Pourquoi il faut s'efforcer de manger bio ?

Au risque d'enfoncer des portes ouvertes ou de me répéter, je voulais revenir un instant sur l'agriculture biologique, et son impact sur la Société.

Figurez-vous qu'il y a peu encore, j'étais convaincu que "manger bio" était une bête manie de bobos qui cherchaient une qualité nutritive et gustative dont je percevais assez mal l'intérêt. Pour tout dire, même, je trouvais ça complètement con de dépenser du pognon en plus pour gagner de façon presque imperceptible de la saveur ou du goût.

C'était mal connaître les enjeux qui se cachent derrière l'industrie agro-alimentaire, et les problèmes de pollution que cela génère.
Car avant tout, le bio, c'est une manière habile de remettre au centre des enjeux la qualité, plutôt que la rentabilité. Et ça, ça change tout. Et même, ça me fait abonder dans le sens de Nicolas Hulot qui dit que le problème environnemental est LE problème auquel il faut s'attaquer de toute urgence car sans solution à ce problème, aucune autre avancée ne pourra être faite dans les autres domaines.

Dans notre sinistre monde libéral qui vire à l'ultra-libéral, il est bien évident que le pognon est au centre de tout. Il faut reconnaître que la motivation qu'il engendre a permis une stimulation et un progrès sans précédent dans les dernières décennies. Mais force est de constater aussi que cela nous emmène aujourd'hui dans des impasses étroites et sombres. La marche arrière sera compliquée, et va ressembler à une régression pour les plus riches et les moins conscients d'entre nous.
Parmi les impasses notoires, celle de l'industrie agro-alimentaire est manifeste. L'agriculteur classique est aujourd'hui un entrepreneur, dont l'unique but, est de rentabiliser au maximum son exploitation. Ce n'est pas vraiment une critique adressée à cette catégorie de population : le monde est comme ça, point.
Rentabiliser, d'un point de vue strictement financier, c'est faire que ça pousse plus vite, et plus fort, par tous les moyens. Engrais, pesticides, sélection des espèces les plus efficaces. Et donc, les conséquences, c'est qu'on a effectivement plus de production, donc plus de bénéfices, mais aussi plus de pollution des sols, plus de traces de pesticides sur les produits, et des produits de moins en moins diversifiés voire de moins en moins riches en goût.

On peut aller encore plus loin dans le raisonnement : si l'on considère que la concurrence est mondiale, parce que le transport (polluant) est aujourd'hui subventionné, d'une certaine manière, on doit ajouter dans la colonne des inconvénients, délocalisations et ajout de conservateurs en tout genre pour permettre aux fruits et légumes du bout du monde d'arriver jusque dans nos assiettes dans un état correct.

On pourrait en rire, si ce n'était pas tragique : on va chercher en Pologne ou ailleurs des légumes qui pourraient pousser à moins d'un kilomètre de chez nous, dans de bien meilleures conditions environnementales ET sociales. Et on est persuadé, parce qu'on ne regarde que le ticket de caisse, au final, que c'est bien la meilleure solution pour tout le monde.

Donc voilà, si la qualité gustative des aliments ne vous semble pas une raison valable de passer au bio, pensez aux conséquences sociales et environnementales de vos achats. Le drame, c'est que ces conséquences sont pour l'instant quasi-invisibles, mais que lorsqu'elles deviendront visibles, il sera trop tard.

C'était le billet alarmiste du dimanche soir. Je voulais pas foirer votre week-end :)

Commentaires

1. Le lundi, 13 novembre 2006, 00:23 par Stef

Faut que j'arrete ma vodka Polonaise parcequ'elle est pas bio ? Jamais ! :)

2. Le lundi, 13 novembre 2006, 00:33 par Le Monolecte

D'un autre côté, c'est le serpent qui se mord la queue.

