Le cancer du bras droit.

Un petit peu de 3615 MyLife, non pas que j'aime particulièrement m'apitoyer sur mon sort, mais écrire me permet d'extérioriser mes angoisses. En l'occurrence, ne vous attendez pas à un mélodrame, l'histoire se finit assez bien !

Tout a commencé avec une banale et annuelle visite de la médecine du travail. Le truc dont tout le monde s'accorde à dire que cela ne sert à rien. "Si je me présentais à la visite avec un bras un moins, je suis pas sûr que le médecin du travail le verrait", me disait fort justement un ami. Il faut avouer qu'il ne s'agit en général que d'un contrôle de routine très superficiel, dont le seul plaisir est de pisser dans le bocal et de s'en foutre plein les mains.
Cela se passait donc en Janvier dernier et après avoir constaté ma forme olympique et s'être ébahie devant mon corps d'athlète, le médecin m'a fait remarqué, comme si je ne le savais pas déjà, que j'avais un nombre fort important de grains de beauté de toutes tailles, de toutes formes et de toutes teintes, ce qui n'était pas un problème en soi, mais qu'il ne serait pas inutile de faire viser la chose par un spécialiste ès peau, à savoir un dermatologue.
C'était par ailleurs une idée qui était dans l'air, que d'aller me faire ausculter correctement par un spécialiste du genre, mais vous savez ce que c'est, on n'a jamais le temps alors on remet à demain ce qu'on aurait dû faire le jour-même.

Après une première visite de contrôle, rendez-vous fût pris pour enlever deux grains de beautés à titre préventif pour le 23/04, premier jour de mes congés de Pâques. La précision n'est pas anodine : si d'ordinaire mes activités quotidiennes sont réglées comme du papier à musique, et mes heures vaquées trop épisodiques, pendant les vacances, c'est la tentative de relâchement, on ne regarde pas son agenda, on fait la grasse matinée jusqu'à des neuf heure... et on se fait réveiller par un coup de fil un peu tendu : "c'est la secrétaire du dermato, vous aviez rendez-vous, vous êtes en retard".
Glups, je bredouille une excuse à la gomme en essayant de rattraper l'affaire, mais rapidement, je constate que c'est râpé, il faut remettre ça à plus tard. Et boum, ça tombe le 31 mai, plus d'un mois plus tard.

Ce jour là, c'est l'exérèse, c'est à dire l'opération qui consiste à enlever tout ce qui est indésirable, en l'occurrence un grain de beauté dans le bas du dos parce que statistiquement ce sont ceux chez l'homme qui dégénèrent le plus rapidement, et un grain de beauté sur le bras droit, parce qu'il est tout noir et que les dermato sont racistes. Quelques points de suture plus tard, je suis interdit de vae pendant quelques jours, le temps de me faire enlever les fils par mon généraliste deux semaines plus tard, et on se revoit dans un an pour contrôler tout ça.

Une semaine plus tard, c'est le drame. Le dermato laisse un message sur le répondeur (déjà, quand un docteur vous appelle, c'est pas normal !) : "Votre grain de beauté du bras droit, après analyse, il s'avère qu'il était "transformé", il faut donc en enlever un peu plus autour par sécurité et qu'on surveille ça de près, rappelez-moi que je vous explique tout ça". Je rappelle donc, et sur le coup, j'ai pas eu la présence d'esprit de poser les bonnes questions. J'obtiens un rendez-vous pour deux semaines plus tard, soit demain, à l'heure où j'écris ces lignes (mais je pense terminer l'article après cette visite).
Je raccroche, et ... je rumine. "Transformé", il a dit, le monsieur. Comment dois-je le prendre ? Une petite recherche sur le Net s'impose, avec un peu de méfiance toutefois : quand on regarde tous les symptômes des maladies les plus vilaines, on se rend compte qu'on peut facilement devenir hypocondriaque (ou valétudinaire, pour ceux qui regardent Camera Café).
Et là, je ne suis pas déçu : je tombe sur les différents stade du mélanome malin, et ses dérivés, 6 ou 7000 cas par an en France et un millier de morts sur la même période. Cool ! Une chance sur 6 ou 7 ! La roulette russe, en plus sournois, parce qu'on n'entend pas le bang.

