C'est long une nuit la nuit.

Cinq heures du mat, j'ai des frissons, etc. On connaît la chanson : c'est l'insomnie, sommeil cassé.

Hier soir j'étais plutôt bien fatigué après une journée à courir, au bureau pour faire les trucs imprévus qu'on m'a collés sur le nez au dernier moment au lieu des choses urgentes que j'ai dans ma pile-de-choses-urgentes, en ville pour récupérer ma livraison de légumes de la semaine et de quoi les accompagner, à la maison parce que ma mère venait dîner... vous voyez l'idée. C'est donc avec la perspective réconforante et l'assurance sereine d'une bonne nuit réparatrice que je m'étais endormi hier soir. Enfin, comme d'habitude : vite et en ronflant copieusement, au grand désespoir de ma femme. Fondu au noir.

Les yeux qui clignotent. Les extrémités phosphorescentes vaguement lumineuses des aiguilles du réveil qui semblent suggérer qu'il est quelque part entre le milieu de la nuit et vachement trop tôt. Le corps qui effectue – sans intervention du cerveau – une manœuvre sophistiquée pour chiper toute la couette et se remettre en boule sur son côté du lit. Mais quand les yeux re-clignotent, il est quelque part entre le milieu de la nuit et vachement trop tôt, plus dix minutes. Après une nouvelle tentative (que je soupçonnais d'avance vaine et futile) de forcer le corps à retrouver le sommeil avant que la tête croie définitivement que la journée avait démarré, il a bien fallu me rendre à l'évidence : plus moyen de dormir.

Je me téléporte au séjour pour ne pas réveiller ma femme en persistant à me retourner connement dans les restes de la couette. Il s'avère que quelque part entre le milieu de la nuit et vachement trop tôt, plus vingt minutes, c'est même pas quatre heures du matin. C'est quand même malheureux. En plus, la journée qui vient s'annonce aussi claquante, avec rebelote au bureau, cours d'aïkido à 40 bornes de là en fin d'aprèm' et la fête sur place ensuite. Je vais être en bon état samedi tiens, sans compter qu'il va falloir récupérer pour ne pas être un zombie au pique-nique avec Merome dimanche... Bon ben maintenant que je suis debout, autant en faire quelque chose hein.

L'option la plus discrète et la plus polyvalente est de se coller entre une tranche de canapé et une tranche de plaid et d'allumer le portable. Casque, musique. Bon. Que faire quand on est réveillé à des heures aussi indues ? Continuer la rédaction de nos souvenirs du Japon ? Bof, toutes les notes sont dans la pièce à côté, c'est loin, il faut sortir de sous le plaid. Mettre à jour les comptes avec les dépenses des courses de la veille. Deux minutes. Jouer les trois parties de Mr Jack en cours. Bah, vu comme je suis mal embarqué dans ces trois-là, pas la peine de cogiter deux plombes. Quatre minutes. Un saut sur aikidoka.fr, des fois qu'il y ait d'autres insomniaques qui auraient posté des trucs intéressants depuis la veille ? Non, évidemment. Une minute. Regarder les cotes de divers trucs que je pourrais envisager de revendre. Bof, rien de fameux, c'est honteux comme les jeux vidéo se déprécient vite. Bon, il est même pas quatre heures et demie, il va falloir trouver mieux que ça.

Comparer des références de petits portables pas chers pour remplacer le vieux PC fixe. Le plus long est encore d'aller trouver des explications sur les différences entre les deux milliards de types de processeurs différents. Une quarantaine de minutes. Pas beaucoup plus décidé que la veille. J'ai beau être informaticien, le matos est un truc auquel je ne parviens pas à m'intéresser, ça évolue beaucoup plus vite que ce que mon emploi du temps me permet de suivre. Et puis moi, du moment que ça marche... Regarder pour des concerts ? On a déjà des billets pour Hadouk Trio, Dream Theater et Saga... Ah oui, un copain m'a dit que les Cowboys allaient peut-être repasser bientôt pas loin... Rien dans ce sens sur le site en tout cas. Chouette, il est cinq heures, plus que deux à tirer. C'est long.

Écrire un article pour Merome tiens, ça serait une idée. Ça fait un bout de temps que je n'ai pas eu trop ni le temps ni la tête à ça, surtout avec la fin du monde récente, rien de tel pour foutre la merde dans votre vie et suspendre le cours de votre existence. Mais bon, il faut bien se remettre en marche au bout d'un moment. Allez, au boulot grosse feignasse. Je fais crépiter le clavier avec Archive et Stevie Ray Vaughan dans les oreilles. Le résultat est sans doute futile et inconséquent mais bon, pas beaucoup plus que se prendre la tête avec les ennemis des peintres, ou quoi que ce soit d'autre qu'on puisse raconter sur Internet à des quasi-iconnus, après tout. Ah ben voilà une heure bien occupée.