Toi, tu peux faire le choix de la qualité, mais le mec qui vient de se faire jeter de sa boite pour cause de concurence internationale, il n'a plus le choix pour longtemps : - 30% de revenus, dans le meilleur des cas en passant au chômage. Et 23 mois plus tard, soit une paille dans la concurence féroce pour les sous-boulot de merde, c'est passage aux minima sociaux, 440€/mois maxi, si tu as de la chance.%%%
A ce moment-là, la teneur en pesticide de ta bouffe a beau te faire chier, c'est ça ou rien!

3. Le lundi, 13 novembre 2006, 08:14 par Steh

D'un autre cote, si tous ceux qui peuvent se permettre d'acheter du bio, en achetent, ca sera deja pas mal non?

4. Le lundi, 13 novembre 2006, 08:16 par Merome
Monolecte : je sais tout ça, mais manger bio n'est pas toujours plus cher. Déjà, si on a la chance d'avoir un bout de terrain, on peut faire soi-même. Ensuite, acheter au paysan du coin directement, par le biais d'une AMAP ou autre organisation de ce type, ce n'est pas se ruiner. Toutes les semaines, je reçois ma cagette de légumes qui me revient à 6 euros environ, rien que la salade qu'il y a dedans me reviendrait 3 euros au supermarché du coin, et je ne parle pas du potiron, du chou, du persil, des navets et des cardons (introuvable en grande surface, je savais même pas que ça existait ce légume) qui l'accompagne.

Et puis surtout, mon article s'adressait avant tout aux bobos comme moi (et Renaud), qui ont les moyens de le faire, mais qui n'ont pas compris que ce n'était pas une lubie d'écologiste éberlué.
5. Le lundi, 13 novembre 2006, 08:16 par Merome
Steh : j'allais le dire... Enfin, non, je l'ai dit. Grilled :)
6. Le lundi, 13 novembre 2006, 10:58 par Bob

Monolecte : au risque de surprendre, je dirais que justement je dépense *moins* en courses d'alimentation depuis que je prends mes légumes dans une AMAP. Je ne suis pas en mesure de donner des chiffres précis, parce que je ne me suis pas amusé à faire le calcul et que de toute façon je n'ai plus de base de comparaison solide avec "avant", mais c'est une tendance que je perçois réellement dans mon budget mensuel.

Je vois à cela plusieurs raisons :

- d'une part, je fais de plus en plus mes courses "non-légumes" dans les petits supermarchés de ville, qui offrent moins de choix que la surface géante dans laquelle j'allais faire mes courses hebdomadaires avant. Du coup, je vais à l'essentiel et je n'achète plus de trucs superflus et autres conneries par lesquels on se laisse plus ou moins facilement tenter, même quand on essaye de s'en tenir à sa liste,

- ensuite, le fait d'avoir des légumes plein son frigo induit naturellement un réel changement de comportement alimentaire : je mange moins en général, et en particulier moins de fromage et de viande, qui sont des produits coûteux - ce qui me permet d'ailleurs d'en acheter aux artisans du coin plutôt qu'en supermarché : légèrement plus cher mais largement compensé par la fréquence moindre et bien meilleur,

- enfin, et c'est le point le plus fondamental, les fruits, légumes et aromates bio que j'achète ne me coûtent *pas* plus cher qu'au supermarché. Le surcoût dû à la production bio existe bel et bien mais le système d'AMAP, en éliminant les intermédiaires et leurs marges, fait que le prix final reste le même pour moi.


Je conçois volontiers que ça puisse paraître dur à croire, mais pour moi c'est une réalité : c'est moins cher, sauf que c'est meilleur.

7. Le lundi, 13 novembre 2006, 13:42 par Arnaud

Au risque d'être encore à côté du sujet (n'est ce pas merome !), j'aimerais mettre quelques bémols à ce que je viens de lire. Je ne vais pas discuter sur le fait de manger bio ou pas (je suis convaincu que bio c'est mieux).
En revanche, je vais un peu discuter sur les idées reçues que je percois dans ton propos, merome.