Bon, ce soir-là, je n'ai pas bien mangé, et j'ai assez mal dormi, je l'avoue. Dès le lendemain, j'appelle mon médecin traitant pour avoir son avis sur la chose. Manque de bol, il n'a pas reçu les analyses, et ne peut donc ni me rassurer, ni m'inquiéter. Il me dit quand même une chose encourageante : "si c'était grave, vous auriez rendez-vous aujourd'hui chez le dermato". Dermato qui reste injoignable ce jour-là, ce qui me laisse dans un doute profond pendant quelques heures.
Je décide alors de ne pas me morfondre avec cette connerie et j'affronte la réalité en face. Soit, j'ai vraisemblablement chopé le cancer de la peau, j'ai l'impression de ne pas avoir mérité cela, mais c'est ainsi. Ce qui est rassurant, c'est que la science s'occupe de mon cas, et a estimé qu'un rendez-vous dans quinze jours était suffisant.
Profitant de cet instant de fatigue passagère, un sale virus gentiment rapporté de l'école par N°1 me terrasse le bide pendant une journée, et ma secrétaire avec, sans oublier la maîtresse de N°2, ce qui fait qu'on doit en plus gérer les monstres en liberté entre deux traces de pneu sur la cuvette. Des journées de parents comme on les aime.

Une semaine d'incertitude plus tard, il est temps de me faire enlever les fils par mon médecin traitant. Il me confirme d'un air grave que c'est bien un mélanome malin, autrement dit un cancer de la peau, mais que celui-ci a eu la bonne idée de ne pas franchir la barrière de la peau, en d'autres termes qu'il ne s'est pas étendu ailleurs que dans la zone qui a déjà été retirée par le dermato. Il me prescrit toutefois une analyse de sang bien complète pour vérifier que tout est ok de ce côté là. Il ajoute que je dois venir le voir à la moindre toux suspecte, au moindre truc qui cloche, pour être bien sûr que ce n'est pas grave...
Un peu stressant, mais la prise de sang faite le lendemain est totalement rassurante, ce qui me soulage grandement.

Ce matin, c'était donc à nouveau l'exérèse pour enlever un peu de peau autour de la zone concernée, par sécurité. En fait, c'est une bonne grosse balafre que je vais me taper sur le bras, j'ai été ouvert sur 5 à 6 cm et je souffre le martyr pour écrire ces quelques lignes, le bras en écharpe. Ouille.
Je m'en sors donc avec un suivi régulier chez le dermato, tous les 6 mois pendant 5 ans, puis tous les ans jusqu'à dix ans. Eviter le soleil aux heures les plus chaudes, mettre des manches longues. Surveiller ma peau et au moindre truc suspect, consulter. Je vais me taper une radio des poumons et une échographie abdomino-pelvienne pour la forme.

Histoire de ne pas finir ce blog de manière totalement égocentrée, j'en profite pour vous inviter à consulter votre dermato pour une visite de contrôle, si ce n'est déjà fait.
Si vous avez un grand nombre de grains de beauté, si vous avez pris des coups de soleil étant enfants, si vous avez des cas dans la famille, si certains grains de beauté changent de forme, de couleur, s'il y en a un qui est plus bizarre que les autres, il faut y aller, et vite. Parfois, c'est une question de mois. Déconnez pas. Mon dermato disait que leur travail de communication sur le sujet qui dure depuis des années commence seulement à porter ses fruits. Si je peux, avec mes trois lecteurs et demi, oeuvrer dans cette direction par mon modeste témoignage, j'en serais heureux.

