Ça fait un (trop gros) bout de temps que je n'ai plus sévi par ici, alors je me remue un peu ;)

En ces temps où l'actualité n'est ni réjouissante ni même seulement intéressante, je vous propose de vous changer les idées en vous dépaysant ici et là (je n'ose plus dire à droite et à gauche, certains y verraient peut-être des allusions).

Hop, on va tirer loin vers l'ouest, au pays des Cowboys, chez les cousins Québecois. Michel Rabagliati vient de nous offrir Paul à la pêche, cinquième tome des histoires de Paul. Vous allez me dire, le titre fait un peu "Martine à la ferme", mais je crois que finalement c'est ça l'idée. La vie comme elle vient, avec les hauts et les bas, les petites joies et les gros coups durs. Derrière un dessin simple (d'aucuns diront naïf ?) en noir et blanc, on partage des tranches de vie en alternant entre acide, doux, amer, sucré... mais toujours très juste. Les albums ne sont peut-être pas très faciles à trouver près de chez vous vu que c'est un petit éditeur, mais ce sont justement ceux-là qui ont le plus besoin qu'on les aide à vivre. Faites l'effort, et vous trouverez en Paul un nouveau copain de l'autre côté de l'Atlantique.

(Ouvrez la parenthèse)

Illustration de ce que je viens de dire : l'arrêt de la collection "32" chez Futuropolis. Dirigée par le scénariste Luc Brunschwig (dont je vous ai déjà parlé), cette collection se proposait d'aborder la BD différemment, avec des parutions plus courtes mais plus fréquentes, en grands cahiers souples pas chers mais à la finition impeccable, avec plusieurs débuts de séries particulièrement prometteurs. Mais voilà, les gens voient ça et ils disent oh là là, quelle drôle d'idée, ça ne va pas rentrer dans mon étagère, bon c'est vrai que ça a l'air bien mais on verra quand ils sortiront une intégrale. Moralité, effectivement le format ne se vend pas et Futuro jette l'éponge et poursuit la parution en reliures un peu moins dérangeantes pour les petites habitudes des gens : la prophétie des lecteurs frileux s'est auto-accomplie. Malgré le dénouement pas trop malheureux (après tout, les séries ne sont pas interrompues), ça laisse un goût amer.

Le fond du truc, c'est que si vous tombez sur un album qui vous plaît, c'est lors de sa sortie qu'il faut le soutenir, parce que si il ne marche pas à ce moment-là il n'y aura peut-être jamais de suite ni d'intégrale ni rien, a fortiori si c'est chez un petit éditeur. Pour les pas-très-gros, il n'y a pas de mystère, c'est vraiment les ventes du tome 1 qui permettent au tome 2 d'exister.

(Fermez la parenthèse)

Reste que depuis sa renaissance il y a quelques mois, l'éditeur a enchaîné la parution de tellement d'albums tous meilleurs les uns que les autres que ça en frise l'indécence, avec des choses qui sortent vraiment de l'ordinaire et toujours sur des produits somptueux avec des belles reliures, du beau papier, un vrai bonheur. Bref, en partant du Québec, on fait une grande diagonale au sud-est et parmi les petits derniers, on trouve Aziyadé, un vrai petit bijou. Une mise en image par Frank Bourgeron, l'auteur d'Extrême Orient, d'un roman de Pierre Loti. À la fin du dix-neuvième siècle dans la Turquie en guerre, une belle grande histoire d'amour tragique (je sais, ils ont dit la même chose sur Bedetheque.com, c'est même pas fait exprès). Vous pouvez vous jeter dessus sans la moindre hésitation.

P.S. : retour en France, Le journal d'un remplaçant, que l'on a déjà dû évoquer par ici et originellement publié en ligne par Martin Vidberg, a enfin été édité sur papier et reçoit un succès largement mérité. Lisez-le ou je ne vous cause plus.

Commentaires

1. Le vendredi, 16 mars 2007, 08:05 par Merome

Pour une fois, tu parles d'un truc que je connais : le journal d'un remplaçant. Effectivement très bonne BD que je recommande moi aussi.

2. Le samedi, 24 mars 2007, 12:26 par Bob

Note bien que le but de la chronique est précisément de présenter des albums qu'a priori peu de gens connaissent et de susciter la curiosité des lecteurs.

C'est sûr, je pourrais aussi dire que le nouveau Bilal est paru hier, mais il se vendra très bien sans ça.

Alors que l'excellent "Holmes" par Cecil et Brunschwig, chez Futuropolis (toujours et encore), je serai content de lui ramenerne serait-ce qu'un seul lecteur de plus.

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