Tout d'abord, BIO ne veut pas dire BON ! J'ai déjà mangé des légumes bio qui étaient vraiment dégeu... A ma connaissance (j'ai cotoyé les agriculteurs, au plus près pendant plus de 10 ans !) les pesticides et autres produits chimiques ne laissent que rarement un mauvais goût aux aliments. Donc, pour manger bon, il ne faut pas se tourner forcément vers BON.

Maintenant, si on veut manger SAIN (je préfère à BIO), il va falloir changer des habitudes prises depuis plus de 50 ans (je dirais suite à la deuxième guerre mondiale). En effet, réfléchissez lorsque vous allez au supermarché, où chez l'épicier, vous allez choisir la pomme qui est la plus belle et non celle qui a une tache !
Vous saurez donc que le champignon responsable attaque les feuilles et les branches mais surtout l'apparence des fruits, mais ne donne pas de goût particulier au fruit. Simplement pour éviter que les fruits soient tachés et ne se vendent pas car nous consommateur, on ne les achèteraient pas , (il faut remettre les choses à leur place, les agriculteurs vous le diront), l'agriculteur va effectuer des traitement tous les 14 jours si tout va bien. Soit près de 8 traitements. Sur une pomme, On peut aller jusqu'à 30 traitements tout confondu. outre les produits phytosanitaires, ce qui est à mon sens le plus polluant, c'est le passage d'engin (fuel...)
Et la, j'ai pris l'exemple d'un fruit qui se conserve bien et qui pousse chez nous.
Donc avant d'acheter, réfléchissons sur l'aspect. Ce n'est pas parce que ce n'est pas BEAU que ce n'est pas BON.

Enfin, merome, où as-tu vu un jour que les agriculteurs travaillaient pour le fun. Même dans les années 30, les agriculteurs traivaillaient pour pouvoir rentabiliser leur exploitation qui était bien plus petite je le conçois. Ils ressemblaient au jardin d'idées. J'ai bien travaillé pour des agriculteurs qui cultivent des saules pour faire de la vannerie et la taille de l'exploitation est de 2 voir 3 ares. Et c'est rentable ; mais les panniers sont horriblement chers, les chinois le sont 20 fois moins ;)

En conclusion, mangez sain ! et merome, tu as encore des choses à apprendre, alors lache un peu ton ordi et je te ferai découvrir encore plein d'autre chose autre que les cardons ;)

8. Le lundi, 13 novembre 2006, 13:44 par Merome
J'ajoute un argument que j'ai lu je ne sais plus où : les légumes bio sont plus nourrissants que les ersatz de supermarché qui sont artificiellement gonflés. Après cuisson d'une tomate de supermarché, on retrouve plus que la peau, alors qu'une tomate bio va garder toute sa saveur, sa pulpe et ses valeurs nutritives par exemple.
"A poids égal, ils contiennent moins d'eau, plus de matières sèches et donc plus de vitamines et de minéraux."

Ce qui rejoint le commentaire de Bob : au final on a l'impression de manger moins.
9. Le lundi, 13 novembre 2006, 13:48 par Arnaud

Je persiste ! tout ce que tu viens de rajouter ne veut pas dire BON. Les agriculteurs Bio te diront qu'il y a aussi une chose qui rentre en ligne de compte pour que ce soit BON, c'est le savoir faire ! On ne s'improvise pas agriculteur ;)

10. Le lundi, 13 novembre 2006, 13:53 par Merome
Arnaud : Mais t'as fini de faire semblant de t'inscrire en faux alors qu'on dit la même chose ! :)
Je dis dans l'article que le côté gustatif n'est pas celui qui m'a fait changé de crèmerie.
"Pour tout dire, même, je trouvais ça complètement con de dépenser du pognon en plus pour gagner de façon presque imperceptible de la saveur ou du goût."

Pour ce qui est du travail des agriculteurs, comme celui de tous les autres métiers, il me semble que la recherche de rentabilité s'est faite au détriment de la qualité seulement dans les 30 dernières années. Ça me semble récent. Mais bon, j'y connais rien, moi, c'est toi le spécialiste.