Commentaires

1. Le samedi, 23 juin 2007, 01:07 par Stef

Cool , pendant que je joue a tes jeux , tu fais mon boulot ;)

2. Le samedi, 23 juin 2007, 08:36 par bagheera

Cool, je m'en suis déjà fait retirer deux, parce qu'ils devenaient trop gros...

3. Le samedi, 23 juin 2007, 09:57 par Merome
Cool, déjà deux commentaires qui commencent par "cool".
4. Le samedi, 23 juin 2007, 15:19 par poupounou

Bonjour, je viens de découvrir ce super blog en faisant une recherche sur les noix de lavages et j'ai "feuilleté" quelques billets plutôt riglos et suis même inscrites à Fourmis (mon mari fait lui aussi des jeux en ligne et donc par habitude je regarde toujours ceux des autre et le tians est très sympa). Mais en fait je voudrais savoir si tu es toujours aussi satisfait des noix de lavage et ce que tu utilise pour les taches difficiles et pour la lave vaisselle comment tu fait?
merci d'avance pour ta réponse. a+

5. Le samedi, 23 juin 2007, 19:51 par Filou

Cool en voilà un 4eme qui sert à rien ^^

6. Le samedi, 23 juin 2007, 22:08 par Arnaud

Cool, merome, je vais sortir mon parasol pour demain et rien que pour toi. Il parait qu'il va faire beau ;)

7. Le lundi, 2 juillet 2007, 21:48 par Buffy

J'ai également un grand nombre de grain de beauté. De tout les tailles, de toutes les formes et de vouleurs différentes.
J'en ai déjà fait enlever 4. 2 qui etaient trop gros et basé au niveau de la ceinture du jean dans le dos (don cun peu génant)
1 sur le front qui faisait qu'on me prennait pour une hindou, mais surtout très exposé au soleil. Et le dernier à la base des cheveux, lui il avait plus d'une fois morflé en étant coupé en 2 par le peigne.
J en parle pas de tout ceux mal placé : dans le coup (pas mal acec les collier et les chaines, celui en plein sur l'élastique du soutif.
Mais bon je garde à l'esprit la phrase que mon papa m'avait dit petite : tu es si belle ma chérie que tu en as partout LOL

8. Le dimanche, 29 juin 2008, 12:01 par Mushroom

Je suis tombée sur cet article en cherchant sur Google le sort qui peut nous être réservé au cas où on nous diagnostique un mélanome... En effet, je me fais enlever un grain de beauté dans une semaine, et le médecin m'a bien expliqué sur le but c'était surtout de faire "un diagnostic"... Pour ne pas me mettre martel en tête, il n'a pas évoqué ce qui advient quand le diagnostic est "mauvais".
Grâce à ton article, je le sais : c'est concret et rassurant (même si j'ai conscience que toutes les histoires de ce type ne se finissent pas aussi bien), et pour cela je voudrais te dire merci !

9. Le dimanche, 29 juin 2008, 22:00 par Merome
Et bien ça tombe bien parce que j'ai écrit l'article, entre autres, pour ça. J'espère que ton grain de beauté ne sera pas problématique. Je m'en suis fait enlever bien d'autres depuis (5 ou 6) et aucun n'avait ce caractère "malin".
10. Le dimanche, 24 août 2008, 21:58 par MISS

J'ai lu ton article et juste félicitations déjà pour l'écriture et deuxièmement pour le message que tu fais passer, je suis infirmière dans le premier service de dermatologie de France je vois des choses pas faciles tous les jours et le mélanome c'est vraiment une "saloperie"!!! faites passer le message à votre entourage !!!!!!

