectifs de croissance", juste pour essayer de te convaincre que ca a un lien avec tes autres théories.

5. Le mardi, 28 août 2007, 11:12 par Z

Dans le même ordre d'idée, il est assez courant de faire porter à l'école la responsabilité d'un certain nombre de dérives dans les comportements alimentaires de nos chers bambins. Du style, si nos gosses de France sont obèses, c'est à cause qu'il y a trop de frites à la cantine. C'est oublier qu'en enfant mange en général un maximum de 4 repas par semaine à la cantine, et que la semaine compte 21 repas (sans compter le goûter, et en dehors des vacances !). Donc c'est bien de faire en sorte que les cantines proposent des repas plus équilibrés, mais l'éducation alimentaire se fait bien à la maison principalement !

Et puis, oui les instits ont plein de vacances, mais ils peuvent pas les prendre en basse saison quand c'est pas cher...

6. Le mardi, 28 août 2007, 11:42 par Merome
Marzi et Arnaud : Je persiste à penser que tout est lié. Prendre du temps avec ses enfants, ce n'est pas partir une semaine au ski avec eux. Paradoxalement, prendre le temps avec eux, c'est parfois ne pas s'en occuper, et vivre simplement "normalement" en leur présence. Savoir vivre en société, c'est d'abord et avant tout savoir vivre en famille. C'est à dire, laisser les autres manger / dormir / discuter, sans être un parasite.
C'est apporter sa pierre à l'édifice, rendre service... Tout ce qu'on ne peut pas faire en "achetant" du loisir, que ce soit l'activité hebdomadaire du gosse, la semaine de vacances à perpet...
L'oisiveté, prendre le temps de s'ennuyer, me semble aussi très important pour la construction du gosse. Mais aujourd'hui, sur-stimulés, les gosses n'ont pas ce "loisir", justement.
7. Le mardi, 28 août 2007, 12:31 par marzi

L'exemple du ski est un peu naze : les loisirs familiaux sont aujourd'hui en majorité dicter pour les enfants. Trop d'ailleurs, ce qui provoque/provoquera d'autres problèmes plus tard, mais en tout cas, le temps passé avec eux est bien plus important que par le passé. Et même dans une activité de loisir, l'éducation a tout fait sa place.

8. Le mardi, 28 août 2007, 13:32 par Merome
Le ski n'est qu'un exemple. Si tu passes énormément de temps avec tes gosses, mais que ce n'est que (ou majoritairement) du temps de loisirs (payant), tu inculques à tes gosses l'impression que tout loisir s'achète, voire que tout s'achète, même le bon temps. Et que le simple fait de vivre ensemble n'est pas gratuit. Ou alors que d'être heureux ensemble n'est pas gratuit. Ce qui me semble grave, autant pour l'avenir de la société (décroissance, toussa ...) que pour la construction psychologique de l'enfant (éternel insatisfait, exigeant).
9. Le mardi, 28 août 2007, 14:01 par Stef

Tiens je viens de tomber sur une page de pub provoc' dans mon journal télé : Canal+ diffuse un reportage sur les problèmes actuels de l'éducation nationale (...) et en fait la promotion avec une pleine page montrant une plaque murale "Lyssé Jenjak Roussot".
Juste une anecdote qui m'a fait penser a ton article , sans rien apporter au débat :)

10. Le mardi, 28 août 2007, 15:46 par Don

Je suis tout à fait d'accord avec merome, on a tellement matérialisé notre société que les gamins ne veulent plus être pompiers ou maîtresse mais être riches (ceci n'est pas une blague c'est un sondage) !
Cherchez l'erreur...

11. Le mardi, 28 août 2007, 15:54 par Stef

Bien sûr Don , une fois que tu es riche , c'est plus facile d'avoir des maîtresses qui te font des pompiers !

Ok désolé... :)

12. Le mercredi, 29 août 2007, 08:24 par Merome
Une image fort à propos :

13. Le mercredi, 29 août 2007, 14:27 par Don

Tjrs le mot pour rire... hein stef ;)

14. Le mercredi, 5 septembre 2007, 17:53 par Nath

Vague de spam sur le blog... La poisse !

15. Le vendredi, 7 septembre 2007, 10:50 par Bob

Don : si ils veulent être riches, ils n'ont qu'à être peintres. En plus c'est facile : il suffit de glander à l'école, ça tombe bien ;)

Ajouter un commentaire

Les commentaires peuvent être formatés en utilisant une syntaxe wiki simplifiée.

La discussion continue ailleurs

URL de rétrolien : https://merome.net/blog/index.php?trackback/356