Six heures. L'article est fait. Le ciel commence à s'éclaircir. J'ai les idées mieux en place. Des projets pour les semaines à venir. Des directions à suivre. Peut-être que c'est pas si mal que ça cette insomnie finalement. Une occasion de regarder le jour se lever. C'est dingue comme ça se lève vite d'ailleurs, alors qu'il y a deux heures on aurait pu croire que ça ne s'arrêterait jamais. Prendre conscience, même si au fond de nous on l'a toujours su, que même après la fin du monde, il y a une fin à la nuit.

Six heures vingt. Revenir à la vie.

Commentaires

1. Le vendredi, 17 août 2007, 12:08 par Merome

Je note d'amener les jeux les pires, ceux qui demandes un effort de concentration et de mémoire extrême pour dimanche :)

Rigolo, ma secrétaire et moi avons eu ce même type d'insomnie carabinée dans la semaine. C'est un virus ? Personnellement je suis assez peu sujet habituellement. Tout au plus, je mets du temps à m'endormir, beaucoup de temps, parce que je pense à des trucs et des machins qui m'excitent (le cerveau !). Mais là, c'était insomnie totale, sauf les quelques minutes avant que le réveil sonne où je dormais comme un loir... la vie est mal faite.

2. Le vendredi, 17 août 2007, 13:41 par Laurence

Si je peux me permettre : je confirme : cette semaine est une semaine spéciale dédiée à tous les insomniaques regroupés sur un tout petit territoire...

Et quand on a éclusé tous les canapés et lits de la maison ; tenter de se bercer les neurones en écoutant le chat ronronner comme un malade à côté ; user le stock de piles annuel du ménage dans le MP3 à se repasser encore et encore toutes les daubes possibles qui courrent en ce moment sur les ondes et que ce bouffon d' Orphée n'a toujours pas daigné venir sonner à la porte, personnellement, je finis immanquablement sous un plaid en fausse fourrure (ben oui quand même, je suis à moitié slave mais je fais quand même l'effort de ne pas me vautrer dans du vrai poil de renard argenté...!!), par me plonger, HB affûté dans le holster et gomme prête à être dégainée en urgence, dans le volume 32 de "Sudoku, Fubuki et Kakuro : vous pouvez aussi en faire la nuit..".

Et comme par enchantement ; au bout d'une demie grille force 5, le crayon de papier refuse définitivement de tracer le moindre chiffre dans ce foutu parallépipède même pas rectangle et doucement la tête finit par s'écraser mollement entre un coussin et le chat qui lui n'est pas insomniaque et qui bien entendu a choisit de finir sa nuit affalé sur vous ; et enfin de tendres rêves zen et japonisants avec cerisiers en fleurs, mont Fuji et geishas grimées à souhait et surtout Tom Watanabé en personne qui me sert le thé ; m'emportent vers l'aube d'une nouvelle journée... de folie...

Ah oui, parce qu'évidemment, c'est bien connu, un insomniaque ne dort pas non plus le jour, des fois qu'il récupère le temps perdu à tourner en rond la nuit !! Non, le vrai de vrai insomniaque est encore plus à fond les ballons la journée...

Vraiment, moi, je me fatigue moi-même !

3. Le vendredi, 17 août 2007, 14:50 par marzi

Est-ce qu'il y a un phénomène "pas assez de fatigue physique" ? Ou "trop de fatigue physique" ? Ou "trop de fatigue morale" ?
Moi, quand j'ai le problème dans ces heures la, c'est lié à des douleurs dans le dos... et donc, le lendemain, je sais qu'il faudra prendre "le cachet miracle" qui garantie la nuit suivante...

4. Le vendredi, 17 août 2007, 14:52 par Marzi

'tain, j'y pense : mérome va te tuer, bob : 40km en voiture polluante pour un cours d'aikido, des heures d'avion pour aller à tokyo... tu niques la planète !! :D

5. Le vendredi, 17 août 2007, 16:29 par Merome
Marzi : Pourquoi crois-tu que je vais le voir dimanche ? Pour le sermonner comme il se doit ! Au passage, je me suis tapé tout ton récit sur le Japon et j'ai bien aimé Bob. Ça aurait eu sa place sur le blog, si tu le souhaitais, évidemment.
6. Le vendredi, 17 août 2007, 22:14 par Etheriel

Archive... Je vois que Bob a des très bons gouts :) De leur dernier album, "Lights" est le titre que je fais tourner en boucle. J'ai toujours adoré ce groupe, exceptionnel en concert, sauf peut-etre leur tout premier album. Bon, je m'ecarte du sujet de ce billet... :)

7. Le samedi, 18 août 2007, 01:39 par Arnaud

Ah cette maudite rage de dents !

Il n'y a bien que cela pour que je n'arrive pas à dormir ;)
Mais je ne suis pas le seul. A l'heure où je vous écris, on est quand même 3 sur le blog (5 il y a 5 minutes)

8. Le samedi, 18 août 2007, 08:11 par Bob

Eh ben figurez-vous que la nuit dernière, rebelote : réveillé à quatre heures, sauf que ce coup-ci j'ai quand même fini par me rendormir (même que là je le suis encore).

Mais bon pour le coup c'est peut-être la faute aux mélanges d'hier soir (ben oui, on a un peu fait la fête après le cours d'aïki :) )

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