11. Le vendredi, 29 août 2008, 22:07 par gwen224

Bonjour,

Mon mari s'est fait retiré un mélanome de type 1 il y a un mois avec 2ème exérèse : pareil echo de l'abdomen et radio des poumons qui étaient ok mais j'ai une question : il n'a pas d'analyse de sang, que détecte t'il à l'analyse de sang ? mon mari de nature très anxieuse se trouve extrèmement fatigué depuis qqs mois, certes nous avons une vie assez stressante et pas facile, il n'a pas un bon sommeil mais forcément depuis qu'il a eu ce mélanome il doit penser que sa fatigue provient de ce cancer de la peau. Pouvez vous m'éclairer si vous savez ?

12. Le samedi, 30 août 2008, 08:38 par Merome
J'ai récemment changé de médecin traitant (pour diverses raison qui n'ont pas grand chose à voir avec le mélanome). Disant à mon nouveau médecin que je faisais une prise de sang tous les ans dans le cadre du suivi de l'évolution de la maladie, il a paru étonné et m'a demandé de quel type de prise de sang il s'agissait. Il semble que rien ne justifie une telle précaution, aucun des indicateurs fournis par la prise de sang n'étant apparemment lié à un quelconque problème dermatologique.
Mon dermato avait lui aussi paru étonné que mon médecin me prescrive une prise de sang régulière, selon lui, la systématisation de cette pratique n'est pas encouragée par l'assurance maladie, et donc les médecins qui la mettent en oeuvre risque de se faire tirer les oreilles.

Voilà, je précise que je n'y connais strictement rien en médecine et que tout cela mériterait d'être confirmé par quelqu'un qui sait. Je pense que l'analyse de sang n'est pas forcément nécessaire, mais si les symptômes de fatigue sont importants et que cela angoisse votre mari, il faut qu'il en parle à son médecin. J'ajoute que je suis moi aussi assez fatigué lorsque je me fais retirer des grains de beauté. Ça ne doit pas être tout à fait anodin pour le corps...
13. Le samedi, 29 novembre 2008, 14:12 par sylbadie

bonjour, on m'a enlevé un mélanome récemment, stade 1, exérèse de 1cm + tous les exams qui vont avec. j'ai une cicatrice de 6 cm à la cuisse. Et je me pose souvent la question...quelle chance de guérison totale ??? ma philosophie de la vie va peut-être changer... ? si il y a métastase, vais-je avoir le courage de m'engager dans tout le processus de survie ??? avez-vous des témoignages concernant l'évolution de la maladie ? merci et courage à tous.

14. Le mardi, 20 janvier 2009, 19:04 par Guest

Le mélanome en lui même n'est pas un cancer de la peau, mais à un stade avancé il provoque le cancer de la peau..

15. Le dimanche, 25 septembre 2011, 17:24 par JOCE44

Le mélanome est une saloperie de maladie très sournoise, il faut se faire examiner régulièrement par un dermato. Mon mari s'est fait enlever en 1986 un mélanome dans le dos, cela s'est bien passé. En 1996, il a fait une dermo-polymiésite (peau + muscles), qui était dû à celui-ci il a été traité à la cortisone pendant au mois un an, il s'en est bien tiré encore cette fois-ci. En mai 2009, il a fait une crise d'épilepsie et après IRM les docteurs se sont rendus compte qu'il avait deux anomalies au cerveau. Après enquête, ces anomalies provenaient de ce mélanome, il a été opéré avec succès, il a eu une séance de rayons et il s'est bien remis avec naturellement des contrôles réguliers. Il avait aussi une chimio tous les mois pendant un an, car il avait aussi des méthastases au foie et aux poumons. Depuis la toussaint 2010, son état s'est aggravé, depuis avril 2011, il a en plus un oedème autour de son mélanome qui est revenu au cerveau et qui prend de l'ampleur. Il est traité depuis le 13 juillet avec le nouveau traitement VEMURAFENIB, traitement très long environ un an et très lourd. Il est vraiment fatigué, son moral est au plus bas depuis quelques et il est hospitalisé depuis une dizaine de jours maintenant. Saloperie de maladie

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