Episode 9 : Les voyages scolaires

Revenons un instant sur ces souvenirs d'école qui prennent de plus en plus la teinte de la nostalgie. L'école, c'était bien sûr des heures et des heures interminables de classes, mais c'était aussi du temps passé avec ses camarades dans les transports. Petit récapitulatif :

La sortie scolaire

A l'école primaire, en fin d'année, c'est le voyage scolaire. Génial, on va prendre le bus avec les copains. Super, on va visiter un parc animalier avec des singes qui ressemblent à la maîtresse.
Monter dans le bus, c'est déjà l'aventure. Choisir sa place, plutôt au fond pour foutre le souk en toute impunité, ou bien se mettre devant pour guetter les gestes du chauffeur, son super siège tout suspendu, ses boutons qui clignotent pour ouvrir les portes latérales. Ne pas oser demander qu'il allume les télés.
Rapidement, l'ambiance se dégrade. Au premier vomissement d'un élève, en fait, il y a comme un froid qui s'installe, accompagné d'une odeur qui ne nous quitte plus. Ca met tout le monde d'accord. Même les accompagnatrices n'en mènent pas large. Ce sont des parents d'élève qui sont venues pas tant pour filer un coup de main à la maîtresse que pour se faire une vraie idée de l'attitude de leur rejeton avec les autres et face à l'autorité du maître ou de la maîtresse.
Une fois sur place, c'est l'anarchie. Chacun part dans son coin, les plus rêveurs ne suivent pas le groupe, les plus bordeliques non plus, mais eux le font exprès. Les adultes comptent et recomptent les enfants avec un léger stress avant de remonter dans le bus. Avec cinq francs d'argent de poche, on s'achète un souvenir hideux, une boule à neige ou un crayon publicitaire. Et on rentre de cette folle journée d'aventure plein de souvenirs qu'on oubliera dès la semaine suivante, sauf l'odeur.

Le bus du ramassage quotidien

Au collège et au lycée, c'est tous les jour qu'on prend le bus pour se rendre à l'école. Cela en perd un peu son charme. Evidemment, on tombe sur le bus le plus pourri du canton, qui nous fait honte quand on arrive à destination. On en descend en se cachant derrière son cartable.
Avant d'y monter, le matin, il y a la séance "arrêt de bus", où s'échangent les dernières nouvelles, les résumés des films de la veille, pour ceux qui ont eu la chance de pouvoir le regarder jusqu'au bout. Et puis, il y a les bisous, les parfums des filles qui vous restent jusqu'au midi imprégnés sur les joues.
Les bus, dans le temps, n'étaient pas surbaissés comme maintenant, il fallait donc stratégiquement se placer derrière les filles en jupe pour profiter de la vue pendant la montée des marches, un grand moment !
A l'intérieur du bus, les places sont attribuées. Pas officiellement bien sûr, mais c'est la loi de la jungle. Il y a d'abord ceux qui habitent à 50 bornes de l'école, ils sont montés en premier dans le bus et ont trusté les meilleures places. Les autres se sont groupés par paires, souvent du même sexe, et se sont mis au même endroit que la veille, troisième rangée, à gauche. Ceux qui montent en dernier remplissent les trous, sans véritablement choisir leur compagnon de route. A chaque arrêt, cinquante paires d'yeux reluquent ceux qui montent, le bus du matin, c'est quand même un super moment pour mater les élèves du sexe opposé, tout le monde regarde dans le même sens, on peut alors soutenir des regards plus facilement.
Les cancres recopient leur devoir à la hâte, révisent leur leçon avant l'interro, en essayant de ne pas faire attention à l'animateur d'Europe 1 qui récite l'horoscope pour la troisième fois de la matinée.
Le soir, au retour, la fatigue prend le dessus, le bus est calme. Les cancres se demandent comment ils vont annoncer leur bâche à leurs parents. La tête appuyée sur la vitre qui vibre à mort, le rêveur se dit qu'encore une fois, il n'a pas eu le courage d'engager la conversation avec la fille de sa classe dont il est tombé follement amoureux le jour où elle lui a dit ... passe-moi ta gomme.