En tout cas les cardons-béchamel-lardons, j'en ai encore mangé hier soir et bordel qu'est-ce que c'était bon !
11. Le lundi, 13 novembre 2006, 13:55 par Arnaud

merome,

Sur l'affiche, c'est bien marqué : "on produit BIO" et non pas "on produit BON" ;)

Maintenant, l'argument comme quoi Bio est souvent meilleur est vrai !

12. Le lundi, 13 novembre 2006, 14:02 par Merome
Le titre de l'article est à lire dans le sens parodique de la publicité pour les quenelles Petitjean, et pas dans le sens où je trouve que le bio est fondamentalement et de façon certain meilleur au goût que le non-bio...
13. Le lundi, 13 novembre 2006, 16:27 par Arnaud

Les cardons, tu peux aussi les remplacer par des cotes de bettes. oh excuse-moi, tu ne connais peut être pas ? ;)

14. Le lundi, 13 novembre 2006, 16:28 par Pierre

Salut,

En ce qui nous concerne, celà fait belle lurette que l'on n'achete plus nos fruits et légumes dans les grandes surfaces.
Nous privilégions les Marchés et dans tous les cas , y a pas photo quant aux prix, et en plus c'est BON!!!

A+

15. Le lundi, 13 novembre 2006, 16:45 par Bob

Alors pour le coup, par chez moi au marché central, c'est clairement plus cher et pas clairement bien meilleur.

De fait, il y reste peu de vrais maraîchers, qui viennent vendre leur propre production : ce sont plutôt de simples vendeurs, qui vont à 5 bornes de là acheter au marché de gros des caisses qui arrivent de Rungis et qui viennent ensuite revendre ça en se faisant leur marge.

Et eux non plus n'ont pas beaucoup de scrupules à vendre de la tomate du Maroc en décembre ou de la pomme du Chili...

16. Le samedi, 2 décembre 2006, 17:50 par christ'M

Notre société de consommation, nous ne permet plus de manger des choses saines, les pesticides, engrais et ogm sont une vraie calamité pour notre organisme et celà sans que nous ayons le choix, je trouve terrible de bouffer de la merd'...Aussi, mon choix c'est porté depuis des années vers une alimentation bio.
Au début, je passais pour une écolo, c'est vrai que celà est plus honéreux mais pour certains trucs, en tout cas, dés que l'on cuisine soit même , ça revient pas plus cher .
J'ai la chance d'habité un département où le mode de culture bio est trés développer et sur le marcher , on compte sept maraichés...ce qui fait que les légumes sont de 10 à 30 centimes plus chers au kilo que la distribution classique, c'est clair que le budget ne sens ressent pas.
J'ai aussi perdu mon emplois, et me retrouve depuis un an avec le rmi :( , pas cool ça!!! mais je continu d'aller à la bio-coop pour certains produits comme les pâtes, les céréales, et j'ai trouvé dans le discount leader price , la farine bio, les jus de fruits, le lait,et quelques gâteaux....ça m'aide un peu plus , la grande distribution s'y est mise aussi et les intermarchés, géants aussi font du bio, là ,je prends tout ce qui est beurre, yaourts....
En ce qui concerne la viande, là c'est plus chaud, alors ,j'ai cherché un bon boucher qui travaille avec de petits éléveurs, et puis c'est pas tout les jours qu'on mange de la viande.
Dans mon caddy, on trouve toujours le nutella, les pépitos !!;) et de temps en temps la bouteille rouge et blanche !! pour les momes !et quelques bonbons haribo , bourré de colorants !!!
je ne suis pas une bio-bio, mais je fais attention et les enfants ont aussi ce reflexe.
Manger autrement, consommer autrement...sans pour celà se marginaliser , ça c'est sympa, et puis on aime pas les MC DO !!!aller ciao !!! on n'est pas obligé de bouffer de la mouïze!!!!

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