La classe de neige

Cette fois, c'est une vraie sortie, loin des parents, loin de tout, et pendant une semaine complète. Il faut faire sa valise, ne pas prendre son doudou pour ne pas avoir l'air con dans le dortoir devant les potes, même si on sait que c'est super-dur de s'endormir sans !
Le voyage en bus est super long, et on a du mal à s'empêcher de surveiller le gosse qui avait vomi l'autre fois en maternelle, surtout qu'il est assis juste derrière.
A l'arrivée, il faut constituer les chambrées, les pires turbulents se foutent ensemble, comme ils ont déjà redoublé trois fois, ils sont bientôt majeurs. Ils ont amené de la bière et des cigarette en cachette. Les filles sont à l'étage en-dessous, pour éviter le grabuge. On prend possession de ses trois mètres carrés, on range nos affaires et on trouve au fond de notre sac le doudou que maman a finalement mis en croyant nous faire plaisir. On bourre rapidement le sac dans l'armoire en espérant que personne n'a rien vu.
Le soir, c'est l'encadrement militaire, couvre-feu à 21h30, les polochons volent jusqu'à 22h00, les toilettes ne désemplissent pas. Le pion gueule un bon coup dans le couloir qui résonne et les choses se calment, au moins en début de semaine.
Les jours suivants, on apprend que le pion retrouve la surveillante de l'étage des filles "pour discuter". Il prend part aux batailles de chambrées ce qui lui fait perdre toute crédibilité et toute autorité.
La journée, ce sont des cours lights, avec des profs qui ne pensent, eux aussi, qu'à glander... ou à fauter avec leur collègue. Les sorties ski sont écourtées parce qu'il n'y a pas de neige.
Une fin d'après midi est réservée pour sortir en ville et acheter souvenirs, cartes postales ou bouffe. Les gosses de riches sortent leur billet de 200 Francs. Les pauvres font semblant de ne pas en être jaloux. D'ailleurs, y en a un qui s'est fait piqué son portefeuille, dans son armoire. Le coupable n'a pas voulu se dénoncer, malgré le sermon des profs et le passage un à un dans une salle vide pour déposer le butin sans avouer son crime.
Au retour, c'est le bordel. Les amitiés se sont consolidées, les complicités se sont exacerbées. L'autorité en a pris un bon coup et c'est la débandade.
Les parents récupèrent leurs progénitures dans un état lamentable. Fatigués, insolents, amorphes, il faudra des semaines pour remettre tout ça en ordre !

Voilà mes souvenirs de voyages scolaires. Et les vôtres ?

Commentaires

1. Le jeudi, 17 mai 2007, 00:26 par Filou

magnifique petit récit :-) 5 minutes de bonheur intense pour des choses si banales :-)

2. Le jeudi, 17 mai 2007, 11:35 par marzi

"y'a du cul partout" (c)

3. Le jeudi, 17 mai 2007, 15:57 par Faure

"Super, on va visiter un parc animalier avec des singes qui ressemblent à la maîtresse."

Magnifiquement véridique, j'adore. gg merome (non pas gang dans wg hein lol good game)

4. Le jeudi, 17 mai 2007, 16:13 par Devolo

Héhé, et t'as oublié le fait que à la montée dans le bus , tous les jours t'essaye de t'assoir à coté de la fille la plus mignonne, évidemment ya de la concurrence alors pas évident, et pendant ce temps tu rêves qu'elle s'endorme gentiment sur ton épaule,... Ahhh le Bus:)s

5. Le samedi, 2 juin 2007, 21:47 par lenny

ah,les voyages scolaires...!c'est très bien écrit,je rigole toute seule depuis 10 min,avec aussi l'épisode des cartables...
"l'animateur d'europe 1"pour ma part,c'était RTL ! et l'inévitable horoscope,bien sûr!
et puis le coup de la vitre...jme souviens que je n'arrivais jamais à dormir avec les vibrations^^

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